Enrico Della Casa : « Continuer à promouvoir le cyclo-cross »
Après le VTT et la route, le cyclo-cross s'est mis au relais mixte et après le Championnat du Monde en 2022, voici le premier titre de Champion d'Europe. Mais la grille de départ n'était pas complète, vendredi après-midi sous le soleil de Pontchâteau. Seules cinq nations étaient présentes sur les six engagées mais la Suède a dû se résoudre à déclarer forfait, faute de combattants. Les Pays-Bas, présents en nombre autour du bus de la Jumbo-Visma, étaient les grands absents de cette première édition remportée par la France (lire ici). Enrico Della Casa, Président de l'UEC, fait un bilan de cette première expérience pour DirectVelo et parle des pistes de développement pour le cyclo-cross à travers toute l'Europe, en dehors du Nord-Ouest du continent.
DirectVelo : Cinq équipes au départ du relais, est-ce décevant ?
Enrico Della Casa : Je m'y attendais. Quand nous avons commencé le relais sur la route, les nations sont arrivées petit à petit. Mais je suis quand même déçu des Pays-Bas qui ne sont pas au départ. Mais je vois la République Tchèque et la Grande-Bretagne au départ, la Suède était inscrite mais malheureusement quelques-uns de ses coureurs n'ont pas pu faire le voyage. L'an prochain, il y aura plus d'équipes, on va certainement les aider, comme on va le faire pour la route, avec une compensation financière pour le voyage, je pense que c'est un évènement qui a de l'avenir, c'est un beau spectacle.
« DES NATIONS NOUVELLES ARRIVENT DANS LE CYCLO-CROSS »
Et l'Espagne, qui organise le Championnat d'Europe l'an prochain ?
Effectivement, on s'attendait à leur participation au relais. Mais laissons leur un petit peu de temps. Attendons trois-quatre éditions pour faire le point de la situation. La machine est lancée, les équipes ont beaucoup apprécié. Les équipes le font dans le VTT depuis des années, ça se passe très bien. En cyclo-cross, il n'y a pas de raison que ça ne soit pas un succès.
Est-ce qu'on peut imaginer des équipes mixtes ?
Oui comme on le fait sur la route, on donne la possibilité aux pays de classe 3 et 4, les pays émergents, de créer des équipes mixtes. Ici, nous avons des coureurs de Serbie, d'Albanie qu'on n'avait jamais vus. On avait un coureur de Macédoine qui n'a pas pu malheureusement faire le voyage. Il y a des nations nouvelles qui arrivent dans le cyclo-cross, on va leur donner l'occasion de faire une équipe mixte pour le relais mixte.
« LA COUPE D'EUROPE, ON Y CROIT »
Parmi les pays traditionnels du cyclo-cross, l'Allemagne est venue avec une petite délégation (cinq coureurs) ?
C'est très surprenant, pour la Suisse aussi. En Suisse, le mountain bike est tellement populaire mais l'exemple de Mathieu Van der Poel montre qu'on peut faire la route, le cyclo-cross et le VTT. On va recontacter la Suisse, l'Allemagne et les Pays-Bas. On va motiver les fédérations en mettant en avant que c'est un sport qui se pratique en toute sécurité. C'est un argument pour ces fédérations de motiver les parents.
La Coupe d'Europe que vous avez lancée compte moins de courses que prévu...
Quatre manches, c'est moins que prévu. Ce n'est pas facile mais on va continuer à investir. L'UEC y croit vraiment. On voit une belle participation des Cadets, des Juniors, les Espoirs arrivent également. On va se donner 3-4 ans pour lancer le produit mais on y croit.
Pour des Cadets qui vont à l'école, est-ce que cette Coupe d'Europe ne demande pas de trop longs déplacements ?
Il y a de longs déplacements car il y a peu d'épreuves justement. Mais l'objectif de la Coupe d'Europe est d'avoir aux mêmes dates deux ou trois manches pour limiter ces déplacements car nous voulons diviser l'Europe en plusieurs secteurs. Cette année, j'ai annoncé à deux organisateurs, un Espagnol et l'autre Suédois, qu'ils étaient aux mêmes dates. Ils étaient éloignés donc ça ne posait pas de problèmes mais ça n'a pas fonctionné.
« PAS TOUJOURS AVOIR LE CHAMPIONNAT D'EUROPE AU MÊME ENDROIT »
Comment voulez-vous découper l'Europe ?
On peut imaginer la Scandinavie, l'Europe centrale avec la République Tchèque, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie. La partie ibérique avec l'Espagne, le Portugal et le Sud de la France. L'Italie avec l'Autriche et la Suisse. On va créer des macrorégions mais bien entendu, les coureurs resteront libres de courir où ils veulent. L'objectif est de limiter les déplacements, aider les parents à amener leurs gamins dans des épreuves proches avec peu de dépense de voiture. On y arrivera. On va continuer à poursuivre la promotion du cyclo-cross.
Est-ce difficile de trouver un pays pour organiser un Championnat d'Europe ?
C'est vrai que nous avons beaucoup de demandes de Belgique et des Pays-Bas mais l'an prochain nous irons en Espagne. J'ai des demandes qui viennent aussi d'Allemagne et d'Italie. Je commence aussi à voir de l'intérêt des Pays Balkans. Cette année nous avons des coureurs serbes. Même en Grèce, il y a de belles épreuves de cyclo-cross. C'est notre rôle de ne pas toujours avoir le Championnat d'Europe au même endroit. En donnant le cyclo-cross en Espagne en 2024, on promeut le cyclo-cross dans une région où il y en a déjà et on permet aux nations de découvrir Pontevedra. Souvenez-vous quand il y a eu les Championnats du Monde en Italie à Monopoli dans le sud de l'Italie. Il y avait une forte tradition de cyclo-cross dans cette région. C'est à nous de ne pas jouer facile mais d'investir dans des pays qui veulent développer le cyclo-cross.