SCO Dijon : « Ne pas changer cette dynamique »
Après un exercice 2023 réussi avec près de 30 victoires, le SCO Dijon-Team Materiel-velo.com repart de plus belle en ce début d’année avec déjà trois succès en février malgré les quelques semaines d’incertitude quant à la labellisation de la structure en N1. Mathieu Gallet, l’un des deux directeurs sportifs de la formation bourguignonne, revient pour DirectVelo sur cette entame de la saison 2024 et sur le recrutement effectué. Il évoque également la première manche de la Coupe de France N1, le Tour des 4B Sud-Charente, ainsi que les perspectives pour cette année.
DirectVelo : Avec trois victoires depuis la reprise, le SCO Dijon-Team Materiel-velo.com commence encore mieux l’année que lors du précédent exercice !
Mathieu Gallet : L’année dernière, on a eu du mal à rapidement mettre au fond alors que les intentions étaient bonnes (premier succès le 18 mars en Espagne pour Tom Donnenwirth et le 26 en France pour Léo Kraemer, NLDR). Cette fois-ci, on a réussi à le faire en début d’année tout d’abord avec Gari (Lagnet) du côté de l’Essor Basque, puis il y a eu notre première vraie victoire collective à Puyloubier avec Antoine (Berger). Dans le dernier tour, sur les 30 mecs présents dans le peloton, nous en avions cinq, ça prouve notre force collective. À Onjon (succès de Thomas Morichon, NDLR), c’était différent, c’était une Toutes Catégories mais ce n’est pas pour autant simple de s’imposer. Le week-end dans le Nord (Tour des 100 Communes et GP de Lillers, NDLR) a été très bon. Aux 4 Cantons, on a réalisé une belle course. Tout le monde arrive déjà dans un bon état de forme. Notre début d’année est totalement cohérent par rapport à ce qu’on attendait de l’équipe, on est plutôt satisfait.
« L’AVANTAGE D’AVOIR UN COLLECTIF FORT »
Lors des premières semaines, vous avez eu l’incertitude quant à votre labellisation en N1….
Ce ne sont jamais des périodes faciles. On a appris très tard qu’on était labellisé. On a toujours été confiant par rapport au boulot que Paul (Herman, le manager général, NDLR) pouvait entreprendre pour être dans les clous. On a tout fait pour rassurer les coureurs, c’était notre rôle. On leur a dit de rester focalisés sur le début d’année. En tant que directeur sportif, je ne pouvais pas faire grand-chose, c’est vraiment Paul qui a pris le problème à bras le corps pour nous amener là où on est maintenant. Désormais, il faut qu’on avance.
Ce dimanche a lieu la première manche de la Coupe de France N1, le Tour des 4B Sud-Charente. Dans quel état d’esprit l’abordez-vous ?
Avec ambition. On avait couru une fois là-bas en 2021 lorsque Joris (Delbove) était dans le groupe de tête. C’est le premier grand rendez-vous de l’année avec toutes les équipes de l’ouest et de l’est. Au vu de notre effectif, c’est une épreuve qui nous convient bien. C’est usant mais ce n’est pas non plus un chantier, il faudra voir les conditions météo. Thomas Morichon peut gagner en homme fort, Justin Ducret et Gari Lagnet sont capables de s’imposer au sprint, Alfie George et Farley Barber sont des gars solides. C’est un avantage d’avoir un collectif fort, on ne va pas se reposer sur un seul coureur, où là tu as plus de chances de passer au travers. Depuis l’an dernier, le mot d’ordre est le collectif.
« ABSOLUMENT PAS COHÉRENT QU’IL Y AIT UN CHRONO PAR ÉQUIPES »
Quelle importance revêt la Coupe de France pour vous ?
On ne se met pas une pression monumentale. On ne la prend pas à la légère, ce sont des courses importantes pour ceux qui veulent passer pros et qui offrent de la visibilité. Mais ce ne sera pas non plus un fil rouge conducteur sauf si on y performe dès le début. Comme dirait Bernard Mary (président pendant 27 ans du SCO Dijon, NDLR), je préfère qu’on gagne le Tour de Côte d’Or ou une classique à la maison pour nos partenaires. La Coupe de France est tellement aléatoire. Tu peux passer au travers d’une manche. Par ailleurs, je ne trouve absolument pas cohérent qu’il y ait un chrono par équipes sur une manche. Il y a un Championnat de France contre-la-montre en juin mais très peu de confrontations individuelles. Pour moi, le chrono par équipes est un peu dépassé, il y en a très peu chez les pros. C’est la quatrième année d’affilée, il faut peut-être passer le tour. Pour rivaliser avec les meilleurs, il faut du matériel, ça demande pas mal d’investissement.
Le SCO Dijon-Team Materiel-velo.com reste sur un exercice 2023 très réussi avec près de 30 succès. Espérez-vous autant si ce n’est mieux cette année ?
L’année passée a été à mon sens la plus belle année du club au niveau des victoires ainsi que tous les podiums qui vont avec et la 3e place au Challenge DirectVelo. Qui plus est, 10-11 coureurs ont gagné. Si on fait aussi bien que la saison dernière, on aura réussi une année excellente sur tous les points. Notre but est de faire passer le maximum de coureurs chez les pros. Si on y arrive, ça voudra dire que les résultats ont été là. On ne doit pas se mettre de limites mais il ne faut pas non plus être arrogant en disant je veux tant de victoires. L’objectif est de faire briller le maillot et d’être là dans les intentions. Comme on l’a souvent dit lors du stage, on s’en fiche du résultat. Si on met toutes les chances de notre côté et qu’on fait les choses bien, les résultats viendront par eux-mêmes.
« À NOUS DE PERMETTRE À CE GENRE DE COUREUR D’ÉCLORE »
À l’intersaison, vous avez innové en recrutant pas moins de cinq coureurs dans l’ouest de la France. Pourquoi ?
Certains profils n’ont rien à faire là-bas comme Antoine Berger qui fait 4e d’une course de grimpeurs, le Tour du Piémont Pyrénéen. Le calendrier Rhône-Alpes/Est lui est davantage destiné avec des montées plus longues. Quant à Quentin Cowan, il a perdu deux ans dans l’ouest sachant qu’il a terminé 11e de la Ronde de l’Isard. C’est à nous de permettre à ce genre de coureur d’éclore comme le font nos collègues de Bourg-en-Bresse qui recrutent pas mal de grimpeurs. On a la chance d’avoir un calendrier nord pour rouleurs/sprinteurs et Rhône-Alpes pour grimpeurs, ça permet à deux catégories de coureurs de pouvoir s’épanouir, c’est une de nos forces, on en profite. Lucas Mainguenaud et Farley Barber avaient envie de venir chez nous, ils nous ont contactés. Alfie George nous apporte son expérience du haut niveau. Chez les Juniors, il a quand même été dans le Top 10 à Paris-Roubaix et au Championnat du Monde, ce n’est pas rien.
En parlant de nord, vous allez effectuer votre retour sur Paris-Roubaix Espoirs !
On est très content. C’est une course mythique. Il y a beaucoup de Continentales mais seulement deux N1, ça fait peur en prévision de certaines Classe 2. Kévin (Avoine, ancien coureur du SCOD en 2023 et désormais pro à Van Rysel-Roubaix, NDLR) a joué un grand rôle dans notre sélection. Il a demandé à l’organisateur de bien regarder les résultats qu’on avait faits. Quand on a postulé, l’orga nous a clairement dit : « bien évidemment, je vous prends ! ». Le fait qu’on ait réalisé une bonne année 2023 nous ouvre des portes. On est là pour permettre à nos coureurs Espoirs de participer à ces grandes et belles courses. On a quand même dix coureurs Espoirs, soit deux tiers de l’effectif. On a aussi des « vieux » qui veulent encore passer pro. Ils apportent tout leur vécu au groupe, la combinaison des deux est cohérente. Ça fonctionne pas mal, on ne va pas changer cette dynamique.