Lotte Kopecky a eu le temps de se voir perdre

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo

Pendant quelques kilomètres, il semblait difficile, pour ne pas dire improbable, que Lotte Kopecky conserve son titre mondial. Et pourtant, la Belge est revenue du diable Vauvert à 14 km de l’arrivée, profitant d’un gros marquage entre les concurrentes de tête. La Championne du Monde en titre est ensuite parvenue à contrôler toutes ses adversaires, jouer avec les nerfs de sa principale rivale Demi Vollering lorsqu’Elisa Longo Borghini a failli filer pour de bon, puis régler tout ce beau monde au sprint dans la dernière ligne droite détrempée de Zurich (voir classement). “C’est encore le scénario parfait pour moi. Je suis ravie, j’ai atteint pratiquement tous mes objectifs cette saison”.

Pour gagner, la Belge a pris le risque de tout perdre, avec une tactique précise en tête : ne pas prendre un relais dans le final et laisser tout le poids de la course à son habituelle coéquipière et rivale Demi Vollering. “Quand Elisa Longo Borghini a attaqué, j’étais persuadée qu’elle roulerait derrière. Je savais qu'elle voulait absolument gagner ce Mondial, elle l’a assez dit”, assure Lotte Kopecky à DirectVelo lorsqu’on lui demande à quel point elle était prête à jouer avec la Néerlandaise sur l’attaque de l’Italienne. “Honnêtement, Elisa a attaqué tellement fort que le temps que Demi se décide à rouler, j’ai eu le temps de penser que c’était perdu et qu’on ne reviendrait jamais. Mais finalement, elle nous a ramenées sur elle”. Et on connaît la fin de l’histoire, avec une arrivée au sprint durant laquelle Lotte Kopecky n’a pas trouvé de rivale à sa mesure.

« LEUR PLUS GRANDE FORCE EST AUSSI LEUR PLUS GRANDE FAIBLESSE »

Sa plus grosse frayeur, la désormais double Championne du Monde sur route l’avait donc connue un peu plus tôt, lorsqu’elle avait été lâchée à la faveur d’une ascension, au bout du circuit de Zurich. “J’ai passé un sale moment sur l’accélération d’Elisa. Mais j’ai géré car je ne voulais pas exploser. J’étais certaine qu’il y avait une possibilité de rentrer si je ne m’affolais pas”, assure-t-elle encore. Mais si l’athlète de 28 ans a pu l’emporter, c’est aussi parce que les Néerlandaises se sont courues les unes sur les autres. “On a vite vu que certaines de leur équipe avaient un rôle bien clair. Par contre, une fois que Marianne (Vos) s’est retrouvée devant dans un groupe de quatre, avec une coéquipière, elles auraient pu jouer autrement car c’était la plus rapide des quatre”, analyse Lotte Kopecky, sans langue de bois. À ce moment-là, alors que Justine Ghekiere représentait la Belgique à l’avant, ce sont les… Néerlandaises qui ont ramené le groupe des favorites sur le quatuor de Marianne Vos.

Cette situation a également été bénéfique à Chloé Dygert. En bronze au chrono, elle décroche cette fois l’argent après s’être arrachée dans le final. “Parfois, les Néerlandaises travaillent très bien ensemble et à d’autres moments, c’est tout l’inverse. Lorsque tout le monde veut gagner dans cette équipe, ça les fait perdre. Leur plus grande force est aussi leur plus grande faiblesse”, résume l’Américaine. De son côté, Elisa Longo Borghini - qui promet avoir beaucoup aimé cette météo dantesque favorable à ses aptitudes - s’est vue récompensée de sa course offensive par une (nouvelle) médaille de bronze à l'arrivée. “Quand j’ai attaqué dans le final, j’espérais que (Demi) Vollering ait l’intelligence de laisser faire mais elle voulait absolument gagner et a préféré rouler”. Quitte à emmener Lotte Kopecky dans un fauteuil. La Flamande n’en demandait pas tant. 

 

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