Caroline Mani : « Nul à regarder et nul à rouler »
Le treizième Championnat du Monde de cyclo-cross de Caroline Mani (lire ici) ne lui a pas porté chance. Prise dans une chute au départ puis contrainte de rouler à plat pendant un demi-tour, la Bisontine est remontée finalement à la seizième place de la course dominée par les maillots oranges (voir classement). DirectVelo a recueilli son impression à l'arrivée.
DirectVelo : Tu as eu des problèmes dès le début de course...
Caroline Mani : Je n'étais pas trop mal au départ. Mais je ne sais pas ce qu'elles ont fait... Clara Honsinger est venue s'empiler de gauche à droite. J'ai voulu l'éviter mais elle est partie en roulé-boulé (l'Américaine a été contrainte à l'abandon, NDLR). J'étais emmêlée dedans. Je me suis dit "ça recommence !". Juste après, Perrine (Clauzel) est tombée devant moi. Après ça, je suis repartie loin.
Qu'as-tu pensé du circuit de Dübendorf ?
Ce n'était pas du tout plaisant d'y rouler. Il faut arrêter les Championnats du Monde sur ce genre de circuit. C'est nul à regarder et c'est nul à rouler ! On ne prend aucun plaisir. J'étais quand même dans un jour correct. J'ai eu une crevaison de la roue avant et je ne m'en suis rendu compte qu'après le poste de dépannage. Donc en fait, j'ai fait tout le tour comme ça, avec les passerelles... C'était dangereux. Je termine malgré tout 16e donc j'avais largement le Top 10 dans les jambes. C'était un jour correct, mais je n'ai pris aucun plaisir. Tu as les fesses et tout le reste qui tape.
« CE N'EST PAS LA MÊME VIE »
À quoi penses-tu dans ces moments-là ?
J'ai essayé de faire abstraction de tout ça. Je me suis appliquée au départ. Ensuite, tu prends ton rythme, tu chasses les groupes en évitant de te mettre dans le rouge, mais tu n'avances pas. Tu ne prends pas de plaisir dans les virages, ni sur le plat. En quinze ans de carrière, je me dis que même sur les circuits régionaux, je me suis fait plus plaisir qu'ici. Je veux bien qu'ils aient eu les moyens financiers pour accueillir le Mondial, mais en Suisse il y a des beaux parcours. J'étais venue en me disant que peut-être qu'ils auraient réussi à faire un truc sympa, mais là c'est un champ de patates. Même si j'avais terminé dans les cinq premières, je n'aurais pas pris de plaisir à rouler ici.
Les Néerlandaises étaient-elles inaccessibles ?
C'est un autre niveau. Ce n'est pas la même vie. Avec Marlène (Petit), on se dit que la semaine prochaine, on retourne au boulot. Ce n'est pas leur cas. Elles vont prendre des contrats et des sous au mois de février. Nous, si on fait dix heures de vélo dans la semaine, c'est déjà une grosse semaine. Tu ne peux pas te faire vingt heures de vélo d'un seul coup alors que le reste de l'année t'en fais huit dans la semaine. Une course d'un jour, ça sourit ou ça ne sourit pas. Après, on est loin en temps aussi. Ça roulait fort. Ce n'est pas non plus une catastrophe comme résultat. J'ai donné ce que j'avais aujourd'hui (samedi). Vu les circonstances, je pense que finalement ce qu'on fait n'est pas si mal.