Damien Martin : « On ne pourra pas faire de miracles »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Période délicate pour tous les corps de métier dans le monde du sport. Speaker sur les routes de Paris-Nice tout au long de cette semaine, Damien Martin a - lui aussi - connu une drôle de « course au soleil » de Plaisir à Valdeblore-la-Colmiane. Surtout, le Breton a conscience qu’il ne devrait plus pouvoir exercer son métier avant de longues semaines. De quoi se poser des questions et chercher des Plans B, si tant est que ce soit possible. Entretien.

DirectVelo : Comment as-tu vécu ce Paris-Nice en tant que speaker ?
Damien Martin : C’était forcément particulier. Le matin, on travaillait pratiquement à huis clos, en quelque sorte. Ce n’était pas un huis clos complet puisque le public était autorisé à 100 mètres du départ, même si les conditions se sont encore corsées en fin de semaine, ce qui était assez logique. On a tâché de faire notre travail au mieux, il le fallait. Franchement, je n’ai pas senti de malaise durant la semaine, ni au niveau de l’organisation, ni au niveau du peloton. Je crois que tout le monde était content d’être là et de pouvoir participer à cet événement.

N’as-tu pas eu l’impression de parfois parler dans le vide, en quelque sorte ?
C’était spécial. L’après-midi, dans la zone d’arrivée, j’étais en cabine donc je faisais moins attention à ce qu’il se passait dehors, avec ces places vides en face du podium protocolaire. Le matin, c’était très particulier, oui… Ce qui m’a le plus marqué cette semaine, c’était le protocole. Généralement, c’est toujours un moment assez solennel et sympa, où l’idée est de faire acclamer les champions. Mais là, on ne pouvait même pas proposer d’applaudir les coureurs…

Ce Paris-Nice marquait ta dernière activité avant une date encore inconnue. Es-tu inquiet ou parviens-tu à relativiser ?
On est obligé de relativiser. De toute façon, on n’a aucune emprise sur ce qu’il est en train de se passer. Je ne suis pas le seul dans ce cas. Mais c’est clair que dans l’événementiel, ça va être super compliqué dans les prochaines semaines, voire les prochains mois. Il y aura un manque à gagner. Mais je veux aussi penser à tous les autres corps de métier puisque tout le monde est impacté. Surtout, pour certains, le problème est bien plus grave que ne pas avoir d’activité temporairement. Il y a des gens qui meurent. On va donc résister et espérer que ça passe le plus vite possible.

« JE NE ME FAIS PAS BEAUCOUP D’ILLUSIONS »

De quelles courses vas-tu être privé dans les prochaines semaines ?
Je devais couvrir la Bernaudeau Junior, le Tour de Normandie, la Route Adélie de Vitré, la Roue tourangelle, le Circuit du Mené… Même pour Paris-Roubaix, la question d’une annulation se pose sérieusement. Sans parler des Ardennaises. Tout ça va laisser un gros vide dans le calendrier.

On imagine que pour toi, des reports seraient bien plus souhaitables que de véritables annulations…
C’est sûr que ce serait mieux, mais je ne me fais pas beaucoup d’illusions. On ne pourra pas faire de miracles. Il y aura beaucoup plus d’annulations que de reports, je pense. De toute façon, que peut-on y faire ? On va patienter et essayer de trouver d’autres plans. On est dans le flou le plus total. Je vais rentrer à la maison et prendre le temps d’étudier tout ça.

Beaucoup de coureurs ont déclaré être heureux d’avoir “au moins” pu participer à Paris-Nice avant cette coupure à la durée indéterminée…
Oui, c’est la même chose pour moi. Avoir pu faire Paris-Nice pendant une semaine, c’est toujours ça de pris contrairement à d’autres. C’était sympa, on y a pris du plaisir malgré le contexte. Encore une fois, je n’y ai pas senti de malaise et, au contraire, on a profité du moment présent.

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