Benoît Cosnefroy n’était pourtant « pas très bien »
Comme en 2019, Benoît Cosnefroy a levé les bras à Livarot, en s'adjugeant Paris-Camembert (voir classement). Et pourtant, la journée était loin d’être la même qu’il y a cinq ans. "La première fois j'avais des jambes de feu, aujourd'hui elles n'étaient pas super. J'ai réussi à me glisser dans le groupe dans le final pour l'emporter au sprint. Je suis très heureux de gagner là, devant pas mal de monde que je connais. Il y a mon grand-père, mes parents et d’autres membres de la famille", se réjouit-il. Pourtant, dès le début de course, les Decathlon AG2R La Mondiale ont testé leurs adversaires. "On voulait s'appuyer sur le terrain pour durcir la course, on savait très bien que ce n'était pas facile de faire l'écrémage, mais on avait quand même l'idée que la course soit dure".
Mais une chute massive a dû interrompre l’épreuve. Le 6e des dernières Strade Bianche a alors bien besoin d’un thé chaud, alors que la pluie tombe et que le mercure descend. "Quand on est reparti il faisait très froid, ça m'a complètement bloqué physiquement. Je ne sais pas si c'est dû à ça ou de ne pas avoir couru depuis Milan-San Remo, mais je n'étais pas bien". Alors la WorldTeam a laissé les responsabilités de la course aux autres équipes. Notamment quand Ewen Costiou s’est lancé dans un baroud solitaire. "St-Michel a fait un énorme boulot. J'avais deux équipiers mais je n'avais aucunement l'idée de leur demander de rouler puisque je n'étais pas très bien. Connaissant les qualités d'Ewen, c'était possible qu'on ne rentre pas. Mais à la limite ce n'était pas ma course de revenir. J'étais en incapacité d'assumer le poids de la course".
« ÇA ME DONNE UNE FORME DE LÉGÈRETÉ DANS LE FINAL »
Le coureur d’Arkéa-B&B Hotels est finalement revu dans la dernière montée de la butte des Fondits. Notamment parce que de nombreux coureurs ont décidé de jouer leur va-tout. "J'ai attendu en me disant que j'allais essayer de faire un bon sprint. C'est monté fort dans les dernières difficultés et j'ai réussi à basculer avec eux. Je suis le dernier à rentrer. Je savais que je pouvais accrocher un podium. Mais ce n'est jamais facile à gérer". Et dans ces conditions, le fait d’avoir débloqué son compteur sur le Tour des Alpes-Maritimes l’a peut-être bien aidé. "Je pense qu'on prend plus de recul sur les choses. Là j'ai lancé de loin par exemple. C'était la bonne stratégie, je n'avais pas grand chose à perdre. Quand on n'a pas gagné on calcule plus et on attend peut-être que quelqu'un d'autre lance. Ça m'a enlevé une certaine pression et ça me donne une forme de légèreté dans le final".
En effet, sans trop se poser de questions, Benoît Cosnefroy a pris les choses en main en étant le premier à lancer. Mais il l’admet, ce n’était même pas forcément pour tout miser sur la victoire. "J'ai lancé de loin pour prendre l'intérieur. Je m'étais dit qu'avec le vent favorable et la vitesse, et des vélos qui vont bien (sourire)... Je savais qu'on allait peut-être me remonter mais que je pouvais faire 2 ou 3. C'était un peu l'objectif comme je n'étais pas très bien". Mais ni Clément Venturini, ni Alexandre Delettre, ses dauphins sur la ligne, ne parviendront à doubler le Normand. "Finalement en ne voyant personne remonter je me suis dit que ça allait le faire. J'ai pu lever les bras". Encore une fois sur une Classe 1 en France, en attendant de reproduire la performance au niveau supérieur.