Hoogerheide : Les Bleus frustrés sur le relais
Quatre petites secondes, ou même six pour aller chercher la 2e place de la Grande-Bretagne (voir classement). La Belgique n’a pas cédé face aux Bleus. "On avait imaginé un scénario où on serait au contact, on savait que les Pays-Bas seraient les favoris. J'avais conscience que ça se jouerait entre les équipes avec qui on était à la guerre", note François Trarieux. Et en effet, la bataille a fait rage. Les Pays-Bas devant n’ont pas tremblé, et c’est la Grande-Bretagne, la Belgique, la France et aussi l’Italie qui ont joué les deux places vacantes sur le podium. "C'est frustrant, on pouvait aller chercher une médaille, on savait qu'on serait quatre équipes. Les Italiens aussi avaient une belle équipe, mais leur Espoir filles leur faisait défaut, et chez les garçons ils avaient des individualités un peu moins fortes", ajoute le sélectionneur français.
Rémi Lelandais est alors le premier à s’élancer. "Rémi, je l'avais pris car c'est lui qui fait le meilleur départ chez les Espoirs en Coupe du Monde, il a toujours fait des gros premiers tours". L’Espoir donne le relais dans le Top 5. "Je n'ai pas réussi à me placer en 2-3e position. J'ai doublé deux-trois coureurs mais je me suis fait redoubler ensuite. Il ne fallait pas que je m'affole et que je remonte sur la fin. Je double la Belgique. C'était dur, je ne voulais pas partir trop vite". Ce sont ensuite Célia Gery et Line Burquier qui doivent tenir la France à flot. Notamment face à certains hommes. "Line a l’expérience du VTT, Célia fait des gros starts, mais on prend un petit écart comme ce sont les deux filles, alors que d'autres nations avaient enchainé avec un autre garçon", constate François Trarieux.
« IL N’Y A PAS À ROUGIR »
Le Champion d’Europe Juniors, Léo Bisiaux, doit aller remettre la France dans le bon sens. "J'étais vraiment bien, ça a permis de tester le circuit à l'allure course. Toute l'équipe a joué le jeu. On a reconnu avec Joshua (Dubau) et Rémi (Lelandais) qui nous ont donné quelques conseils. Je n'ai pas fait de faute. Une médaille aurait bien lancé les Championnats". Hélène Clauzel est lancée par Léo Bisiaux et fait du mieux possible pour se débarrasser de la Belgique. "J'ai essayé de prendre le plus de temps possible sur les Belges, j'ai à peu près réussi. Mentalement c'est bien de doubler, mais c'est dur. Le podium se joue à rien, chaque seconde compte, c'est stressant quand on est en équipe. C'est le jeu du relais, on se met à bloc pour l'équipe, c'est ça qui est fou et qui est trop bien !", se réjouit la récente Championne de France.
Il reste alors le duel final, entre Laurens Sweeck et Joshua Dubau. Presque un match à trois, car le Britannique Thomas Mein lâche du terrain sur ses deux rivaux. "En 4e position à trois secondes de Sweeck, ça a été compliqué. On est revenu fort, mais on ne pouvait pas jouer devant, on s'est bataillé". Peu importe s’il affrontait le vainqueur de la Coupe du Monde, l’ancien Champion de France de la discipline n’a pas cogité. "Même si c'est Laurens Sweeck devant, c'était bataille à 300% pour le podium. Il ne manque pas grand chose, chacun a donné son maximum, c'est dommage d'être si proche mais sans regrets". Le Belge part d’ailleurs à la faute. "Il chute, je grappille un peu, mais il fait partie des meilleurs au monde. On a un temps au tour très rapide. Il n'y a pas à rougir. On tombe contre plus fort, c'est comme ça".
« REFAIRE LE FILM QUINZE FOIS POUR TROIS SECONDES… »
L’issue n’est donc pas favorable pour les Bleus. Ces quelques secondes font défaut aux Français. "On a tous donné le maximum, il n'y a pas à être déçu. C'est frustrant de passer aussi près, on savait qu'on avait un bon relais pour une médaille. Sur le papier il y avait un gros favori, on avait calculé quatre outsiders, dont nous. Chacun a joué ses cartes, on a fait du mieux possible", relativise Joshua Dubau. Son sélectionneur préfère ne pas refaire le match. "Ça se joue à des détails. On aura beau refaire dans tous les sens, ça ne changera rien. J'ai aligné les meilleures individualités. Refaire le film quinze fois pour trois secondes...". François Trarieux cherche quand même quelques pistes. "Backstedt a fait un gros premier tour au contact des garçons. Je pense que c'est elle qui fait la différence, ça devient une favorite au titre mondial Espoir. Dans les autres catégories ça a suivi la logique, mais elle a fait la différence".
Joshua Dubau se veut rassurant. "Ce n'est pas non plus une mauvaise performance même si on passe proche de la médaille, le week-end est lancé. On reviendra les prochaines années pour faire mieux, on ne peut pas revenir dessus". L’habituel coureur de Van Rysel CX Racing prend son rôle d’Elite à cœur avec les Bleus. "On veut être un peu un pilier, ne pas montrer de faiblesses, tirer le groupe et ne pas craquer. On est censé avoir le plus d'expérience, si nous on n'y arrive pas on ne peut pas dire aux jeunes de le faire. On se doit d'être un peu exemplaire. Si en tant que dernier relayeur je suis en bonne position et que je fais de la merde, c'est là qu'une partie psychologique entre en compte. C'est une pression supplémentaire mais ça crée un groupe". Un groupe qui peut aller chercher des médailles, pour François Trarieux. "On était dans le jeu, on espère remettre ça et que ça va donner un peu de frustration pour aller chercher des choses ce week-end".