Groupama-FDJ : « On a montré notre collectif »
Un sans-faute. La Groupama-FDJ n’a pas raté grand-chose, ce dimanche, à l’occasion du Championnat de France de Cassel. Une journée conclue sur un feu d’artifice avec le doublé de Valentin Madouas et Rudy Molard (voir classement). D’abord, la journée a commencé sur les chapeaux de roue. Après deux tours de circuit, toute la Groupama-FDJ est propulsée en tête de course, avec ses leaders. "Le plan était de mettre des bonnes cartes devant, mais pas forcément nos quatre leaders. Il fallait prendre la course en main et surtout pas que ça ne rentre derrière. Sur un parcours si difficile, tout le monde savait qu'il fallait avoir le coup d'avance. Les efforts à contre-temps, on les paie. Ça nous a permis de gérer les montées raides pour ne pas trop puiser dans les ressources", analyse le médaillé d’argent. Julian Alaphilippe, parmi les grands favoris, est déjà piégé.
Se débarrasser du double Champion du Monde était dans les plans des hommes de Marc Madiot. "C’était le but de la course. On avait plutôt prévu de le faire dans les 100 derniers kilomètres, pas dès le départ comme ça. On savait aussi que sur un Championnat aussi dur, c’est vite fait qu’un coup de 20-30 coureurs se barre. C’était vraiment royal, on était les quatre coureurs protégés plus les quatre équipiers les plus costauds de l’équipe devant. C’était la situation rêvée, on ne pouvait pas faire mieux", explique de son côté Romain Grégoire. Olivier Le Gac, Quentin Pacher, et Bruno Armirail se mettent à la planche, et Romain Grégoire est le premier du train bleu à bouger. Longtemps accompagné par Ewen Costiou, Valentin Madouas et Rudy Molard reviennent finalement à sa hauteur. "Au bout de 3h30-4h de course, je sentais que ça n’allait pas le faire. Dans d’autres conditions, ça aurait pu. Là, c’était trop dur, ça a fait la course dès le départ. J’étais à fond tout le temps et il n’y avait pas moyen d’être là dans le final".
« VALENTIN NOUS A FAIT EXPLOSER TELLEMENT IL ÉTAIT FORT »
De toute façon, Valentin Madouas annonce la couleur. "Valentin était au-dessus donc c'était tout pour lui", révèle Rudy Molard. "Il nous a dit dès le début « j’ai les jambes de ma vie », et je crois qu’il l’a prouvé. Franchement, il nous a fait un numéro". Entre-temps, David Gaudu est revenu sur l’avant au prix d’une énorme montée de la Rue d’Aire. "J'avais de super sensations tout au long de la journée. J'ai un peu attendu, j'ai essayé de faire le boulot pour Valentin dans le final", explique David Gaudu. Le scénario se clarifie encore à deux tours de l’arrivée, lorsque les deux coéquipiers bretons réaccélèrent dans la montée d’arrivée. Et seul Rudy Molard parvient à suivre, plongeant le Championnat de France dans une situation où les trois Groupama-FDJ se lancent dans une aventure ensemble.
Rudy Molard ne s’attendait pas à être encore là. "J'avais plus un rôle de capitaine de route. Je n'étais pas forcément prévu pour le final. Je voyais la course se faire et j'étais bien. Il y avait une bonne chance d'aller gagner". Médaillé d’argent à Épinal sur un circuit déjà difficile, l’expérimenté puncheur n’est pas un invité surprise. "On ne parle jamais de moi mais je suis toujours là. C'est clair que j'ai peu de victoires, c'est ce qui me manque sans doute, quelque chose de marquant. L'équipe souhaite la victoire mais il me manque toujours un petit truc. Les places dans les 10 ne comptent pas assez". Une fois en trio, il y en a un qui caresse encore les pédales. "Valentin nous a fait exploser de la roue tellement il était fort sur le plat, rigole David Gaudu. Il l'avait tellement dans la tête depuis un an, c'est super. On ne parlait que de ça avec lui. Le voir en bleu-blanc-rouge au départ du Tour, ça va être quelque chose". Parti dans un baroud solidaire, plus personne n'a revu Valentin Madouas.
« SAVOURER ET ÊTRE FIERS DE NOTRE ÉQUIPE »
Plus de treize minutes derrière, Romain Grégoire voit le spectacle de loin. "J'ai profité seulement lors du dernier tour. Avant, je me demandais comment j’allais finir, je n’arrivais plus à pédaler. Sur des distances comme ça, il faut en faire pour pouvoir jouer, mais c’est bien, au moins je suis allé au bout. Dans le dernier tour, on a eu le temps de regarder un peu les écrans". Le suspense réside dans la bataille pour la deuxième place. Et finalement, Rudy Molard parvient à distancer ses deux adversaires de la Trek-Segafredo, Julien Bernard et Tony Gallopin. "C'est la deuxième fois que je fais 2. On se dit qu'on est capable de gagner aussi mais il y en aura d’autres. L'important était surtout de ramener le titre dans l'équipe. Ça faisait deux ans qu'on ne l'avait plus. On va pouvoir savourer et être fiers de notre équipe".
En conférence de presse, alors que Valentin Madouas est parti respecter la suite du protocole, Rudy Molard parle de son coéquipier. "Je suis très content pour lui, il le mérite. Ça va faire un super Champion de France, il va arriver au Tour en super condition, avec une super confiance. C'est vraiment un mec de Championnat et il va bien le porter. Il est toujours dans la réflexion, il cherche comment courir, quelle faille trouver, il est tenace, endurant, résistant. Et aujourd'hui c'était le plus fort". Plus largement, la Groupama-FDJ était sans doute l’équipe la plus forte tout court. "Je pense qu'on a fait une course parfaite. On a montré notre collectif. Ce n'était pas forcément la tactique qu'on avait mise en place au début, mais on a su prendre le dessus et ça a payé dans le final", résume Rudy Molard. L’histoire retiendra que la Groupama-FDJ a réalisé le doublé sur une course infernale à Cassel... et avec la manière.