Aurélien Lionnet : « J'aime bien me lancer des défis fous »

Crédit photo DirectVelo

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Il est de retour. Six ans après ses derniers coups de pédale dans le peloton amateur, pour quelques mois sous les couleurs de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme. Aurélien Lionnet revient aux affaires, cette fois avec Hexagone-Corbas Lyon Métropole. Vainqueur de Dijon-Auxonne-Dijon, du Tour du Loiret, du Grand Prix de Saint-Etienne Loire et du Tour du Pays Dunois, tout cela en 2018, il fait alors partie de la grande équipe du CR4C Roanne, et termine dans le Top 50 du Challenge DirectVelo. En plus d'autres victoires ci et là, comme le Prix de Berry Grand-Sud, celui qui est désormais âgé de 30 ans s'est fait un nom dans le peloton amateur. Mais en 2019, il est contraint de lâcher l'affaire, tourmenté par son corps avant d'être touché mentalement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résident de Villefranche-sur-Saône, originaire de l'Aube, n'a pas rangé le vélo ni arrêté de se tester depuis. Avant de reprendre au Grand Prix d'Onjon ce week-end, Aurélien Lionnet est revenu avec DirectVelo sur ces longues années loin des pelotons, tous les défis accomplis et sa reprise imminente.

DirectVelo : Quelle mouche t'a piqué pour reprendre après six années d'arrêt ?
Aurélien Lionnet : J'avais essayé d'arrêter un peu le vélo depuis le temps, c'était un peu compliqué à l'époque. J'avais des soucis qui ne me permettaient pas d'être à 100% quand tu veux être parmi les meilleurs amateurs ou passer pro. J'ai craqué, mentalement c'etait dur. J'avais l'envie de poser le vélo. Sur le coup ça a été dur, j'ai essayé de faire du mieux possible avec Bourg, avec Christian (Milesi) et tout le club, c'était dur de les abandonner. Mais c'était pour ma santé à moi. Je l'ai vécu un peu comme un échec. Alors j'ai arrêté, j'ai travaillé chez Materiél Velo, puis il y a eu le covid, j'ai eu des envies de faire des trucs à la con (sourire).

« EST-CE QU'ON TENTE UN TRUC ? »

C'est-à-dire ?
J'ai fait un peu tout ce qui est ultra, des trucs de plus en plus débiles (rires). En 2023, j'ai fait le Tour de France comme Lachlan Morton, c'était 5 000 km en 20 jours. La dernière semaine je ne me suis peut-être même pas lavé (rires). J'ai refait une cyclo fin 2023 à Bourg, j'ai fait 3e. Je me suis dit que c'était marrant, ce n'était pas le grand parcours avec les vrais cyclos mais c'était assez drôle, je me suis dit « vas-y on tente un truc ». Je suis allé faire des cyclos avec le Team Matériel Velo et j'ai vite vu que j'arrivais à faire péter des mecs qui courent en Elite. Je faisais des bonnes perfs malgré des courses qui ne me correspondaient pas. C'est totalement différent de ce que j'aimais en Elite avec un Dijon-Auxonne-Dijon à 47 km/h de moyenne. J'ai performé mais je n'ai pas trop accroché, c'etait chacun pour soi, il manquait un petit truc.

Et comment es-tu arrivé à cette décision de revenir ?
Il y a eu un peu un déclic. L'été dernier, je suis allé voir le France, j'y suis allé à vélo. Je suis parti de Lyon, en un peu plus de 24h, je voulais faire la surprise d'arriver là-bas. J'ai vu les gars d'Hexagone etc, j'ai sympathisé avec eux. Je suis rentré avec Romain Malbreil, il m'a ramené sur Lyon, c'était marrant. C'était le petit truc qui a commencé à raviver la flamme. Je me suis dit « peut-être que ça me manque un peu », mais je n'étais pas encore sûr. Après j'ai regagné une petite cyclo en fin de saison. Je me suis dit « qu'est ce qu'on fait, est-ce qu'on tente un truc ? ». J'aime bien me lancer des défis fous... Je me suis dit tu ranges les sacoches, tu t'achètes un vélo de chrono et tu vas viser la meilleure place possible au France amateur. Forcément on y va pour gagner, mais je ne sais même pas si j'en suis capable. J'y vais avec cette ambition-là. C'est un gap énorme entre le vélo que je fais là, et la performance. Après évidemment, j'aimerais marcher sur les autres courses.

« C'EST ÇA QUI ME FAIT TRIPER »

À quel moment le contact avec Hexagone Corbas Lyon Métropole s'est formalisé ?
À Materiél Velo je travaille avec le manager, Julien Chave, il voulait que je reprenne à Corbas etc. Mais je n'en avais pas envie à l'époque. Il aimait bien mon profil, pour moi c'était soit Hexagone soit Bourg, mais je ne prétends pas à être dans la DN. Ce n'était pas possible après toutes ces années et ça faisait tard. Je ne sais même pas quel niveau j'ai. Je ne connais plus grand monde dans le peloton, mais à Hexagone oui, je connais deux-trois mecs, ce sera plus simple pour m'intégrer. J'en ai l'envie.

Vas-tu courir à fond ou faire quelques courses à droite à gauche ?
Là c'est nouveau vu que je travaille en 35 heures. Il faut aussi que je me prévois du temps pour moi. Peut-être que je vais faire trois week-ends sur quatre. Au niveau des courses j'ai demandé Annemasse-Bellegarde fin mars par exemple. Si je reprenais la licence c'était pour ça, c'est ça qui me fait triper, faire des belles courses. Je ne sais pas du tout si j'ai le niveau, mais ça me motive. Pour le France chrono je dois faire ma place, il y a le double Champion de France dans l'équipe quand même (Mathias Ribeiro da Cruz, NDLR). Là ils viennent de mettre un mec sur le podium en Coupe de France, il y a déjà une victoire... Ce n'est pas une histoire de concurrence dans l'équipe mais il faut faire sa place. Et je vais reprendre à Onjon, onze ans après mon sacre, au Championnat du Monde de l'Aube (rires).

« J'AI FAIT DES TRUCS COMPLÈTEMENT DÉBILES À ME RETROUVER À 3H DU MATIN À LÉLEX »

Tu évoquais à l'époque des problèmes physiques, sont-ils complètement derrière toi ?
J'en ai eu depuis ma chute au Saône-et-Loire en 2014, j'ai des problèmes d'asymétrie au niveau du pédalage, c'est très compliqué mentalement. Des fois quand je pars rouler, j'ai l'impression que ma jambe ne marche pas, c'est bizarre. Je compense avec pas mal de muscu, des exercices sur une jambe pour bien muscler, des exercices de mobilité, pour activer les jambes. Certains jours je sens moins la gêne, et il y en a d'autres où je la sens et ça me saoule, mais j'ai appris à rouler avec. Et puis, plus je roule vite, moins je la sens.

As-tu continué à suivre l'évolution du peloton, ou as-tu complètement coupé avec le milieu ?
J'ai suivi de très loin. Par exemple c'était compliqué de faire mon équipe sur DV Manager (rires). Mais on peut voir que mon équipe n'est pas loin du Top 10, je ne suis pas si mal (sourire). Sinon j'ai essayé de penser à autre chose, de me lancer dans l'ultra distance, c'est un nouvel univers, celui du voyage... J'ai fait le Tour de la Suisse en quatre jours, j'ai fait des trucs complètement débiles à me retrouver à 3h du matin à Lélex, alors que j'allais au bureau à 9h. En soi c'était drôle, j'étais complètement éclaté, mais ça m'a fait des souvenirs. J'ai fait quelques Tours du Beaujolais à ravitailler les gars, parfois pour Hexagone, parfois à Bourg. Le fait de retourner au France m'a un peu remis dedans, même si je ne connais plus grand monde.

« FAIRE UNE BELLE ANNÉE COMPLÈTE »

Quel souvenir te remémores-tu avant de raccrocher un dossard ?
Quand on prend du recul, on se dit qu'avec Roanne on avait une équipe de fous, on ne s'en rend pas compte quand on est dedans. Au niveau des souvenirs, il y en a des bons et des moins bons, mais on ne va garder que les bons, des victoires personnelles. On me parle beaucoup de Saint-Etienne, pour me présenter on dit que je suis un vainqueur du Grand Prix de Saint-Etienne. Si je devais en choisir une, ce serait plutôt Dijon-Auxonne-Dijon, plus vers chez moi. J'aime bien gagner avec la manière, je m'en sors mieux tout seul. Mais je serais content de me sentir utile aussi, à aider un gamin à gagner une Open ou une Elite.

Tu te vois reprendre à long terme ou pas du tout ?
Le plan, c'est de faire une année, après je ne sais pas du tout. On fera le point à la fin de l'année, car ça demande un investissement. Tu rentres à 17h, tu enfiles un cuissard, tu fais 3h, puis tu rentres et il faut te faire à manger. Même si je suis dans un bureau, il y a les déplacements etc. On fera le bilan, mais déjà si je peux faire une belle année complète...

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