Arnaud De Lie : « Il faudra que j'en parle à mon père »
Le week-end dernier, Arnaud De Lie a terminé la saison comme il l'a commencée, à savoir en beauté, en s'adjugeant une étape, le général du H4A Beloftenweekend et des U23 Road Series. Le vainqueur du Challenge Verge - DirectVelo Belgique fait le bilan de sa saison pour DirectVelo et se projette également sur ses débuts professionnels en 2022 en WorldTour.
DirectVelo : Quelle saison pour toi ! Tu as été régulier tout au long de l'année 2021 mais Stan Van Tricht et Thibau Nys t'ont longtemps tenu tête (cliquez ici).
Arnaud De Lie : Stan Van Tricht a pris beaucoup de points au Tour de Rhodes en mars alors que nous étions toujours sans course. Thibau Nys a également fait un été de dingue. J'ai pu faire la différence en fin de saison à partir de l'Omloop Het Nieuwsblad Espoirs. J'ai enchainé avec le Tour de Bohème du Sud qui a fait du bien d'un point de vue mathématique. C'est bien de remporter le classement car ça montre vraiment ta constance sur une saison.
Comment analyses-tu ta saison ?
Forcément, je suis content. Je ne voulais pas passer chez les pros sans avoir gagné en Espoirs. Au final, je remporte dix courses dont cinq au niveau UCI. J'ai directement été dans le coup. Dès la première course, je fais trois à la kermesse pro de Rotselaar au milieu des pros, ça met en confiance. Je gagne la première manche des U23 Road Series à Bassenge. Après la coupure au mois de juillet, je prends deux étapes au Tour Alsace. J'ai fini très fort en enchainant un succès à l'Omloop Het Nieuwsblad Espoirs, une étape et le général au Tour de Bohème du Sud. Après une période négative suite à mon abandon au Championnat du Monde et le décès de mon grand-père, j'en claque encore une au Circuit des Ardennes avant de terminer en force avec le H4A Beloftenweekend et le général des U23 Road Series.
Le Championnat du Monde Espoirs, ta grosse déception de la saison.
La plus grosse de ma vie. Je me rappelle encore de l'Allemand qui m'est rentré dedans. Avant le circuit flandrien, je n'ai vu aucun de mes coéquipiers. J'étais à l'avant du peloton toute la course, mais les grosses nations ne te calculent pas quand elles arrivent en bloc. Tu as moins de chances de tomber quand tu roules en groupe. Nous avons reproduit le schéma du Tour de l'Avenir, sans véritable collectif et automatismes. J'avais de bonnes jambes ce jour-là. Si je bascule avec le groupe de tête avec les onze coureurs, c'est une autre course. Florian Vermeersch ne doit plus rouler et avec ma pointe de vitesse, peut-être que... Mais bon avec des si... J'ai également des petits regrets du Tour d'Italie Espoirs et le Tour de l'Avenir où je n'arrive pas à enlever une étape. En Italie, le peloton a laissé trop de libertés aux échappées. Au Tour de l'Avenir, nous manquions de repères, mais la fois où je fais 2, Marijn van den Berg était plus fort.
À LA FERME AVANT D'ALLER SUR UNE COURSE
Il t'arrive de travailler à la ferme de tes parents à Vaux-sur-Sûre avant d'aller sur une course. C'était le cas avant ta victoire à l'Omloop Het Nieuwsblad Espoirs (lire ici), et ça l'était également avant le H4A Beloftenweekend de la semaine dernière.
Le vendredi, je me suis levé à 6h15 alors que j'aurais pu me lever à 7h40. Je suis rentré à la maison à 8h10 et nous sommes partis à 8h40. Je trais principalement les vaches. Je fais ça depuis longtemps. Déjà à quatre ans, j'allais les chercher dans les champs.
Un travail que tu ne pourras plus exercer en 2022 puisque tu seras dans le WorldTour dans la maison-mère Lotto-Soudal.
Il faudra que j'en parle à mon père. Mon directeur sportif Maxime Monfort a déjà eu une conversation à ce sujet l'année dernière. Nous avons déjà diminué la masse de travail. Mais quand tu as un père qui donne beaucoup pour toi, ça doit être du donnant-donnant.
À quoi va ressembler ta préparation hivernale ?
Je fais une coupure de trois semaines sans vélo. C'est important mentalement. Je vais aller courir, chose que je fais déjà quasiment chaque semaine et puis, il y aura la ferme. Je reprends le 22 novembre. À la mi-décembre, je pars une première fois en stage. En janvier, il y aura le deuxième stage avant ma première course de la saison au Tour de San Juan (23-30 janvier). Ce sera une sacrée expérience à mon avis, mais j'aurai le temps pour récupérer du décalage horaire car ma deuxième course est seulement prévue au Tour des Alpes-Maritimes et du Var (18-20 février).
DEUXIÈME SPRINTEUR DE LA WORLDTEAM EN 2022
Avec les départs de John Degenkolb et de Gerben Thijssen, te voilà propulsé deuxième sprinteur de la WorldTeam la saison prochaine.
Oui mais ils ont clairement dit de ne pas me mettre de pression. Jasper De Buyst, Roger Kluge, Michael Schwarzmann et Rudiger Selig seront au service de Caleb Ewan. Ils m'ont concocté un programme sympa car j'aurai la chance de faire deux ou trois belles courses flamandes comme Kuurne-Bruxelles-Kuurne, le GP Samyn, la Nokere Koerse ou la Bredene Koksijde Classic. Ensuite, nous verrons bien comment je vais digérer ces premières échéances.
Caleb Ewan aura donc son train et toi, qui va t'emmener ?
Personne. Je n'ai pas vraiment besoin de coureurs pour lancer le sprint. Le plus important est d'avoir des coéquipiers qui te protègent en course, qui t'évitent de boucher des trous toi-même. Si je suis bien déposé au kilomètre, je peux ensuite me débrouiller tout seul. C'est ce que j'ai souvent fait chez Lotto-Soudal DT en 2021, mais j'ai bien conscience que ce ne sera pas facile tous les jours. Les défaites font partie de l'apprentissage. Je veux simplement continuer à évoluer de façon linéaire comme c'est le cas depuis que j'ai débuté le cyclisme.
À quel point as-tu été courtisé ?
Dès le début de la saison, j'ai reçu un appel d'un manager qui voulait me mettre en contact avec trois grosses équipes, dont Deceuninck-Quick Step, mais je n'aimais pas trop cette façon de faire. Je préfère les contacts directs même si en soi, ce manager ne faisait que son travail. Patrick Lefevere était apparemment intéressé mais je lui ai envoyé un message personnel sur Instagram en lui disant que ça ne servait à rien qu'il perde son temps. Dès ce moment-là, j'ai dit à Maxime Monfort et John Lelangue que je voulais signer rapidement pour avoir l'esprit tranquille.