Dimitri Le Boulch : « Ce n’est pas une revanche »
Dimitri Le Boulch (BigMat-Auber 93) a été retenu en équipe de France espoirs pour participer au Tour du l’Avenir, qui aura lieu du 4 au 11 septembre prochains. Le Francilien, âgé de 22 ans, est le seul pro de la sélection de Bernard Bourreau. Il n’avait plus été sélectionné depuis juin 2009 et le Thüringen Rundfahrt. Celui qui a gagné sa sélection en terminant 6e des deux épreuves du Championnat de France répond aux questions de www.directvelo.com. Il livre son état d’esprit avant l’épreuve qui débutera dimanche à Yutz (Moselle). Et revient notamment sur ses débuts difficiles chez les pros.
DirectVélo : Dans quel état d’esprit es-tu à quelques jours du Tour de l’Avenir ?
Dimitri Le Boulch : Je ne vais pas dire que je suis serein mais je ne ressens pas de pression. Je suis rentré hier (mardi) de quelques jours en Savoie et Haute-Savoie. Je ne suis pas allé en haute-montagne car ça ne servait à rien d’être en altitude près de l’objectif mais j’ai pu travailler le coup de pédales de la montagne. J’ai passé deux jours à Chambéry, puis trois à la Clusaz. J’ai monté des cols comme le Granier, la Colombière, les Aravis, la Croix-Fry ou la montée des Glières… Je n’avais fait pas de montagne depuis le Tour de l’Ain. Ça me semblait intéressant d’y retourner. Je connais les routes du Tour de l’Avenir pour y être passé sur le Circuit de Lorraine et le Tour Alsace. Je me souviens aussi avoir été du côté de Lunéville sur le Tour de Moselle, quand j’étais au VC La Pomme Marseille en 2008. Ça sera un avantage de connaître le terrain.
« Le Salève, pas l’étape reine selon moi »
Tu as aussi reconnu la montée du Salève, où sera jugée l’arrivée de la 5e étape…
Oui. Ce n’est pas un col hors-catégorie, pas un grand col. Il y a des pourcentages mais ce n’est pas sur des longues distances. C’est quand même l’étape la plus difficile. Mais tout dépendra surtout de la manière dont l’étape se déroule. Si ça se résume à une bagarre uniquement dans le Salève, il n’y aura pas énormément d’écarts. Mais s’il y a de grands mouvements, ça peut faire mal. Il y a un enchainement de côtes, dont celle de Cruseilles qui nous mettra en jambes. Ça fera mal aux pattes.
Cela sera l’étape reine selon toi ?
Je prends un risque, je dirais non. Il n’y aura que six français et non douze comme jusqu’à l’an dernier. Il n'y a plus donc la France pour contrôler la course. Ça va se courir différemment, et comme le parcours est casse-pattes… il y aura des gros mouvements. Tout ne va pas va se jouer dans le Salève. Les favoris piégés les étapes précédentes pourront quand même reprendre un peu de temps sur cette étape.
« Une belle course, une référence »
Que représente pour toi cette sélection en équipe de France ?
C’est bien de finir mes années espoirs par le Tour de l’Avenir. C’est une belle course, une référence pour notre catégorie. Je devais la faire en 2009 mais je m’étais cassé la clavicule.
Tu n’avais plus été sélectionné en équipe de France depuis 2009…
Je n’y croyais presque plus. Pendant le Championnat de France de l’Avenir, ça m’a fait plaisir de savoir que j’étais dans la présélection pour le Tour de l’Avenir. Ça m’a motivé pour la course en ligne même si ça ne m’a pas aidé à être plus malin pendant l’épreuve (rires).
Tu espérais disputer le Tour de l’Avenir en début de saison ?
On y pense en début de saison un petit peu. On en a vraiment parlé au dernier moment avec Bernard Bourreau. Je pense que j’étais sur une présélection assez large. Et le Championnat de France a fait la différence. Il fait sa sélection selon la forme du moment, ce n’est pas comme les Grand Tours où il faut donner tôt une liste pour le suivi. Ça a peut-être aussi joué que la course se dispute sur des routes que je connais. Et puis il y a du faire une sélection quasi-différente du Tour du Val d’Aoste. Et je pense que l’équipe sera encore bien différente aux Championnats du Monde où le parcours sera moins compliqué que celui du Tour de l’Avenir. Je suis assez résistant comme coureur et ça peut servir comme le parcours est difficile tous les jours, sans être hyper montagneux.
« J’ai tout remis à plat l’hiver dernier »
C’est une revanche cette sélection après des débuts compliqués chez les pros ?
J’avais bien commencé en 2009 avec Auber 93 jusqu’à la fracture de la clavicule. Je n’ai pas su rebondir après. Ça n’a pas été facile pour moi. J’ai eu du mal à m’intégrer dans le groupe d’Auber. Je n’avais pas trop compris comment fonctionnait le monde pro. J’avais perdu un peu de motivation. J’ai voulu trop en faire ensuite. Je gérais tout mal alors j’ai eu un virus, des blessures… J’ai tout remis à plat l’hiver dernier. Je travaille maintenant avec Julien Pinot (entraîneur du CC Etupes, NDLR). C’est un mec qui sait motiver les coureurs. J’ai trouvé aussi des points d’appui dans l’équipe. Je pense notamment à mon directeur Guy Gallopin, qui a su me remotiver. Ce n’est pas une revanche car participer n’est pas une fin en soi. Avoir des résultats sur cette course ça serait bien.
Ce Tour de l’Avenir pourrait te permettre de lancer définitivement ta carrière…
Oui à chaque fois on dit que j’ai franchi un cap… mais en fait je suis sur la rampe de lancement et je ne décolle pas (sourires). On a vu par le passé des coureurs d’Auber 93 faire un beau Tour de l’Avenir et être costauds ensuite. Je pense notamment à Arnold Jeannesson (3e en 2008) ou à Guillaume Levarlet. Je ne me prends pas la tête là-dessus. Je me suis préparé pour arriver en forme sur la course.
« Je ne serai pas plus regardé que les autres coureurs »
Tu es le seul pro de la sélection…
Oui, je suis le seul pro de l’équipe. J’ai l’avantage d’avoir trois saisons pros dans les jambes. Je saurais faire s’il faut organiser pour aller rouler ou au contraire ne pas paniquer car un coup est parti. Mais on ne peut pas dire que je serai le capitaine de route car je ne connais pas la Coupe des Nations. C’est ma première sélection de l’année. J’apporte ma touche d’originalité dans le groupe avec l’objectif que la France remporte la Coupe des Nations. Je ne serai pas plus regardé que les autres. Les autres coureurs de l’équipe sont stagiaires pros. Ils connaissent le niveau pro. Et je ne viens pas non plus du ProTour.
Tu vas également découvrir les autres coureurs de l’équipe de France…
Chacun a forcément ses petites ambitions de son côté mais l’objectif doit être commun. Nous devons gagner le général de la Coupe des Nations. On n’a pas de leader avant la course. C’est la fin de saison, il peut avoir des coups de bambou. On verra au fil des jours qui est le plus costaud de l’équipe.
Connais-tu la concurrence ?
Je sais qu’il y a Kelderman (rires). Il y a beaucoup de coureurs que je ne connais pas, c’est vrai. Moi j’apporterai mes infos à la sélection, les autres m’apporteront aussi leurs infos sur les coureurs qu’ils connaissant. Et Bernard connait bien son affaire, et saura nous dire les coups qu’il ne faut pas louper.
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Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com