Océane Mahé : « Je suis bien dans cette vie-là »
Océane Mahé ne veut pas lâcher les couleurs bleu-blanc-rouge de si tôt. Vainqueure plutôt surprise l'an dernier, à Plédran, sur la course en ligne, celle qui évolue désormais chez Arkéa-B&B Hôtels s'est offert un nouveau maillot de Championne de France Espoirs, mais cette fois sur le contre-la-montre, ce mercredi, à Altkirch (voir classement). Celle qui porte les couleurs du Grand Est en avait fait un grand objectif (lire ici). Maintenant réussi, Océane Mahé confirme que tout a changé depuis un an, et ce titre acquis en Bretagne. La nouvelle Championne de France Espoirs face à la montre est revenue avec DirectVelo sur ce nouveau succès de marque dans sa carrière.
DirectVelo : Décidément, les Championnats de France te réussissent !
Océane Mahé : Je suis trop contente, je ne cache pas que c'était un objectif. Celui-là, je voulais faire quelque chose donc c'est juste incroyable, c'est trop bien.
Comment as-tu géré ton chrono ?
Je suis partie en gérant car c'était long. J'étais un peu perturbée car je n'avais pas de capteur de puissance. Tant pis, comme avant. J'ai eu peur de m'écraser dans la bosse du milieu car c'était vraiment dur. Puis j'ai fait super attention dans les descentes car c'est comme ça que je suis tombée l'année dernière. J'ai été super prudente. À la fin j'appuyais, j'avais les temps, on me disait Lise Ménage 2e temps, ça m'a poussée de ouf. Dans la dernière bosse, je ne me suis pas posé de questions, j'ai mis tout ce qu'il me restait, j'en ai encore mal à la gorge (sourire).
Le circuit te convenait ?
Je pense que oui, je suis de plus en plus rouleuse quand même. J'ai pris de la force en arrivant chez les pros, la partie plate ne m'a donc pas trop dérangée. Les bosses, c'est mon terrain de prédilection donc ça me convenait bien. Mais un chrono, il faut tout donner du début à la fin.
« LÀ, C'EST À LA PATTE »
Tu l'as préparé spécialement ?
Depuis le début de saison, notamment au Tour d'Extremadure en début de saison, j'étais super contente de mon chrono avec les meilleures. Je me disais qu'il y avait quelque chose à faire. J'ai gagné la route l'année dernière, et là avec le super matériel cette année avec Arkéa-B&B Hôtels, je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. J'ai récupéré le vélo il y a un mois, j'ai bien travaillé avec, et on est là !
Tu as parcouru un sacré chemin depuis ton titre de l'année dernière, qui était alors une surprise...
On peut dire qu'il y a une part de chance l'année dernière. Une course sur route, c'est plus aléatoire. J'ai profité du fait que les filles ne savaient pas qui j'étais. Là, c'est à la patte. Je savais que j'en étais capable car j'ai beaucoup progressé et je sais me faire mal. La progression depuis quelques mois est incroyable, c'est génial.
Ta vie a changé depuis ?
Du point de vue des études, j'ai aménagé ma scolarité, donc j'ai moins de cours qu'avant. J'ai beaucoup plus de temps pour m'entrainer, je me suis installée avec ma copine à Nancy (Lise Ménage, NDLR). On s'entraine toutes les deux, elle est étudiante aussi donc on a des rythmes de vie similaires, on se comprend, on s'aide et se pousse. Ça joue énormément, je suis bien équilibrée. Pour le moment ça se passe bien et j'espère que ça va continuer.
« IL Y A DES MOMENTS OÙ ON SE POSE DES QUESTIONS »
Ces premiers mois chez les pros te donnent l'idée de faire carrière ?
C'est sûr, mais ce n'est pas évident tous les jours. On se prend des tirs, entre guillemets. On arrive sur les Flandriennes, sur les pavés. Et à côté de Lotte Kopecky, on n'est personne. Ça fait bizarre. Parfois on se remet en question. Ce n'est pas un long fleuve tranquille. Il y a des moments où on se pose des questions, est-ce que c'est fait pour moi... On est souvent loin de la maison, mais au global je suis bien dans cette vie-là, et j'arrive à trouver des moments de calme donc ça me va bien.
Samedi, tu prendras le départ en tenante du titre...
Pour le moment j'ai très peu de pression, j'en avais davantage aujourd'hui. La course en ligne peut dépendre de plein de choses, plein de surprises. Un maillot, j'en ai déjà un. Donc si j'en ai un autre, génial, sinon tant pis. Pour le moment je n'ai même pas reconnu le parcours, la pression va peut-être monter après la reco (rires). Mais je viens détendue, ma semaine est de toute façon réussie.
Quel est ton objectif pour cette première année pro ?
J'aimerais bien participer au Tour de l'Avenir. Je l'ai fait l'année dernière avec la sélection Auvergne-Rhône-Alpes, et là c'est ma dernière occasion de le faire. Je pense qu'il peut y avoir des belles choses à faire. Mais ce sera à voir avec l'équipe de France. Au mois de juin il y a un beau calendrier qui peut me convenir avec la Grésivaudan, le Tour des Pyrénées, les courses de grimpeuses... Je veux apprendre et on verra la suite. Pour le moment le Tour n'est pas dans les plans. Le WorldTour est très compliqué. L'équipe a quand même la présence d'esprit que ce n'est pas forcément une bonne idée d'envoyer les filles qui sortent des amateurs. Mais on n'est pas à l'abri de plein de choses. J'ambitionne d'y être un jour, mais cet été, sûrement pas.