Les Espoirs français se sont fait « taper dessus »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Les interviews d'après-course ressemblent beaucoup à celles de la veille côté tricolore. Les Espoirs ont subi la même météo que les Juniors, mais avec un résultat bien différent. Si Paul Seixas avait sauvé une place d'honneur, ce vendredi les Espoirs ont pris l'eau dans tous les sens du terme, avec un Ewen Costiou comme premier tricolore, hors du Top 25 (voir classement). "Franchement, on s'est fait taper dessus, c'est une grosse déception", commence l'habituel coureur d'Arkéa-B&B Hôtels. "On est déçus, et je suis déçu personnellement. Je me sens désolé pour la Fédération française. On était tenant du titre et on n’a pas pu assumer notre statut malheureusement. On ne venait pas pour faire ça", ajoute Thibaud Gruel. Le sélectionneur, Pierre-Yves Chatelon, va dans le même sens. "Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Je ne leur en veux pas car faire du vélo dans ces conditions, c’est compliqué. Aujourd’hui on n’a pas pu jouer".

« IL N'Y A RIEN QUI ALLAIT »

Comme les U19, les U23 ont beaucoup moins bien supporté la météo catastrophique que leurs adversaires, avec pluie, froid et même cinq minutes de grêle pour saupoudrer le tout. "Il a vraiment fait très froid et j’ai vite senti que ça allait être compliqué. Je sentais que mon corps se battait plus contre le froid que sur l’effort", rapporte Ewen Costiou. "On prend un gros coup de froid, j’étais complètement éteint dans la descente, avant qu’il reste deux tours de course, c’est la première fois que ça me fait ça. C’était vraiment horrible. On venait pour faire beaucoup mieux et on ne repart avec rien, c’est triste", ajoute Thibaud Gruel, qui parle même de "la pire journée cette saison. Pourtant d'habitude j’aime bien ces conditions mais là je ne comprends pas ce qu’il s’est passé. Je ne pouvais plus rien faire".

Pierre-Yves Chatelon a pourtant eu partiellement espoir que la course tourne favorablement. "On a fait un peu illusion sur les premiers tours avec un coup qui se dégage à dix/onze mecs, avec Ewen et Thibaud. Après Ewen a un peu subi techniquement, il était fort dans les bosses mais mal placé à l’approche. On coince à la fin. Le froid et la pluie étaient pour tout le monde donc il n’y a pas grand-chose à dire". Thibaud Gruel a vu la course de l'équipe de France plonger. "Ça s’est vite cassé la gueule. On a eu une bonne période mais ça n’a pas duré longtemps malheureusement…". Ewen Costiou a alors voulu sauver les meubles. "J’ai demandé à Thibaud (Gruel) et Brieuc (Rolland) et aucun ne m’a dit qu’il était bien". Et le Breton n'a fait que subir lui aussi. "C'est devenu de plus en plus compliqué avec le vent glacial et la pluie, on était congelé. Ça devenait compliqué de manger aussi, il n’y a rien qui allait".

« ON A SUBI TOUTE LA COURSE »

En plus de ces conditions, certes identiques pour tout le peloton, le scénario n'a pas non plus été favorable à Ewen Costiou. "C'était pour moi insupportable, ça relançait tout le temps, ça roulait par à-coups et ça m’a vite mis à bloc. Je n’ai vraiment pas l’habitude de ce scénario, c’était vraiment difficile". À l'image de ses difficultés depuis le Tour d'Italie. "Depuis ma chute, j’ai vraiment du mal à retrouver le niveau que j’avais avant le Giro. C’est un peu compliqué comme période mais j’espère que ça va revenir". Outre le physique, la tête n'a pas répondu non plus. "Il y avait un peu de pression sur ce Mondial, peut être que je m’en suis trop mis. Pourtant, ce n’est pas comme si je n’avais pas l’habitude d’attendre un résultat". Au final, Pierre-Yves Chatelon résume la course de ses protégés en une phrase. "On a subi toute la course, on n’a jamais été en mesure de l’emporter".

Mais avec une telle équipe sur le papier, le sélectionneur n'a aucun regret sur ses choix. "Ils n’ont pas fait d’erreurs tactiques. Pour la composition d’équipe on ne pouvait guère faire mieux, on n’était tout simplement pas dans le coup physiquement". La confiance était totale, et l'est toujours malgré cet échec. "Je leur ai dit que je ne leur en voulais pas, les conditions sont difficiles. Je pars du principe que quand je fais confiance à des garçons en les sélectionnant, je leur fais confiance jusqu’au bout. Dans tous les cas, qui mettre d’autres qu’eux six dans une sélection pour faire une course plus aboutie ? Je ne vois pas". Et la soupe à la grimace de ses coureurs le rassure presque. "C’est bien qu’ils aient cette réaction-là. Ça fait partie de leur apprentissage. On n’est pas remonté contre eux. L’an dernier ça a tourné en notre faveur et cette année on ne jouait plus rien à deux tours de la fin, c’est comme ça". À charge de revanche l'année prochaine. 

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