Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme : « Une très bonne mesure »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

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Pour eux, c’est une véritable aubaine. Même si tout ne correspond pas à ce qu’ils espéraient, avec par exemple l’impossibilité de faire à ce jour une Classe 1 française en 2025 en raison de l’opposition à ce projet de la Ligue Nationale de Cyclisme (lire ici), quelques clubs amateurs ont bien l’intention de postuler au statut de Continentale Fédérale. C’est le cas de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme, club qui a envoyé ces dernières années une dizaine de coureurs chez les professionnels et remporté la Coupe de France N1 en 2023. Christian Milesi, directeur sportif historique du club burgien, explique à DirectVelo les raisons qui poussent son club à candidater à ce nouveau label (lire le mode d'emploi) mis en place par la Fédération Française de Cyclisme.

DirectVelo : Pourquoi Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme souhaite postuler au statut de Continentale Fédérale ?
Christian Milesi : La Continentale Fédérale est quelque chose qui correspond à nos attentes et à notre réflexion des dernières années, notamment après le dernier exercice où nous avions eu quatre victoires sur des Classe 2 et la victoire en Coupe de France N1. On s’est aperçu que nous sommes presque repartis de zéro l’hiver dernier, rien de ce qu’on avait fait l’an passé n’était valorisé ni gravé dans le marbre. Cette mesure, on la sentait bien. J’en avais parlé en mars sur DirectVelo (lire ici) et ce que j’avais dit, c’est quasiment ce qui est proposé.

Qu’est-ce que ce statut peut changer pour un club comme Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme ?
Ça peut paraître prétentieux mais quelques équipes ont besoin de se démarquer. En 2022, on s’est retrouvé à 27 en N1. C’était néfaste, on a laissé monter trop de monde. Cette ultra-concurrence a fait faire des bêtises à des clubs. Le seul critère de régulation était sportif. Certains ont vécu au-dessus de leurs moyens pour se sauver. On voit des clubs historiques comme Vaulx-en-Velin et Saint-Etienne arrêter leur équipe après avoir voulu se mêler à la guerre imposée avec 27 N1. Il faut faire de la régulation et elle ne peut pas être faite par le bas. On veut donc se distinguer par rapport aux autres N1, avec un critère de choix par le haut. Il faut laisser sortir des équipes vers le haut plutôt que d’en laisser mourir.

« SURPRIS DES RÉTICENCES »

Selon toi, il y a donc un vrai intérêt à avoir ce statut de Conti Fédérale…
Oui, il y a un vrai intérêt. On postule car on veut stabiliser ce qu’on a fait ces dernières années, ce n’est pas pour dire qu’on est une super N1. Le cyclisme amateur français, italien et belge permet à beaucoup de coureurs de passer pro. Les coureurs de nombreux autres pays en profitent. Il faut sauver ça, il ne faudrait pas qu’on devienne dans peu de temps comme en Suisse ou en Angleterre, avec quasi aucune course organisée. Et si les clubs organisateurs disparaissent… On est un pays historique du vélo. On forme des Juniors et des Espoirs appelés à passer pro ensuite. Pour que ça dure, il faut nous laisser participer à la fête. L'ouverture n’est pas énorme, ce n’est pas un cataclysme pour le monde pro.

Qu’est-ce que ça peut vous apporter ?
Avec cette mesure, on pourrait faire plus de Classe 2. On espérait pouvoir courir très ponctuellement en Classe 1.

Mais la Ligue Nationale de Cyclisme s’est opposée à cela…
On ne veut pas un statut volé mais quelque chose d'indexé dans ce qui se fait partout dans les autres pays. On ne veut rien piquer à personne. Nos demandes sont minimes. C’est une goutte d’eau alors je suis surpris des réticences. Dans le cyclisme français, on est hyper protectionniste, il faut conserver ça bien sûr. On ne veut pas marcher sur les plates bandes des Continentales françaises. L’idée n’est pas d’aller sur toutes les Classe 1 ou les manches de la Coupe de France mais on aimerait un joker sur une Classe 1.

Avec par exemple pour vous une présence au Tour de l’Ain…
C’est la clé pour trouver des partenaires. Il y a de l’argent qui circule dans le vélo. Dans notre département de l’Ain, il y a des arrivées du Tour de France régulièrement, le Tour de l’Ain, le Valromey… Si on nous laisse participer à un Tour de l’Ain, on laisse l’argent dans la même bulle. C’est du bon sens pour le cyclisme. Dans notre sport, l’argent ne redescend pas du monde pro. Ça nous ouvrirait une petite porte de participer à une Classe 1… On n'en demande pas plus.

« ON NE VA PAS DÉSTABILISER LE CYCLISME PRO FRANÇAIS »

Pour une Continentale qui en France est obligée de salarier ses coureurs, l’arrivée des Conti Fédérales qui n’a pas cette obligation n’est pas forcément une bonne chose…
Être en Conti Fédérale permettra de faire plus de Classe 2, et je l’espère une ou deux Classe 1 et ça s’arrêtera là. On est toujours dans l’objectif de formation, avec le coureur au centre du projet. L’idée n’est pas de piquer la place d’une autre équipe mais on veut être présent devant nos partenaires. L’organisateur et les financeurs le verraient d’un bon œil. On peut avoir le niveau ponctuellement. On n’aura pas le bus d’une Conti… Ces équipes-là, on ne va les croiser que très rarement. On ne va pas déstabiliser le cyclisme pro français. À nous d’être intelligents. Ça ne doit pas être un projet de personnes mais un projet club.

Aujourd'hui, où en est votre dossier ?
On n’était pas dans le groupe de travail mais on était très tôt hyper motivé par le projet. On travaille aujourd’hui sur la partie financière, on n’a pas toutes les réponses mais celles qu’on a sont positives. Il nous reste un morceau du budget à trouver. Cette somme nous permettra d’être plus à l’aise. En raison de l’inflation, il a déjà fallu depuis deux ans augmenter le budget de 100 000 euros sans faire plus de choses…

Vos partenaires savent que vous n’allez peut-être pas pouvoir faire des Classe 1 en 2025 ?
On dit clairement qu’aujourd’hui, ce n’est pas possible mais que ce nouveau statut nous ferait passer un palier. On le voit avec notre recrutement, on intéresse d’autres coureurs, et on le voit aussi dans le rapport avec les partenaires. On est obligé de faire comme si… On est dans le money time.

Es-tu confiant pour 2025 ?
On est optimiste. On souhaite que tout se passe dans un consensus, je n’aimerais pas qu’il y ait un passage en force par rapport à la Ligue. J’espère que ça viendra naturellement. On veut garder le rôle qu’on a en N1, former des jeunes et organiser des courses. C’est à nous de faire du bon boulot. Comme je l’ai dit, on veut stabiliser ce qu’on fait, libérer de la place en N1. On doit bien faire les choses et ne pas se prendre pour ce qu’on n'est pas. On organise 24 courses par an, nos bénévoles sont présents sur les courses de la région. Ils ont envie de nous voir sur une Classe 1, les coureurs ont envie d’y être… On peut profiter d’une porte d’entrée pour sortir de la situation dans laquelle se trouve le cyclisme amateur français. Ça m'embête de voir des clubs arrêter. En Auvergne-Rhône-Alpes, on en a perdu trois en deux ans en N1. C'est donc une très bonne mesure qu’on nous propose. On a été voir des partenaires. Être présent sur plus de Classe 2 ne change pas grand-chose mais être au départ du Tour de l’Ain, ça changerait tout pour un club comme le nôtre.

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