Coupe de France N3 : Pour beaucoup, le saut dans l’inconnu

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Difficile d’imaginer un scénario ou des favoris à 24h de la première manche de Coupe de France N3, le Tour de l’Ardèche Méridionale. Avec 163 kilomètres sur un parcours musclé, la sélection pourrait être importante, si on n’assiste pas à une longue course d’attente avant le final. “C’est long ! Je ne crois pas que tous les coureurs présents aient l’habitude de cette distance, ça pourrait être un sacré chantier entre la distance et le dénivelé”, imagine Lucas Plaisant (Team Atria VS Gerzatois). “J’espère que la course sera rendue difficile assez vite, qu’il y aura de la bagarre, histoire que ça ne se regarde pas trop et que les plus forts se détachent à la pédale. Il y a de bons coureurs comme Romain Hardy, les frères Martinez ou Julien Souton, je pense qu’ils auront eux aussi intérêt à durcir la course”, analyse pour sa part Aurélien Le Lay. Le sociétaire du VC Avranches concède ne pas connaître énormément de coureurs engagés sur l’épreuve. Un constat fait par l’ensemble des athlètes interrogés. “Le niveau est beaucoup plus faible qu’en N1 et même qu’en N2”, ajoute-t-il.

Au départ de la course, il n’y aura en effet pas vraiment de coureurs qui ont déjà des références cette saison. Il faut dire que la plupart des concurrents sont soit des jeunes en devenir, soit des coureurs plus aguerris, en fin de cycle, qui n’ont plus du tout le même rythme de vie que lors de leurs plus belles années. À l’image de Julien Souton. “Honnêtement, je n’ai vraiment pas de repères, je ne sais pas du tout où me situer par rapport aux autres, je n’ai quasiment pas couru pour l’instant. Au fond de moi, j’espère faire quelque chose, je l’aimerais. Les 160 km, ça peut être un avantage quand même, je connais. Mais j’ai bien levé le pied, j’essaie de rouler un peu quand j’en ai le temps et l’envie”, relate le coureur de Béziers MC, lequel n’affiche qu’un petit jour de course depuis le début de l’année. “De plus en plus, ceux qui veulent faire du haut-niveau vont courir en N1 et délaissent les autres divisions”, constate celui qui bosse à plein-temps à Décathlon mais qui va accompagner les Cadets et Juniors du club tous les mercredis.

TOUJOURS IMPORTANT POUR LES CLUBS

Lucas Plaisant est sensiblement dans la même situation que Julien Souton. “Je ne ferai pas partie des acteurs majeurs de la course, j’ai du mal à beaucoup m’entraîner en ce moment avec le boulot en parallèle. Mes objectifs sont plus lointains dans la saison”. Même chose encore pour Camille Batista (VC Lucéen) : “j’ai complètement changé d’état d’esprit. Je me fais plaisir. S’il y a un résultat tant mieux, sinon tant pis. Je retournerai bosser lundi dans tous les cas. Il n’y a pas à cogiter”.

Cette situation n’empêche pas certains d’être ambitieux, parmi lesquels Aurélien Le Lay. “C’est une course que j’ai cochée. Le nombre de kilomètres m’avantage, j’espère avoir les cannes. Pour le club, ça reste important de bien figurer. C’est la seule manche avant le Championnat de France (les 3 premières équipes auront droit à 3 engagés pour le Championnat, NDLR). Si on veut avoir des coureurs là-bas, il faut performer dimanche”. Après treize ans chez les pros, Romain Hardy sera pour sa part l’une des principales têtes d’affiche de la course, avec les frères Martinez. “Je ne me rends pas trop compte du niveau qu’il va y avoir dimanche. Ce sera une découverte. La distance m’arrange. J’ai remarqué que beaucoup d’amateurs sont très forts sur trois heures et demi et ensuite, ça pèche. Ce sera peut-être encore plus vrai en N3”, synthétise le capitaine de route de l’UC Briochine-Bleu Mercure (lire le papier consacré à l’ancien coureur d’Arkéa-Samsic ici). 

DU VÉLO PLAISIR

Tous s’accordent pour dire que la Coupe de France reste un rendez-vous important pour l’ensemble des clubs. “Clairement, ça a toujours un impact”, résume Julien Souton. Certains clubs attendent même beaucoup de cette Coupe de France. C’est le cas du nouveau Team Atria VS Gerzatois de Lucas Plaisant. “Le sponsor veut monter en N2 et ça passe par une bonne Coupe de France. Sinon, ce ne serait pas cohérent. On a l’objectif d’être sur le podium, ou a minima dans le Top 5. C’est aussi important que le Challenge BBB-DirectVelo. On se lance, le sponsor va être attentif à nos performances. Dimanche, ça peut être l’occasion de lancer une bonne spirale si on performe”.

Pour beaucoup d’athlètes, leur présence en Ardèche ce dimanche témoigne simplement d’une grande passion pour la pratique du cyclisme. Beaucoup ne rêvent plus de grand-chose, n’ont plus véritablement de prétention à moyen ou long terme, si ce n’est celle de continuer de se faire plaisir sur le vélo. Camille Batista résume bien cette philosophie, lui qui est maraîcher toute la semaine et qui trouve toujours un moment pour aller courir le week-end. “Je ne sais pas trop comment ça va se courir, on m’a dit que ça serait peut-être plutôt une course d’attente. Dans tous les cas, la condition physique va parler. Le profil n’a pas l’air facile… L’objectif reste de performer pour l’équipe tout en se faisant plaisir. J’ai hâte de voir ce à quoi ça va ressembler”. Reste à voir qui parviendra à tirer son épingle du jeu au milieu de toutes ces équations pour l’instant sans réponses.

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Portrait de Camille BATISTA
Portrait de Romain HARDY
Portrait de Aurélien LE LAY
Portrait de Lucas PLAISANT
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