Grand Est : Pas de vélodrome couvert mais l'envie de bien faire

Crédit photo Philippe Le Cocq - Les Photos de Phil

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Jusqu'à la ligne, il s'est battu. Aaron Thong s'est fait la peau pour marquer les deux points du dernier sprint de la qualification pour la finale de la course aux points. Il lui en manque un pour participer à la course pour le titre de Champion de France Cadets. Le comportement du sociétaire du VC Wittenheim est à l'image de celui de ses camarades de la sélection du Grand Est présente à Loudéac, début novembre, au Championnat de France de l'Avenir. Ils ont défendu leurs chances jusqu'au bout et, après tout, c'est tout ce que leur demande le règlement. "On ne leur demande pas de résultat, on leur demande de faire ce qu'ils peuvent. Ils sont volontaires, actifs, qu'ils essaient de faire parler d'eux. Les Juniors veulent trop bien faire et se mettent de la pression", explique Jean-Loup Schneider de la commission piste régionale. Les coureurs ont fait avec leurs moyens, physiques et mécaniques aussi. La différence de matériel était criante en poursuite par exemple.

Pour rejoindre la Bretagne, la petite troupe du Grand Est a traversé un désert de vélodrome entre la Lorraine et Paris. La piste de Reims, couleur rose biscuit, est en miette depuis longtemps. Celle de Lunéville n'est plus utilisée. Restent en activité, les vélodromes de Commercy, Colmar et Strasbourg. "L'EC Colmar organise le Grand Prix de Colmar sur trois soirées. Depuis deux ans, une entente de clubs du côté de Strasbourg organise le Grand Prix de Strasbourg sur quatre soirs en juin. Il y a des entraînements collectifs le mardi soir", précise Jean-Loup Schneider. Il y a aussi deux Teams piste formation, dans le Haut-Rhin et dans le Bas-Rhin. "C'est la volonté des comités", ajoute-t-il.

« ILS DISENT QUE ÇA FAIT PEUR »

Il n'y a donc pas de piste couverte. "C'est notre handicap", reconnaît l'encadrant. Philippe Ehlinger, le mécano, imagine une solution. "On pourrait peut-être avoir un projet en commun avec la Bourgogne-Franche-Comté pour mutualiser les frais". La FFC a d'ailleurs rencontré la ville de Besançon pour un projet de vélodrome couvert. Zoé Raimbault est bien placée pour mesurer les effets de l'absence de vélodrome couvert. Avant d'être licenciée dans le Grand Est grâce à son appartenance au Team Ardennes Féminin, elle a débuté dans le Centre-Val de Loire. "J'étais à l'AC Bas-Berry, je fais de la piste depuis que je suis Minimes. J'ai été habituée à faire des hivers sur piste à Bourges et pas dans les cyclo-cross". Les coureurs s'adaptent à la situation et le cyclo-cross fait aussi partie de la tradition des départements du Grand Est.

Victor Schneider a gagné les Grand Prix de Colmar et Strasbourg. Le Junior sent bien que les coureurs de son âge ont du mal à essayer la piste. "Comme on n'a pas d'infrastructures, on ne peut pas l'essayer. Ils disent que "ça fait peur" parce qu'ils n'ont pas la possibilité d'essayer. On ne se développe pas à cause de ça, on doit être le plus petit comité. J'avais un coéquipier d'Américaine mais il a arrêté la piste". Zoé Raimbault ajoute "ce qui fait la différence c'est un outil qui sert toute l'année". Ce manque se ressent dans l'entraînement. "J'ai fait du spécifique sur route. Cette année, je suis aussi allé faire des séance de spécifique sur la piste de Strasbourg", raconte Victor Schneider.

DERNIÈRE COMPÉTITION LE 5 SEPTEMBRE

Zoé Raimbault voit bien que le comité fait ce qu'il peut pour ses coureurs. "Le Grand Est arrive à être au niveau dans l'encadrement". En plus du mécano, l'assistante Nathalie Grégoire joue son rôle de soutien moral. "C'est une demande des coureurs. Mercredi après la première journée difficile, ça leur a permis de parler pendant le massage, précise Jean-Loup Schneider. On essaie de les mettre dans les meilleures conditions, de leur apporter des conseils tactiques, il y a le briefing le soir. Mercredi, les Juniors sont passés à travers pour des raisons différentes, on a discuté pour voir ce qui n'était pas allé". Durant la saison, le comité a fait l'effort d'emmener une sélection à la Coupe de France Juniors à Poitiers. "Le problème c'est d'obliger les comités d'y participer (pour pouvoir participer au Championnat de France, NDLR), même ceux qui n'ont pas de piste. À Poitiers, nous n'avons envoyé que des Juniors Hommes mais Zoé Raimbault était malade". La FFC a d'ailleurs repêché le comité du Grand Est qui avait fait preuve de bonne volonté.

Le comité du Grand Est a fait le choix d'emmener à Loudéac des Cadets 1 "pour leur apprendre, souligne Jean-Loup Schneider. Les Cadets étaient à la finale de la Coupe de France des départements à Bonnac-la-Côte mais on était dans les derniers. C'était le 5 septembre et c'était leur dernière compétition. On a essayé de participer à des Championnats régionaux d'autres comités, sans être classés, mais ça ne s'est pas fait. Pour emmener les coureurs dans des compétitions en France ou à l'étranger, ce n'est pas facile. Nous sommes bénévoles, on travaille. On a compensé par le cyclo-cross".

« SI ON INVESTIT, ON VA GAGNER DES SECONDES »

Le manque d'habitude des vélodromes se niche dans tous les détails. "J'ai plus l'habitude pour l'échauffement, une habitude que n'ont pas forcément encore les Cadets", relève Zoé Raimbault. De son côté, Victor Schneider n'avait plus couru sur piste depuis cet été, c'était à Roubaix. Il sent qu'il le paie sur le bois de Loudéac. "Il me manque des automatismes. Je saute à la qualif' de l'élimination (un scratch, NDLR). On ne met pas les mêmes braquets que sur une piste en ciment". En revanche, il a réussi à passer du bon côté du couperet de la qualification pour l'Omnium.

Dans une discipline où l'aérodynamisme est roi, le matériel joue un rôle clef. Et de ce côté-là aussi, le Grand Est n'est pas le mieux servi. "Le comité possède trois paires de roues et chaque coureur apporte son vélo", précise Jean-Loup Schneider. C'est ainsi que les coureurs ont participé à la poursuite avec des cadres classiques, cintre de course, une roue lenticulaire à l'arrière, à rayons à l'avant, face à des concurrents les bras sur les prolongateurs sur un cadre profilé. "On sait que si on investit, on va gagner des secondes". Les jeunes pousses de l'Est ont donc encore une marge de progression et Philippe Ehlinger, le mécano, résume la vocation des bénévoles de l'encadrement. "Notre plaisir c'est d'aider un jeune à progresser et de retrouver plus tard son nom dans le journal".

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