Yevgeniy Fedorov avec force et expérience
Sur la ligne de départ du Championnat du Monde Espoirs, Yevgeniy Fedorov faisait clairement partie des coureurs les plus expérimentés de l’épreuve. De par son âge, tout d’abord. Au milieu des 132 coureurs présents sur la compétition, seuls deux sont nés avant le Kazakh, qui aura 23 ans en février prochain. Sportivement parlant, ensuite. Le grand gaillard de 1m93 - pour 80 kg à son poids de forme - est sur le point de mettre un terme à sa deuxième saison dans le WorldTour, chez Astana. Cette saison, il a notamment disputé Paris-Nice, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, la Flèche Wallonne, le Tour de Suisse ou encore le Tour de Pologne. Et il vient, aussi et surtout, de boucler son premier Grand Tour, sur la Vuelta, juste avant de se rendre en Australie. Un vrai avantage pour un garçon qui gagnait déjà une étape du Tour de Langkawi (2.Pro) et du Tour du Rwanda (2.1) lors de la saison 2020.
Fort de cette expérience du plus haut niveau mondial et d’une grosse force physique développée grâce à un calendrier très riche ces 24 derniers mois, Yevgeniy Fedorov a décidé de faire le bond sur le groupe de tête à quelque 20 kilomètres de l’arrivée, ce vendredi, sur le circuit de Wollongong, en Australie. Le tout sur une chaussée détrempée qui ne risquait pas d’effrayer le Kazakh. “Ce n’est jamais facile de courir avec une météo comme ça quand il pleut dès le départ parce que tout le monde veut être bien placé, ça se bagarre et c’est glissant. Mais ce n’était pas un problème pour moi. Après tout, c’était pareil pour tout le monde dans le peloton”, résumait-il en quelques mots en conférence de presse, dans sa langue natale, avec l’appui d’une traductrice pour l’ensemble de la presse internationale.
TAILLÉ POUR LES FLANDRIENNES
À quinze bornes de l’arrivée, Yevgeniy Fedorov a rejoint les derniers rescapés de la longue échappée du jour, parmi lesquels le Breton Mathis Le Berre, alors à bout de souffle et plus en mesure de passer de gros relais (lire ici). Puis il s’est isolé avec le Tchèque Mathias Vacek, déjà vice-Champion d’Europe sur route cet été, à Anadia (Portugal) et actuellement stagiaire chez Trek-Segafredo. Les deux hommes sont parvenus à résister au retour du premier peloton jusqu’au bout et se sont disputés le maillot arc-en-ciel au sprint. “J’ai décidé de lancer le sprint moi-même, aux 300 mètres, parce que je sentais que c’était le bon moment pour y aller. Surtout, je me sentais le plus fort”, explique le lauréat, pour qui ce choix s’est donc avéré judicieux (voir classement).
Quelques minutes après s’être vu remettre la médaille d’or et le maillot irisé, le Champion d’Asie du contre-la-montre en titre et Champion du Kazakhstan Élites sur route 2021 avait tout de même du mal à réaliser. “Pour le moment, je ne sais pas trop quoi penser… Je ne réalise pas, sûrement parce que je suis très fatigué. Mais c’est évidemment super de décrocher le titre sur le Championnat du Monde Espoirs pour ma dernière année dans la catégorie d’âge. Je crois que je réaliserai dans quelques jours”. Et lorsqu’on l’interroge sur ses objectifs pour 2023, avec ce nouveau statut de Champion du Monde à confirmer, il cible un type de courses en particulier. “Je devrais participer à mon deuxième Grand Tour, après avoir fait le Tour d’Espagne cette année, et j’espère bien gagner des courses. Je pense surtout aux courses d’un jour en Belgique. Elles me conviennent parfaitement”. Le Kazakh ne garde pas que de bons souvenirs des Flandriennes, jusqu’à présent, lui qui avait été disqualifié dans la première heure de course de son premier Tour des Flandres, en 2021, pour s’être accroché avec Otto Vergaerde en début d’épreuve et avoir manqué de provoquer volontairement la chute du Belge. Charge à lui, désormais, de faire parler de sa personne de façon plus favorable dans les années à venir sur ces Classiques qu'il aime tant. Et avec ce qu’il a démontré sur ce Mondial Espoirs, il peut l'ambitionner.