Marie-Morgane Le Deunff, le grand saut dans l’inconnu
Elles étaient huit pour sept places. La semaine passée, les filles d’Arkéa ont participé à un dernier stage de préparation pour le Tour de France. L’occasion pour le staff de faire un ultime point quant aux forces en présence. Et c’est finalement la Canadienne Clara Emond qui est passée à la trappe et qui se retrouve dans la position de remplaçante. De son côté, Marie-Morgane Le Deunff a été sélectionnée et sera au départ à Clermont-Ferrand, dimanche. À 21 ans, elle sera l’une des benjamines de l’épreuve. “Je m’étais préparée pour. Je me doutais que ce serait bon mais je n’en étais pas totalement sûre. J’ai dû attendre le coup de fil du staff hier soir (dimanche, NDLR) pour avoir la confirmation que c’était bon. C’est génial, c’est la plus grosse course au monde !”, se réjouit-elle auprès de DirectVelo.
La Bretonne ne veut pas se mettre trop de pression à l’orée de son premier Tour de France. “J’y vais pour découvrir. On n’est pas l’équipe qui a le plus de pression, on ne joue pas le général, on n’est pas dans les favorites”, assure l’Espoir 3. Marie-Morgane Le Deunff a mis toutes les chances de son côté pour arriver sur les terres auvergnates dans les meilleures conditions possibles. “On avait repéré l’Aspin et le Tourmalet pendant la semaine du Tour des Pyrénées”. L’occasion de réaliser qu’elle était encore loin du coup de pédale des meilleures en montagne. “J’ai clairement réalisé qu’il m’en manquait beaucoup”. Elle a alors fait le choix de retourner une semaine en stage perso à Cauterets, dans les Hautes-Pyrénées, accompagnée par sa mère. “Je voulais préparer mon truc à fond pour ne pas avoir de regrets. Je sais que le Tour va être dur alors autant y arriver en étant au top”.
« COMPLIQUÉ DE SE PROJETER »
La marche s’annonce tout de même très haute pour celle qui n’a encore jamais disputé la moindre course par étapes au niveau WorldTour, et qui va donc faire le saut dans l’inconnu lors du Tour de France. Rien que ça. “L’équipe a fait le Giro il y a deux ans mais j’étais trop jeune à ce moment-là. Et depuis, je n’ai pas eu l’occasion d’en faire d’autres. Ce sera la découverte au plus haut niveau mondial. J’ai quand même une idée du niveau en ayant fait plusieurs fois Paris-Roubaix”, rappelle celle qui a également déjà disputé le Het Nieuwsblad et Liège-Bastogne-Liège face aux plus grosses armadas du peloton. “Je ne peux pas dire que ça me fait peur, j’y vais pour découvrir donc ça ne sert à rien de se poser trop de questions”.
Au sein de l’équipe Arkéa, Marie-Morgane Le Deunff sera la carte maîtresse de l’équipe lors des potentielles arrivées groupées. Mais y en aura-t-il beaucoup sur ce Tour de France très escarpé ? “Je pense qu’il y aura au moins l’étape 5. Cela dit, ça n’arrivera pas forcément avec un gros peloton”. Une situation qui n’est pas pour déplaire à la jeune femme, loin s’en faut. “Je préfère les arrivées avec un peu moins de monde, c’est mieux que les sprints massifs pour moi. J’aime quand la course est décantée. Mais ça reste quand même compliqué de se projeter et de savoir si je peux être là dans un peloton de 30 ou 40 filles”. Réponse dans les jours à venir pour celle qui compte également faire le boulot pour ses coéquipières. “On a des filles d’expérience, je vais apprendre à leurs côtés. S’il faut faire le boulot, replacer des filles, aller chercher des bidons, je le ferai avec plaisir”. Sur les routes d’Auvergne-Rhône-Alpes et d’Occitanie, elle devrait compter sur le soutien de ses parents. “Ils me suivent sur beaucoup de courses. Ma sœur travaille et ce sera sûrement compliqué pour elle mais peut-être que d’autres membres de ma famille viendront aussi me soutenir, notamment mon frère”. Que la fête commence.