Julien Trarieux, un mois de coma et un miracle

Crédit photo DR

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Nuit du 15 mars 2024. Julien Trarieux rentre chez lui en scooter après avoir passé la soirée chez un ami. Il part à la faute sur sa machine, seul, entre Antibes et Nice, et heurte violemment le sol. Sa vie bascule, il frôle la mort. Le Provençal est transporté à l’hôpital dans un état très grave. Il se réveillera un mois plus tard. “J’ai encore du mal à réaliser ce qu’il s’est passé. J’ai l’impression d’avoir fait une longue sieste, c’est tout”, témoigne-t-il aujourd’hui auprès de DirectVelo, bientôt cinq mois après ce jour où sa vie a basculé, et bien failli s’arrêter. “Je suis retourné sur le lieu de l’accident pour essayer de m’en souvenir et de comprendre. Mais rien…”. Julien Trarieux n’a pas le moindre souvenir de l’événement. Les deux-trois mois qui ont précédé sont également devenus flous dans sa tête. “Je sais que j’ai gagné une course en Turquie avant l’accident mais je ne m’en souviens pas vraiment. Pour le reste, c’est bon. Je me souviens de tout. Quand je vais rouler, je me rappelle des routes que je prenais avant”, plaisante-t-il. Car aussi fou que cela puisse paraître, le sociétaire de la formation China Glory-Mentech est remonté sur son deux-roues depuis quelques jours. “Mes proches veulent me protéger, ma copine n’était pas très favorable à cette idée. Mais moi, j’en ai besoin, ça me fait du bien. C’est ma thérapie, ça ne me fait pas peur”.

« LE JOUR OÙ IL A OUVERT LES YEUX… JE M’EN RAPPELLERAI TOUJOURS »

Axel Narbonne-Zuccarelli, coureur professionnel chez Nice Métropole Côte d’Azur et ami proche de Julien Trarieux, se souvient très bien du coup de téléphone qu’il a reçu mi-mars, alors qu’il était à Cholet pour la manche de Coupe de France. Il raconte après coup ces semaines cauchemardesques qui ont semblé durer des années pour les proches de Julien Trarieux. “Les médecins n’étaient vraiment pas rassurants, c’était hyper chaud… On nous a clairement dit qu’il était possible qu’il ne se réveille jamais, ou alors en état végétatif”. L'ancien spécialiste de VTT passe dix jours sous sédatifs, “pour le maintenir”. Mais la situation ne s’améliore pas. “Dès qu’ils baissaient les sédatifs, la pression intracrânienne remontait. Les signaux n’étaient pas bons, d’autant qu’il y avait aussi une infection des poumons”. Au plus l'ancien coureur de l’AVC Aix-en-Provence et de Delko reste dans cette situation et au plus les chances de s’en remettre par la suite s’amenuisent. “La famille a vécu un mois très compliqué et très long où il fallait se rattacher à toutes les petites choses, les minuscules signaux positifs”. Sa compagne est alors enceinte de leur premier enfant au moment du drame. “Elle est infirmière alors on ne pouvait rien lui cacher. Mais elle a été très forte”, lâche Axel Narbonne-Zuccarelli. “Elle a vécu un enfer total mais je crois que je ne le réalise pas trop”, concède pour sa part Julien Trarieux.

Au bout d’un mois de coma, le voilà qui se réveille tout doucement. “Le jour où il a ouvert les yeux… Je m’en rappellerai toujours. J’étais sous le choc. Mais la phase de réveil a ensuite duré quand même un mois. Au début, il avait le côté droit paralysé, il ne pouvait pas s’exprimer etc, raconte Axel Narbonne-Zuccarelli. Un médecin nous a dit qu’il était dans ce service depuis 17 ans et qu’il n’avait jamais vu ça”. Le miracle a eu lieu. Tout doucement, Julien Trarieux réapprend à bouger, à manger, à s’exprimer… Puis il se met debout. “Il a fait des progrès hyper rapidement. Même les médecins étaient surpris. J’y ai toujours cru. Julien est une personne à la force naturelle incroyable. Il m’a toujours impressionné sur le vélo. Je savais que s’il avait ne serait-ce qu’une chance sur 1000, il s’en sortirait. Ce mec est un titan !”, s’exclame son ami, encore ému de revenir sur les événements de ces derniers mois.

« INTENABLE »

Après avoir passé plus de deux mois à l’hôpital, Julien Trarieux rentre enfin chez lui fin mai. Et peut assister à la naissance de son petit garçon le 5 juin. Désormais, le voilà qui a repris une vie presque normale. “Je vais encore suivre des séances de kiné et j’ai aussi rendez-vous chez l’orthophoniste mais tout va bien. J’ai repris les kilos perdus et je me sens bien”, promet-il depuis Gruissan, où il profite actuellement de vacances en famille. “Pour moi, tout est presque normal, quasiment comme avant. La seule différence, c’est que je suis plus prudent sur le vélo. Mais je veux passer à autre-chose le plus vite possible”. Finalement, l’athlète de 31 ans n’a pas véritablement conscience de ce qu’il a vécu et ne se sent pas réellement miraculé. “Je n’y pense pas, je n’analyse pas tout ça, je regarde juste vers l’avant”, enchaîne celui qui a repris par le Gravel plutôt que sur la route pour minimiser les risques. 

Une nouvelle vie commence pour le jeune Papa et il compte bien retrouver la compétition à moyen terme. “Le vélo, c’est une partie importante de ma vie. Je tiens d’ailleurs à remercier Lionel Marie qui est venu me voir à l’hôpital et toute l’équipe qui m’a beaucoup soutenu. J’ai envie de retourner au combat même s’il faut être prudent”. Axel Narbonne-Zuccarelli l’assure : son pote est une véritable pile électrique, inusable. “Il fait du home-trainer tous les jours, il me dit qu’il va revenir, qu’il n’a pas de temps à perdre après avoir fait la sieste pendant deux mois. Il ne lâche rien, il y va à fond. Il est intenable !”. Plus que jamais, Julien Trarieux compte croquer la vie à pleines dents.


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