Demi Vollering : « Pourquoi ne pas montrer ce qu'on ressent ? »

Crédit photo A.S.O / Charly Lopez

Crédit photo A.S.O / Charly Lopez

Ce mardi, Demi Vollering a enlevé la troisième étape du Tour de France lors du court chrono de six kilomètres tracé dans les rues de Rotterdam. Et avec la manière, en repoussant de cinq secondes sa première poursuivante. Un gouffre sur un effort de seulement 7'25" (voir classement). La Néerlandaise de la SD Worx-Protime, qui s'est également emparée du maillot jaune, est revenue sur sa victoire en conférence de presse. DirectVelo était présent pour recueillir la réaction de la tenante du titre de l'épreuve. 

DirectVelo : Comment analyses-tu ce succès ?
Demi Vollering : Je suis la première surprise. Je n'avais aucune attente avant le chrono. Mon but était de survivre aux deux premières journées sans avoir de problèmes. Je ne sais pas comment j'ai pu gagner. J'ai senti que je volais sur ce parcours. Pendant la reconnaissance, une de mes coéquipières m'a dit que je pouvais réaliser une belle performance. Je ne me suis pas entrainée spécialement pour cet exercice. C'est une victoire pour laquelle je n'ai pas d'explication.

Pourquoi es-tu si surprise ?
Sur le papier, ce chrono convenait aux rouleuses et aux sprinteuses. Ce que je ne suis pas, c'est pourquoi cette victoire est totalement imprévue. Je rêvais de prendre le maillot à la maison, mais j'estimais mes chances à zéro vu la nature du parcours. Mon plan était de le prendre plus tard dans la semaine. C'est juste un rêve de l'avoir déjà maintenant.

Comment vis-tu ce départ chez toi, aux Pays-Bas ?
C'est spécial d'être sur le podium avec autant de monde, mes amis et ma famille. C'est quelque chose que je n'oublierai pas de si tôt. Le Tour prend de l'importance chaque année depuis sa création. Le fait de le démarrer dans une grande ville comme Rotterdam est extraordinaire. Cela aide notre sport. J'en ai également discuté avec mes coéquipières. Nous n'avons jamais eu autant de supporters rien que pour nous. D'habitude, nous voyons du monde durant les Classiques où nous roulons le même jour qu'avec les hommes. Aujourd'hui, les gens se déplacent rien que pour nous. C'est chouette à voir.

On te voit souvent émue depuis le début de Tour de France. Pourquoi ?
Le fait d'être si encouragée me donne des frissons. Les émotions prennent le dessus. Je ne suis pas quelqu'un qui intériorise beaucoup. Il faut que ça sorte. C'est ce qui fait ma force. Je me nourris du moment-même. Généralement, le sport de haut niveau veut que tu montres à quel point tu es fort, mais ce n'est pas comment je le conçois. Pourquoi ne pas montrer ce qu'on ressent ? Où est le mal à ça ?

« UNE DE MES COÉQUIPIÈRES EST VENUE ME RÉVEILLER »

Est-ce difficile de se remettre dedans après une demi-étape au matin ?
Après l'étape de ce matin, j'ai fait deux petites siestes. J'ai oublié mon gsm dans le bus. Quand nous sommes revenues à l'hôtel, je me suis allongée et je suis tombée de fatigue. C'est une de mes coéquipiers qui est venue me réveiller. Dans le bus, après la reconnaissance, j'ai voulu un peu méditer mais je me suis encore endormie. J'étais vraiment trop détendue avant ce chrono. Je me disais que ça n'allait pas le faire car il faut être à fond dedans dès le début sur six kilomètres.

A quel point la méditation est-elle importante dans ton quotidien ?
Cela me rend forte. Pour moi, c'est important de ne faire qu'un avec mon corps. Beaucoup de gens ne vivent qu'en esprit. C'est pourquoi je fais beaucoup de travaille de respiration intensive en course. Je veux avoir les meilleures sensations intérieures pour repousser les limites de la douleur durant l'effort.

Que penses-tu de cette formule à deux étapes le même jour ?
Je n'aime pas trop. Cette petite étape le matin était effrayante. Tout le monde est frais et pensait avoir une chance dans le final. On le voit, il y a des chutes. Mais mes coéquipières m'ont protégé du vent toute la matinée.

Peux-tu envisager de laisser le maillot à une autre concurrente mercredi lors de l'étape ardennaise à Liège ?
Ce n'est pas comme si le Tour durait trois semaines, comme chez les hommes. L'équipe veut vraiment le défendre jusqu'au bout. Ce sera également une journée importante pour le classement général. Il est probable que si je lâchais la tunique à quelqu'un d'autre, ce serait à une fille capable d'avaler les bosses et donc sûrement une grimpeuse. Ce ne serait pas une bonne idée.

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