Classique des Alpes : À chacun sa méthode de sélection
Les comités régionaux n’ont pas de pétrole mais ils ont des idées. “On est comme les autres, on s’est arraché les cheveux”, reconnaît David Louvet, le Conseiller Technique Sportif de Normandie, auprès de DirectVelo. Ce samedi, leurs Juniors participeront à la Classique des Alpes. La manche de Coupe de France, inscrite au calendrier international, est la première épreuve hexagonale de ce niveau-là qui réunira uniquement des Juniors en 2021. Certains, comme Romain Grégoire, Pierre Gautherat ou Eddy Le Huitouze, n’ont pas attendu ce rendez-vous pour se mettre en évidence (voir le Challenge MorphoLogics). Si leur présence ce week-end est évidente, il a fallu se creuser les méninges pour trouver des solutions pour retenir sept garçons par équipes au départ de Ruy-Montceau (Isère).
« LAISSER LA CHANCE À UN MAXIMUM DE COUREURS »
Alors comment faire ? Avec une saison 2020 tronquée et aucune épreuve fédérale Juniors en 2021, difficile pour un CTS de connaître tous les coureurs de son propre comité. Pour ne pas passer à côté d’un éventuel bon coup, il a tout d’abord fallu lancer un appel à candidatures. Et là, chacun a fait différemment. La Bourgogne-Franche-Comté a profité de sa proximité géographique pour convier les candidats pour une sortie sur le parcours de la Classique des Alpes. En Nouvelle-Aquitaine, François Trarieux a activé son réseau après avoir reçu une quarantaine de candidatures - avec CV - après une annonce pour chercher des candidats. “Nous sommes une grande région, il y a des coureurs que je connaissais à peine. Je me suis appuyé sur Frédéric Mainguenaud pour le Poitou-Charentes, sur Maxime Médérel pour le Limousin, sur Gilles Canouet, Gilles Zech et Stéphane Augé pour l’Aquitaine. Ce sont des éducateurs qui connaissent bien les jeunes de leur coin”. Et le CTR en a retenu la moitié pour une journée dans les Pyrénées.
Pour la Normandie, tout a commencé sur la plateforme Kinomap. 38 coureurs ont simulé un effort d’une trentaine de minutes sur les pentes du col de la Colombière. À l’issue de ça, David Louvet a invité neuf coureurs pour une sortie permettant de désigner les derniers élus. Pour le Grand Est, la sélection s’est là aussi faite en plusieurs temps. “Un collectif s’est dégagé sur les courses, il y a pu en avoir un peu dans la région, indique Julien Xiberras. Mais tous les coureurs n’étaient pas prioritaires. On voulait donc laisser la chance à un maximum de garçons”. Ils ont donc été réunis le 8 mai à un test qui servait aussi de support à la détection pour le Pôle Espoirs. Les coureurs ont monté un col autour de Colmar (Haut-Rhin). “Ça nous a permis d’ajuster des choses et de partir sur un collectif de dix coureurs”. Autre plan, en Bretagne, certains ont gagné leur sélection sur l’épreuve régionale de Lanfains (Côtes d’Armor), disputée dimanche dernier.
« REPRODUIRE CE TYPE D'ACTIONS »
Les coureurs de Nouvelle-Aquitaine se sont retrouvés à Nay (Pyrénées-Atlantiques). François Trarieux avait demandé à Stéphane Augé de dessiner un parcours avec un dénivelé positif proche de celui de la Classique des Alpes. Après avoir monté le col Marie-Blanque en groupe, les candidats ont escaladé l’Aubisque, dans le brouillard, en format compétition. “J’avais décidé de retenir les six meilleurs en haut de l’Aubisque (Grégory Pouvreault était déjà certain d'être retenu, NDLR). Les trois premiers arrivent ensemble : Marin Pasturel, qui était parti seul au pied, Lenaïc Langella et Quentin Lloret”, détaille François Trarieux. Son homologue Emilian Broë a lui libéré la trentaine de coureurs de Bourgogne-Franche-Comté venus sur le parcours de la Classique des Alpes au pied du Mont du Chat, le juge de Paix de l’épreuve Juniors. “En haut, j’ai pu voir la hiérarchie sur les qualités de grimpeur”. Sans surprise, c’est Lenny Martinez qui est arrivé en tête. Mais le CTS a lui accordé une importance particulière aux descentes, qui pour beaucoup sont très importantes sur l'épreuve disputée dans le massif du... Jura. “J’ai pris en compte ce que j’ai pu voir tout au long de la journée : la gestion de l’effort, le pilotage des mecs… Les descentes sont importantes sur cette course. J’ai demandé à Romain Grégoire qui la connaissait de faire la descente du Chat devant, en s’appliquant sur le pilotage. Il ne fallait pas non plus prendre de risques sur route ouverte. Mais j’ai pu voir ainsi qui était à l’aise, il y a des signes qui ne trompent pas”. Et comment faire une sélection pour la Classique des Alpes... sans montagne ? “Nous avons regroupé neuf coureurs samedi dernier, sur une sortie de 3h30 qui s’est finie par un chrono, fait savoir le Normand David Louvet. Nous n’avons pas de cols mais des côtes souvent pentues, même si elles ne sont pas longues. On a choisi un lieu central, la vallée d’Auge. On aurait pu aller en Suisse normande mais ce n’était pas à côté pour les ex-Hauts-Normands”. Et lui aussi a regardé les qualités de descendeur pour finaliser sa sélection.
Au-delà de la Classique des Alpes, les CTR voient déjà plus loin. “On réfléchit à reproduire ce type d’actions les saisons prochaines durant les vacances de Pâques en complément du calendrier de course auquel on ne peut déroger, prévient François Trarieux. Le Comité ayant été retenu au Valromey, cela a permis de faire un état des lieux des meilleurs grimpeurs de la région”. "Ça a permis de découvrir des J1, c’est intéressant”, dit David Louvet. Le Grand Est a profité de l’occasion pour faire un stage du 12 au 16 mai, pour reconnaître l’épreuve mais aussi bouffer du col aux côtés de membres d’AG2R Citroën U19. “C’était aussi pour préparer la suite de la saison. Nous avons deux-trois grimpeurs et autant de rouleurs-sprinteurs qui auront le 5 juin la Coupe de France sur piste. Un coureur comme Thibault Walliang ne fera pas la Classique car ce n’est pas compatible”. Au plus grand bonheur de tous, la saison semble enfin repartie.