Auber 93 : Élodie Le Bail assure, Océane Goergen rassure

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

L’air de rien, le Bloeizone Fryslân Tour, une épreuve de Classe 1 disputée sur trois jours aux Pays-Bas, a donné confiance et enthousiasme à la formation St-Michel Auber 93 (voir classements). Déjà 4e en Turquie pour la rentrée des classes, Élodie Le Bail a terminé coup sur coup 7e puis surtout 3e des deux étapes en ligne de l’épreuve. L’occasion d’offrir un premier podium à la structure francilienne féminine, le jour même où les hommes accrochaient également leur premier podium grâce à Jason Tesson, 3e lui aussi sur le Grand Prix de Lillers, dimanche dernier (lire ici).

“On a fait de bonnes courses. La rentrée en Turquie, la participation au Samyn puis le Bloeizone ont fait du bien à toute l’équipe. J’avais déjà fait un podium sur une course similaire (3e en Espagne, à Valence, l’an passé, NDLR) donc je savais que j’en étais capable. Mais on ne s’y attendait quand même pas. Au départ, on visait un Top 10. Je suis agréablement surprise”, relate Élodie Le Bail pour DirectVelo. Petit à petit, la structure Continentale trouve ses repères. Le stage de pré-saison avait permis au groupe de travailler le lancement des sprints avec la création d’un train bien spécifique. Dans le rôle de la sprinteuse N°1 : Élodie Le Bail. Dans celui des dernières lanceuses, Margot Pompanon et Barbara Fonseca. Je suis aussi venue dans cette équipe pour assumer des responsabilités. Les premières courses ont montré qu’on est dans le vrai. Il faut continuer”, se réjouit l’ancienne sociétaire du Stade Rochelais Charente-Maritime.

OCÉANE GOERGEN EN JOKER

Dans la ville de Drachten, tout au nord des Pays-Bas, Élodie Le Bail a donc pris la troisième place d’un sprint lors duquel tout n’a pourtant pas été parfait. “Déjà, j’ai dû changer de vélo à quinze bornes de l’arrivée. L’équipe a bien géré la situation et m’a parfaitement ramenée devant. Puis on a tenté de faire le meilleur train possible. Les filles ont bien frotté, elles m’ont mise dans les meilleures conditions possibles. Mais je me suis fait un peu enfermer, c’est dommage car j’aime ces sprints longs qui se jouent tout en puissance. Je sens qu’il est possible de faire encore mieux. On peut toujours s’améliorer. En tout cas, c’est un résultat qui conforte et rassure tout le groupe”.

Pendant que l’athlète de 31 ans décrochait ce podium, sa toute jeune coéquipière Océane Goergen - notre photo - allait elle aussi arracher un Top 10 sur cette même étape. Le tout sans avoir contribué au lancement du sprint pour Élodie Le Bail. Mais pourquoi ? On m’a dit de prendre le train, de me mettre derrière Élodie et de faire mon propre sprint. J’étais une sorte de joker, répond la principale intéressée. Je l’ai perdue dans le dernier virage puis la porte ne s’est jamais ouverte. Mais je suis quand même contente de faire 8e sur une course UCI. Et d’un autre côté, je suis déçue car je me dis qu’il était possible de faire encore mieux. Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir fait ce sprint à bloc, comme j’ai été enfermée. Il y a encore plein de choses à revoir mais ça prouve que je peux sprinter et que j’ai une belle marge de progression”.

DEUX ANNÉES LOIN DU HAUT-NIVEAU

Avec cet accessit, la Francilienne de 19 ans s’est prouvée qu’elle était capable de belles choses. Et surtout, elle a rassuré son staff et l’ensemble d’une équipe qui a tenu à lui faire confiance en la conservant dans le groupe pour 2022. “Depuis deux ans, je n’avais pas fait de grosses courses… Je ne disputais que des « courses de quartier ». Même le Championnat de France… Je n’y avais pas été. Franchement, je ne savais pas à quoi m’attendre en ce début de saison. J’avais peur de prendre une raclée. Mais finalement, ça se passe bien”.

Océane Goergen le concède sans langue de bois : elle n’est pas une grande fan de l’entraînement. Ces dernières saisons, elle ne s’est ainsi clairement pas donné les moyens de réussir. Avec le passage de l’équipe au niveau UCI cet hiver, la jeune femme aurait pu prendre la porte mais la directrice sportive, Charlotte Bravard, a tenu à lui laisser “une dernière chance”. Un vrai électrochoc. J’ai été surprise de cette décision mais ça m’a mis un bon coup de boost. Je me dis que c’est l’année ou jamais pour voir de quoi je suis capable. Si ça ne marche pas, j’arrêterai sûrement le vélo mais les premières courses de la saison sont encourageantes. Je manque encore d’expérience, je suis la plus jeune de l’équipe, mais je vais me donner à fond pour montrer qu’on a eu raison de me prolonger”.

UN CALENDRIER LÉGER AVANT PARIS-ROUBAIX

Son environnement personnel devrait aussi l’aider en ce sens. “J’ai toujours eu dû mal à me motiver. Mais depuis que j’ai un copain qui est aussi cycliste, j’ai réussi à m’y mettre plus sérieusement. Il me motive et j’ai trouvé un bon rythme”. Son résultat en terres néerlandaises lui prouve également que rien n’est dû au hasard et peut lui laisser entrevoir de belles perspectives. Je ne pensais pas vraiment faire un Top 10. La veille, j’avais pété dans le final et surtout, je n’avais pas beaucoup de repères. Au Samyn non plus, je n’avais pas les jambes. Et finalement, j’ai vu que c’était possible”. Océane Goergen le sait, elle revient de loin. D’ailleurs, son rôle de « joker »  aux Pays-Bas n’était pas anodin. “Au stage, je sautais du train… Je n’avais pas du tout la condition physique… Alors je pense qu’en course, le staff ne voulait pas prendre le risque de me mettre dans le train. Mais peut-être que mon rôle va changer si je confirme ce résultat lors des prochaines courses”.

Avec la confirmation de la très bonne condition d’Élodie Le Bail, et une Océane Goergen qui semble (enfin) prête à passer un cap, l’équipe St-Michel-Auber 93 peut se montrer ambitieuse pour les semaines à venir. En espérant avoir un calendrier attrayant. “On n’aura que les Boucles de Seine-et-Marne et les Boucles Guégonnaises sur le prochain mois”, regrette Élodie Le Bail. Au niveau international, le Grand Prix de l’Escaut sera la seule véritable épreuve de préparation avant Paris-Roubaix. Une frustration pour la leader de l’équipe. “C’est léger, mais on fera avec”.

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