Victor Drouet : « Le meilleur des hommages »

Victor Drouet a pu lever les bras pour la première fois de sa carrière dimanche dernier lors du Grand Prix d’Avranches (voir classement). Une victoire très forte en émotion pour le coureur de 21 ans après une saison terrible. "Dès le début, j’ai eu une blessure au genou liée à mes pédales de capteur de puissance, et des maladies à répétition". Des soucis qui sont finalement vite parus anodins mi-juillet, lorsqu'il a connu un drame avec l'accident mortel d'un ami, Thomas Bouquet, alors même qu'ils étaient en train de partager une sortie d'entraînement (lire ici). "J’étais en altitude en Haute-Savoie avec mon frère (Jules) et deux autres coureurs. Dans une descente de col, Thomas (Bouquet) est décédé après avoir été percuté par un camion. Cette victoire me fait vraiment beaucoup de bien au moral"

Seul représentant de l’USSA Pavilly Barentin au départ de l’épreuve normande, il lui a fallu être fin tacticien pour tirer son épingle du jeu. "Après 40 minutes de course, un gros coup est parti avec Adrien Lagrée (Team Bricquebec Cotentin) et Killian Briand (VC Avranches). Je savais que s’ils bougeaient, je devais le faire aussi donc j’ai calqué ma course sur eux, explique-t-il. J’ai attendu jusqu’à trois tours de l’arrivée au sein du groupe avant d’attaquer dans la difficulté du circuit. Je me suis fait rejoindre par Antoine Mias (Team Bricquebec Cotentin) et on a tout fait ensemble jusqu’à l’arrivée. J’ai attaqué une dernière fois pour m’imposer en solitaire. C’était très compliqué à gérer comme course mais je voulais vraiment lever les bras".

« ON A EU UN SUIVI PSYCHOLOGIQUE »


Une motivation décuplée, donc, par l’envie de bien faire en mémoire de son ami. "Je pense souvent à lui depuis l’accident. Pendant l’Estivale Bretonne, j’ai failli gagner la dernière étape, je me suis fait reprendre à la flamme rouge. Je voulais à tout prix gagner une course pour lui cette année". Et pourtant, le vélo n’était plus une priorité pour les frères Drouet après l’accident. "Ça nous a pas mal repoussés avec mon frère. On a fait une longue période sans vélo car c’était vraiment difficile à vivre. On a eu un suivi psychologique, de l’EMDR (intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires, en français, soit une thérapie pour traiter le stress post-traumatique, NDLR). C’est surtout grâce à ça qu’on a réussi à penser différemment car c’était compliqué, avoue-t-il au micro de DirectVelo. On s’est dit qu’il fallait qu’on roule pour lui. Il n’aurait pas aimé qu’on se morfonde mais plutôt qu’on continue de vivre. Mon frère et moi voulions à tout prix gagner une course pour lui rendre le meilleur des hommages".

Sportivement, ces trois premières années Espoirs "n’ont pas été celles escomptées", confie le Sarthois (voir fiche DirectVelo). "Ma première année a été marquée par deux grosses chutes qui m’ont empêché de courir, et la seconde était pour revenir au niveau. Après avoir terminé mon BTS l’an dernier, je me suis consacré deux ans au vélo mais cette année n’a pas été comme je pouvais l’espérer. Je n’ai pas fait de résultats, que des places anecdotiques même si ça commence à venir. Je suis quand même passé plusieurs fois proche du succès sur cette fin de saison". Une confiance retrouvée grâce à cette victoire qui lui laisse présager du bon pour sa dernière année dans la catégorie d'âge, en 2025. "Je sais que j’ai une belle marge de progression. J’espère pouvoir trouver des terrains de jeu plus à ma convenance car je suis grimpeur. J’arrive à faire quelques différences sur les montées dans l’Ouest mais ce n’est pas assez long. J’aimerais me faire plaisir sur de vraies ascensions". 

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