Grégoire Salmon : « Il faut se faire une raison »
C’était il y a un an, lors de la précédente trêve hivernale : “Si je veux passer pro, je dois montrer mes capacités. C’est l’année ou jamais. J’espère réaliser une grosse saison et ne pas avoir de regrets” (lire ici). Grégoire Salmon n’a pas changé d’opinion depuis. Ainsi, suite à une saison 2020 bien plus discrète que la précédente, le Calvadosien a fait le point sur sa carrière cycliste. “Je vais avoir 24 ans, il faut se faire une raison. Quand je vois le niveau des gars en face de moi… 2020 était clairement une année charnière pour moi. J’avais des ambitions, j’avais mis beaucoup de choses en place l’hiver dernier. Je n’ai jamais passé autant d’heures sur le vélo. Et la covid n’est pas une excuse. J’ai eu le temps de m’exprimer cet été, il y a eu pas mal de courses. Mais j’ai bien vu que je n’aurai pas le niveau espéré dans le futur. L’objectif de passer pro s’éloigne, voire disparaît”.
Surtout, Grégoire Salmon a profité de la période sans compétitions, durant le premier confinement, pour se lancer à mi-temps chez Decathlon. Un véritable révélateur. “L’idée était de voir s’il était possible de combiner cyclisme et boulot. Mais je me suis vite rendu compte que le fait de bosser joue pas mal sur les performances. Ce n’est pas vraiment possible si on veut viser de gros résultats. Mais je ne me voyais pas de tout miser uniquement sur le vélo encore une année de plus”, explique pour DirectVelo celui qui préfère penser à son avenir professionnel. “J’ai le sentiment d’être arrivé au bout, au maximum de mes capacités physiques. Peut-être que je le regretterai dans cinq ans, mais ça m’étonnerait beaucoup. Je veux travailler, c’est plus sage”.
« C’EST UNE DÉCISION QUI ÉTAIT DIFFICILE À PRENDRE »
2e d’étape sur l’Essor breton, 4e d’étape sur le Tour de la Manche, 5e du Tour de Loire-Atlantique, des Boucles de la Loire et du Tour du pays de Lesneven pour un total de quatorze Top 10 en 2019, le Normand n’a pas décroché le moindre Top 15 cette saison. “Il faut être honnête. Dans ces conditions, en bossant à côté, il n’était pas raisonnable de rester en N1 avec Sojasun. C’est une décision qui était difficile à prendre car forcément, c’est un peu une sorte d’échec. Je voulais passer pro. Mais ce n’est pas possible”. Voir des garçons comme Maël Guégan ou Florian Dauphin ne pas avoir de contacts avec des structures professionnelles a fini de le convaincre. “Flo a fait une fin de saison monstrueuse et malgré ça, il n’a pas eu le moindre appel. Je me demande ce qu’il faudrait faire pour passer au-dessus… J’en suis très loin, ce n’est pas la peine d’insister”, ajoute-t-il.
Grégoire Salmon ne va pas arrêter le cyclisme pour autant. C’est plutôt un retour aux sources qui l’attend en 2021, du côté de l’ES Torigni, en N2, un club pour lequel il évoluait déjà avant de rejoindre Sojasun espoir-ACNC. Un club proche de la maison, aussi, lui qui réside à Caen. “J’aime le vélo et je ne compte pas arrêter comme ça. Je continuerai de me faire plaisir en prenant le vélo uniquement comme une passion, et pas comme quelque chose de contraignant. Ce sera sans le sentiment d’être dans l’obligation d’aller chercher quelque chose au bout”.