La catégorie Espoirs a-t-elle encore du sens ?

Crédit photo UEC

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Dès 2025, le Championnat du Monde Espoirs ne sera plus accessible aux coureurs des WorldTeams ou ProTeams (voir ici). Une décision qui divise. Certains la saluent, d’autres la regrettent. Parmi les partisans, on retrouve notamment le sélectionneur du Luxembourg, Jempy Drucker. “Les coureurs qui sont dans une WorldTeam ou ProTeam ont par définition un contrat professionnel. Moi, j’estime que la catégorie Espoirs doit permettre aux coureurs de se montrer afin de justement trouver une équipe. Et les Championnats d’Europe et du Monde sont les meilleurs endroits possibles pour se faire remarquer. C’est clairement une évolution positive”.

Même son de cloche pour le directeur technique de Belgian Cycling, Frederik Broché. “La transition entre les Juniors et les Espoirs n’est pas facile. Tout va si vite. Si on leur met les pros du WorldTour dans les pattes, les vrais Espoirs, ceux qui étudient encore, restent sur le carreau”. Le Belge veut savoir si la règle sera étendue aux autres manches de la Coupe des Nations, qui risque de perdre le Tour de l’Avenir, amené à inviter les équipes de marques dont la plupart des réserves des plus grosses nations mondiales. La nouvelle mouture pourrait ne comporter que deux manches en 2025 : l’Orlen GP et la Course de la Paix. Pierre-Yves Chatelon veut garder des courses avec l'équipe nationale pour amener les talents dans un processus d’évolution sur plusieurs années. "Nous, on croit beaucoup à l’idée d’un cursus équipe de France. On estime que les performances des (Julian) Alaphilippe ou (Christophe) Laporte sous le maillot de l’équipe, c’est parce qu’on cultive un état d’esprit équipe de France à travers chacune des sélections nationales dans chacune des catégories”.

« POURQUOI FAIRE UNE COMPÉTITION SANS LES MEILLEURS ? »

Pour le sélectionneur de l'équipe de France Espoirs, toujours, cette décision va amener des titres au rabais. "Pourquoi faire une compétition des moins de 23 ans sans les meilleurs de ces générations au départ ? Les Espoirs, est-ce du développement ou alors une vraie catégorie d’âge ?". Raison pour laquelle selon le sélectionneur du Danemark Anders Lund, il faut une réflexion de fond sur l'essence-même de la catégorie. "Je pars du principe que l’existence de la catégorie s’établit dans une stratégie de développement des jeunes coureurs. C’est vrai qu’actuellement, nous sommes dans une situation qui met en exergue les très jeunes talents qui sont déjà forts très tôt. On ne doit pas oublier que beaucoup de coureurs peuvent faire un énorme bond dans leur développement lors des deux dernières années chez les Espoirs, considère-t-il. Ces coureurs à la maturité moins rapide sont mis en danger par les plus jeunes, mais on ne doit pas les laisser tomber. Chez nous, il n’y a pas si longtemps, des Jonas Vingegaard, Kaper Asgreen ou Mads Pedersen ont explosé avec le temps, sur un travail de longue durée”

En fermant l'accès aux coureurs WT et PT, le peloton des prochains Championnats du Monde Espoirs sera composé en majorité de coureurs issus des équipes de développement. "Si on n'est pas dans une de ces équipes, ça devient difficile de passer pro. Quand tu es en club, tu peux espérer obtenir le transfert vers une Conti de développement, pour ensuite aller dans le WorldTour ou en ProTeam", souligne Frederik Broché. Les coureurs des Conti de développement ont, pour certains, des contrats pros. Sont-ils dès lors à leur place, eux aussi, sur un Mondial U23 ? “C’est bien la raison pour laquelle l'UCI doit plutôt trancher la question de savoir si la catégorie Espoirs a encore un intérêt”, conclut Pierre-Yves Chatelon.

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