Fait rare devant le stade Vélodrome, ce n’est pas un groupe qui s’est joué la victoire au sprint, mais c’est un homme seul, vêtu de rose, qui a piégé tout le monde et s’est ainsi imposé en solitaire. Ce dimanche, Neilson Powless s’est extirpé d’un groupe de costauds - alors qu'il était le seul représentant de sa formation à l'avant - pour ensuite faire défiler les secondes à son avantage jusqu’aux derniers hectomètres (voir classement). Le coureur d’EF Education-EasyPost commence 2023 comme il a terminé 2022, lui qui s’était imposé lors de la Japan Cup. Simplement "heureux" sur le vélo, l’ancien vainqueur de la Clasica San Sebastian est revenu avec DirectVelo sur cette journée dans la région provençale. 

DirectVelo : Comment t’es-tu retrouvé à triompher en solitaire ?
Neilson Powless : Une première stratégie était de jouer la carte de Marijn (van den Berg) en le lançant au sprint dans le cas d’une arrivée groupée. Une autre stratégie était d’aller dans un groupe, comme je l’ai fait. En regardant la situation de plus près, Marijn et le staff m’ont dit de continuer mon effort parce que j’avais pas mal d’avance sur les autres. Je les remercie de m’avoir donné la liberté de faire ça. Je suis ravi d’avoir pu terminer de cette façon.

Tu étais seul contre tous dans ce groupe de tête...
On aurait aimé avoir un coureur de plus dans le groupe parce que j’étais seul et d’autres équipes avaient plusieurs coureurs. C’est difficile de se battre face à plusieurs coureurs de la même équipe. L’entente dans le groupe n’était pas super. Tout le monde voulait tenter sa chance. Je savais que j’allais devoir attaquer pour réduire le groupe. Finalement, j’ai réussi à creuser l’écart juste avant la dernière difficulté. Je roulais fort parce que je voulais qu’on creuse l’écart avec le peloton mais je ne pensais pas prendre du temps sur le reste du groupe. J’avais prévu d’attaquer dans la montée finale mais quand je me suis rendu compte qu’ils me laissaient partir, j’ai décidé de continuer ce dans quoi je m’étais engagé et j’ai tout donné dans la dernière montée. Ils m’ont offert un écart et je n’allais pas leur rendre ! J’avais de bonnes jambes aujourd’hui (dimanche) et j’ai pu aller jusqu’au bout. 

« ÇA N’ARRIVE PAS TOUS LES JOURS »

Gagner en solitaire sur La Marseillaise est plutôt original !
J’ai entendu dire qu’il était peu commun que cette arrivée ne se fasse pas au sprint. C’était très spécial de pouvoir faire ça. J’avais du mal à visualiser la distance qu’il me restait dans les derniers kilomètres donc j’ai tout simplement tout donné jusqu’à la ligne d’arrivée pour m’assurer que personne ne puisse me reprendre.

Tu n'as pas commencé ta saison ici, as-tu ressenti les bienfaits d'avoir commencé en Espagne ?
J’avais de bonnes jambes de là-bas. Marijn a gagné une étape et Ben Healy a terminé 3e, on avait joué plusieurs cartes. J’ai de bonnes jambes mais j’aime aussi aider mes coéquipiers. Je savais que j’étais en forme, je me sentais bien et cet hiver j’ai bien progressé. Je ne suis pas tombé malade. J’ai eu un hiver sans problème. Je savais donc que j’avais une chance et que ça n’arrive pas tous les jours. Quand tu vois une opportunité comme celle d’aujourd’hui (dimanche), que tu es en forme et que tu es dans le bon groupe, il faut savoir en tirer profit. 

« VOUS NOUS VERREZ PLUS SOUVENT À L’AVANT DORÉNAVANT »

Tu sembles être très détendu et les compteurs sont tous au vert...
J’ai tendance à bien courir quand je suis heureux et je l’ai beaucoup été ces derniers mois. J’espère que ça va continuer comme ça. Cette victoire est une très belle confirmation du travail que j’ai fait cet hiver. L’équipe a apporté beaucoup d’améliorations dans notre matériel cet hiver et ça se ressentait sur le vélo. Je suis ravi que l’équipe s'investisse autant pour les coureurs cette année. C’est un grand pas en avant. Je pense que vous nous verrez plus souvent à l’avant dorénavant (sourire).

Quelle sera la suite pour toi ?
Ma prochaine course sera l’Etoile de Bessèges. Mais mes vrais objectifs de la saison sont prévus pour les mois de mars et avril avec les Flandriennes et les Ardennaises. L’année dernière, j’avais été malade avant les Ardennaises donc j’espère pouvoir y arriver plus en forme cette année. J’essaie de tout prévoir pour que ça puisse se faire car ces courses me correspondent très bien.