Jason Tesson : « Ça brise la spirale négative »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo
Frustré la veille, et globalement depuis le début de saison, Jason Tesson a enfin trouvé le déclic, ce vendredi, à l’occasion de la deuxième étape de la Route d’Occitanie (voir classement). Le coureur de TotalEnergies a dominé le sprint, mettant ainsi fin à cette période de doute qu’il qualifie d’inédite. Bien loin de la Suisse, le peloton de l’Occitanie et le vainqueur du jour n’oublient bien sûr pas de rendre un hommage à Gino Mäder. Jason Tesson est revenu sur cette journée avec DirectVelo.
DirectVelo : Après avoir laissé ta frustration s’exprimer ce jeudi, tu as répondu de la meilleure manière ce vendredi !
Jason Tesson : Je cherche ça depuis un sacré moment. C'est la première fois de ma vie, de ma carrière, que j'ai autant de mal à revenir en forme. Là ça y est, ça revient progressivement, ça fait du bien. C'est la libération totale, un vrai soulagement.
Aujourd’hui, tu as réussi à te faire confiance…
Quand tu connais assez souvent une gagne, au moins deux ou trois fois dans la saison, tu cherches toujours à lever les bras. Et en tant que sprinteur, quand ça ne marche pas c'est dur dans la tête. C'est la première fois que je suis tombé aussi bas et ça fait du bien de retrouver le podium et la victoire. Ça sauve un peu mon début de saison. Ça brise la spirale négative.
Comment as-tu manœuvré ?
On ne savait pas trop comment ça allait se passer. Finalement, les cols sont bien passés, on était bien placés jusqu'à la bascule du dernier. Après on a bien travaillé tous ensemble. J'ai travaillé avec Anthony (Turgis), il m'a dit d'attendre qu'Ineos remonte. Quand ils l'ont fait, on a pris la vague et on était super bien placés. Au dernier moment, j'ai dit à Dries (Van Gestel) de me laisser la roue d'Elia Viviani. On a vu hier que s'il n'était pas gêné, il allait sûrement gagner. Mais ça fait partie du sprint. J’avais sa roue jusqu'au virage. J'ai attendu, attendu, et en voyant le panneau 200 mètres, je me sentais super bien, j'ai préféré lancer et prendre le risque de perdre, mais au moins je faisais un bon sprint. Et finalement, ça l'a largement fait et ça fait du bien.
« ÇA FAIT MAL À TOUT LE MONDE »
Finalement la frustration de la veille se transforme en très bon bilan !
Sandy (Dujardin) fait podium hier, moi je gagne aujourd'hui, on commence bien la semaine et ça fait du bien avant la montagne. La semaine est déjà réussie. Demain c'est beaucoup trop dur, dimanche aussi. Je vais jouer les délais jusqu'à dimanche, pour travailler pour les gars et personnellement. Puis il y a le Championnat de France. Je connais Cassel mais c'est trop dur. Je vais bosser à fond pour l'équipe et me battre pour aller le plus loin possible. Puis il y aura une coupure et un stage pour préparer la suite de la saison.
Tu as bien sûr appris la nouvelle concernant le décès de Gino Mäder… Comment garde-t-on la tête au vélo après un tel drame ?
C'est triste de perdre la vie en faisant son métier, sa passion. J'approuve sur le fait qu'il faut faire gaffe. Faire vivre ça à ma famille, ma copine... c'est la dernière chose dont j'ai envie. C'est tellement triste de laisser tous ces proches comme ça. C'est une pensée globale, ça fait mal à tout le monde. C'est le risque de beaucoup de métiers dans le sport, le risque de tomber est toujours présent, mais le risque de mourir ne devrait pas l'être. Pour repartir le lendemain sans y penser, c'est malheureux mais on n'a pas le choix d'être égoïste. On essaie d'oublier ça, sinon on est sur les freins et on n'a plus qu'à arrêter son métier. Mais en dehors du vélo, c'est bien sûr affreux.
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