François Trarieux : « Je suis très fier d’elle »

Crédit photo Alexis Dancerelle - DirectVelo
François Trarieux peut (déjà) souffler. Après la médaille en bronze du relais mixte vendredi, le sélectionneur national a vu la Vauclusienne Lise Revol réussir une remontée victorieuse dans les deux derniers tours du Championnat du Monde Juniors Femmes de cyclo-cross pour décrocher le maillot arc-en-ciel, à 16 ans. “Je voulais entendre au moins une fois La Marseillaise ce week-end et c’est chose faite”, sourit le sélectionneur national, qui a répondu aux questions de DirectVelo dans la zone d’arrivée, à Liévin.
DirectVelo : Lise Revol est Championne du Monde !
François Trarieux : On savait que la Tchèque (Barbora Bukovska, NDLR) était l’une de nos plus grosses adversaires avec Raphaëlle (Carrier). On savait aussi que depuis le début de l’année en Coupe du Monde, elle fait des départs vraiment poussifs, contrairement à Lise mais aussi Lison (Desprez). Je voulais qu’elles courent comme elles ont l’habitude de le faire, sans rien changer. Quand j'ai vu que Lise avait tout de suite pris une dizaine de secondes d’avance, j’ai demandé à Lison de repasser dans la partie technique, pour que ça fasse la différence et qu’ensuite, Lise puisse gérer sa course un petit peu comme elle l'avait fait à Benidorm. C’était l’occasion de vite faire le trou et c’est ce qu’il s’est passé puisqu’il y a rapidement eu un écart de 25 secondes.
« LISE A FAIT PREUVE DE GRANDES QUALITÉS TECHNIQUES »
Mais la situation s’est inversée et Lise a un temps été en deuxième position, près d’une quinzaine de secondes derrière Barbora Bukovska…
La Tchèque a commencé à revenir petit à petit. Lise a eu un petit souci, elle a perdu son gel, ça a retardé cette prise de gel et son adversaire est revenue un peu plus vite qu'on le pensait. Heureusement, Lise a fait preuve de grandes qualités techniques aujourd’hui, c'est ce qui lui permet d'être Championne du Monde. Bien évidemment, il faut aussi le physique, mais on a vu la Tchèque passer toutes les descentes à pied, ce qui permettait à Lise de revenir et de mettre la pression.
Puis il y a eu ce fait de course avec la Tchèque qui a célébré au passage… de la cloche !
Elle a manqué de lucidité. Adam Toupalik, un Tchèque déjà, avait fait la même chose à l’époque à Zolder (en 2016, NDLR) et il avait lui aussi perdu la course. Lise a montré ses grosses qualités mentales en revenant dans la course. Elle aurait très bien pu s'effondrer à un moment donné mais elle est restée bien concentrée. Je pense que le public a aidé, ça l’a portée pour qu’elle reste toujours au contact. Puis dans le dernier tour, ça a basculé une dernière fois en notre faveur. J'ai poussé Lise pour qu'elle passe vraiment avant la dernière descente dans le technique. Je savais que si elle le faisait, après ça allait être compliqué pour sa rivale de revenir. Elle est passée à vélo et n’a fait aucune faute.
« JE PENSE QUE ÇA VA EN LIBÉRER CERTAINS »
Que ressens-tu après ce titre mondial ?
On venait pour le titre même si le podium aurait été bien aussi. Je suis vraiment très fier d'elle, qu'elle ait réussi à gérer tout ça mentalement. Ce n'est pas évident en J1 de pouvoir répondre présente, sachant qu'elle avait terminé 2e du général de la Coupe du Monde. Les autres filles derrière n'ont pas démérité non plus. On en a eu quatre devant, ça permettait d’avoir moins de pression que si une seule jouait quelque chose d’entrée. Lison (Desprez) n’a pas couru pendant quinze jours, il lui en a manqué dans le final. Sur les quatre, trois sont J1. C’est intéressant pour l’année prochaine. La Tchèque est J1 également, ça promet encore de belles batailles. En attendant, je voulais entendre au moins une fois La Marseillaise ce week-end et c’est chose faite.
Qu’est-ce que ça change pour toutes les courses à venir ?
Je pense que ça va en libérer certains. Les autres n’ont plus ce poids sur les épaules. On ne sait jamais, ça peut aider. En tout cas, l’émotion… Quand j’ai vu Lise sortir seule dans le dernier virage, j’ai compris que c’était bon. Ce n’est que du bonheur ! Ce titre, il est aussi pour tous les amoureux de cyclo-cross, pour tous les clubs qui organisent, partout en France. Je pense à la région Sud PACA, d’où vient Lise, dans le Vaucluse. Il y a des cross régionaux là-bas, des amoureux de cyclo-cross. Quand La Marseillaise retentit, je pense à tous ces gens-là. C’est aussi pour eux. Gagner ici, en France… On n’aura pas l’occasion de le vivre tous les ans.