Dorian Godon : « Je vais devoir craquer le PEL »
Première victoire en WorldTour pour Dorian Godon. Après avoir terminé 4e la veille du prologue, il avait coché ce mercredi la première étape du Tour de Romandie (2.UWT). “Aujourd’hui ça me plaît bien”, confiait-il au départ à DirectVelo. Et le coureur de Decathlon AG2R La Mondiale n’a laissé le soin à personne d’autre de s’imposer dans les rues de Fribourg et ce devant son coéquipier Andrea Vendrame (voir classement). Le nouveau maillot jaune de l’épreuve romande exprime sa satisfaction au micro de DirectVelo.
DirectVelo : Que représente ce succès sur ce Tour de Romandie ?
Dorian Godon : Une victoire en WorldTour, ce n’est pas tous les jours, c’est ma première à ce niveau-là. Il faut en profiter, on fait même un et deux en plus, on ne pouvait pas rêver mieux. C’était prévu qu’on sprinte chacun de notre côté, car parfois c’est aléatoire. C’est juste top. Je ne sais pas si c’est la plus belle de ma carrière. L’an dernier, j’avais gagné la Flèche brabançonne. J’étais parti de loin en échappée, sur un circuit particulier. Il y a une culture du vélo en Belgique, avec beaucoup de public même si c’était un mercredi. On va dire que c’est ma deuxième plus belle victoire.
Comment as-tu géré le final ?
Aujourd’hui, j’étais leader de l’équipe. Tout le monde m’a fait confiance, j’ai su fédérer au bon moment. Jaakko (Hanninen) a roulé pendant 25 bornes. J’ai été lâché à dix kilomètres de l’arrivée mais Jordan (Labrosse) et Bruno (Armirail) m’ont ramené dans le peloton. On est rentré à trois kilomètres de la ligne. Puis Nico (Prodhomme) m’a aidé à fond alors que c’est un grimpeur. J’étais dans la roue de (Simone) Consonni des 600 jusqu’aux 200 mètres. Une fois que j’ai lancé, je n’ai pas regardé derrière jusqu’à l’arrivée. C’est une délivrance. Beaucoup de copains avaient gagné depuis le début de saison, je voulais que ce soit mon tour. J’ai bien fait de demander un 56 hier (mardi) au mécano, avec cette arrivée en faux-plat descendant.
Comment vas-tu fêter ça ce soir ?
On a une glacière de sushis et de fromage. Je vais devoir craquer le PEL pour une bouteille de Champagne comme on est en Suisse (sourire). Ce n’était peut-être pas le meilleur endroit pour gagner mais ce n’est pas tous les jours alors on va profiter avec toute l’équipe.
« UN COUREUR SOUS-ESTIMÉ »
Et tu prends le maillot jaune grâce à ton très bon prologue…
Hier (mardi), j’étais vraiment content du résultat (4e, NDLR), je n'avais pas forcément de regrets à l’arrivée. Il fallait peut-être que je sois plus petit pour pouvoir prendre les virages plus vite, mais bon, je suis né comme ça (sourire). Mon dernier maillot jaune, c’était aux Boucles de la Mayenne, ce n’est pas forcément le même niveau. Je progresse chaque année, à mon rythme. Je savais qu’un jour, j’allais gagner une étape sur une WorldTour. J’y croyais au fond de moi et là ça se réalise… Ce n’est que du plaisir, surtout qu’il y a tout le boulot de l’équipe. Ça va être un bon moment de le porter demain (jeudi), je vais devoir m’accrocher dans les cols. Je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle (sourire). J’espère qu’il fera beau pour ne pas avoir une veste par dessus, sinon on ne le verra pas trop. J’espère en profiter.
On n’a pas le sentiment que tu as la place que tu devrais avoir vu ta carrière dans la hiérarchie du cyclisme français…
Je suis un coureur sous-estimé, j’en ai conscience. Si on connaît bien le vélo, on sait que je fais beaucoup de travail pour les leaders, notamment pour les placer comme avant le Mur de Huy sur la Flèche Wallonne pour Benoît (Cosnefroy). Il n’y a pas 50 000 coureurs qui peuvent faire ce genre de boulot. Il n’est jamais trop tard pour éclore. J’espère montrer mon meilleur visage cette année, comme j’essaie de le faire chaque saison. Je me concentre sur moi-même mais je commence à m’ouvrir de plus en plus aux médias. Je suis un garçon qui paraît discret mais en fait pas forcément. Je suis le premier DJ dans le bus pour mettre l’ambiance. J’espère avoir plus de reconnaissance dans le cyclisme, ça va venir avec ma bienveillance et les résultats. J’espère que ce n’est pas la dernière victoire à ce niveau-là. Je suis super content. C’est du plaisir, du bonheur. Il me manquait une gagne cette année, après j’avais quand même fait des grosses courses, Paris-Nice et le Tour de Catalogne, où il n'y a pas beaucoup d’ouvertures. Sur le Romandie, il y a un peu moins de niveau alors je voulais en profiter.
Tu as envie de quoi plus tard dans la saison ?
Je prends la saison course par course, en fonction de la forme. Elle est bonne en ce moment donc j’essaie de ne pas me prendre la tête, et de marcher sur les courses sur lesquelles je suis présent, aider un leader ou faire le meilleur résultat possible. C’est ma philosophie.