Steve Chainel : « Les dés sont jetés »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Steve Chainel s'est rassuré. Quatre jours seulement après son abandon à Namur, lors de la sixième manche de Coupe du Monde, le sociétaire du Team Chazal-Canyon-3G Immo a pris la 21e place à Heusden-Zolder (voir classement), au cours de la septième manche de l'épreuve. Avant d'aborder la dernière ligne-droite avant le Championnat de France, il a tenu à faire le point avec DirectVelo.

DirectVelo : Que t'inspire ta course à Heusden-Zolder ?
Steve Chainel : Ça ne s'est pas mal passé ! C'est très bien. Entre 15 et 25e, c'est ma place. En général, je suis près de la 15e place quand je prends un bon départ et de la 25e quand c'est moins bien. Aujourd'hui (jeudi), je n'ai pas pris un très bon départ. Ça a beaucoup frotté. Je savais pourtant qu'il fallait que je parte bien, mais je n'ai pas pu. Je n'ai pas réussi à passer par où était passé Stybar. Sur ce circuit rapide, il ne faut pas laisser quinze secondes dans le vent. Le niveau est tellement homogène... Il fallait récupérer deux secondes par tour, ce qui est énorme. Après, j'ai fait une course de remontée assez régulière. Malheureusement, la 20e place m'a échappé sur une petite erreur technique. Je sentais que j'étais à fond. En tout cas, le bilan n'est pas si mauvais.

« SAVOIR GARDER LES CARTOUCHES D'AGRESSIVITÉ »

Quelle était la clé pour prendre un bon départ, depuis la troisième ligne ?
Stybar est parti en septième ou huitième ligne et à la fin du premier tour, il était dans les quinze premiers. Il faut savoir être agressif, mettre le coup de coude où il faut et se faufiler. Par moments, j'arrive à le faire et à d'autres moments, non. Aujourd'hui (jeudi), je n'ai pas trouvé l'ouverture. Je manquais d'agressivité, mais on ne peut pas être tous les jours mort de faim. Aujourd'hui Stybar et Haussler, qui ne courent pas tout l'hiver, ont une telle envie d'y aller qu'ils sont comme des chiens fous. Tous les autres crossmen ont encore un mois et demi de saison à faire. Les cartouches d'agressivité, il faut parfois savoir les garder.

Tu as réussi à réaliser une course de remontée à l'instar de Toon Aerts...
Toon Aerts est tombé dans le premier virage. Chaque année, il y a des chutes à cet endroit. Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas le départ moins loin. C'est un peu comme nous envoyer à l’abattoir. À part les dix premiers qui ne sont pas embêtés, derrière, c'est du grand n'importe quoi. On peut être agressif, mais on ne doit pas manquer de respect. Toon Aerts a le maillot de leader de la Coupe du Monde et il s'est fait balancer. Ce n'est pas normal. Quand il m'a doublé, je lui ai laissé la place. Il joue le classement général de la Coupe du Monde : on ne fait pas la même course. En plus, ça me permettait d'avoir un lièvre. Par moments, j'ai envie de mettre des baffes derrière la tête de certains coureurs. Ce n'est pas à la fin du premier tour que l'on fait le classement, mais c'est après une heure. Malheureusement, certains coureurs ne comprennent pas ça. Du coup, c'est ce qui fait que la course est parfois difficile pour certains et plus facile pour d'autres.

« VITE TOURNER LA PAGE »

Étais-tu inquiet après Namur ?
Il n'y avait pas d'excuses. J'ai eu très froid comme Iserbyt et beaucoup de coureurs qui ont mis le clignotant. Certains organismes sont plus ou moins faits pour le froid. Quand il fait une canicule, certains coureurs arrêtent à cause du chaud. Moi, j'adore ça. J'ai un organisme qui ne supporte pas le froid, mais par contre, je veux bien que l'on me mette 35°. C'est aussi le charme du cyclo-cross. C'est pour ça qu'à Namur, je ne me suis pas trouvé d'excuses : j'ai abandonné parce que les conditions étaient difficiles pour moi. Il fallait vite tourner la page. Aujourd'hui, c'est chose faite.

Quel sera ton programme avant le Championnat de France ?
Il y aura le cyclo-cross de Meilen le 2 janvier, le cyclo-cross UCI de Troyes le 4 janvier et ensuite, ça sera cap sur Flamanville. C'est un programme traditionnel. Les dés sont jetés. Le gros de l'entraînement est fait. Je pense qu'il va y avoir un très beau Championnat parce que le niveau en France est très bon, même s'il l'est moins que chez les Belges ou les Néerlandais. On est quand même la troisième nation mondiale.

« IL NE FAUT PAS SE CACHER »

Qui seront tes principaux adversaires pour le Championnat de France ?
Je pense qu'il y a énormément de coureurs qui vont arriver avec les dents longues. Je pense notamment à Clément Venturini, le Champion sortant. Ça serait un potentiel Top 10 mondial s'il ne faisait que du cyclo-cross. Je pense aussi à Clément Russo ou encore à Lilian Calmejane qui réalise une belle fin de saison, à Fabien Doubey, à Yan Gras qui a montré de belles choses à Namur, à David Menut, et aux frères Dubau. Je pense qu'il y a dix coureurs qui vont venir à Flamanville avec l'envie d'aller chercher le maillot.

L'objectif sera forcément de décrocher le titre ?
Comme tout le monde, je vais y aller pour décrocher le maillot. Il ne faut pas se cacher. C'est la course que tout le monde veut gagner. Tout le monde se prépare pour. C'est également mon cas. J'ai gagné une manche de Coupe de France et j'ai terminé 2e du classement général derrière David Menut. Je ne suis pas Champion de France sortant, mais je pense qu'au vu de mon classement mondial et de pas mal d'autres choses, je vais être cité parmi les favoris. C'est complètement logique. Je ne vais donc pas dire qu'un Top 5 me conviendrait. L'an passé, j'ai pris une raclée à Besançon. J'espère que cette année, ça va me réussir. À 36 ans, que je gagne ou que je ne gagne pas, ça me fait une belle jambe. Forcément, j'ai envie de courir avec le maillot l'année prochaine, mais si je remporte ce titre, ça ne changera pas la face du monde ou celle de mon équipe, au contraire d'un Yan Gras ou d'un David Menut dont l'équipe sera un Team UCI en 2020.

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