Thomas Boudat « dégouté », la France encore bredouille
Sven-Erik Bystrøm a remporté le Championnat du Monde sur route Espoirs ce vendredi après-midi dans les rues de Ponferrada (Espagne). Le Norvégien a devancé le grand favori australien Caleb Ewan et son compatriote Kristoffer Skjerping. En position favorable dans le final, Thomas Boudat a été écarté sur ennui mécanique à 800m de l’arrivée. DirectVelo.com vous propose les réactions de différents coureurs français, ainsi que du sélectionneur national Pierre-Yves Chatelon.
Thomas Boudat
27e
« J’ai déraillé à 800m de la ligne d’arrivée. Je n’arrivais pas à remettre mon gros plateau. La chaine avait déraillé à l’extérieur. Du coup j’ai pris un trou. Pourtant, je sentais que j’avais vraiment les jambes pour aller faire un truc. Je m’étais bien replacé dans la roue de l’Australien (Caleb Ewan). En plus, je sentais qu’il n’avait pas forcément la giclette. J’ai trouvé qu’il commençait à être un petit peu cramé. Et quand je vois que c’est lui qui va gagner le sprint... Même s’il y avait le Norvégien devant, une médaille c’est toujours ça quand même. Je n’ai jamais été chanceux sur un Championnat du Monde sur route. Ce n’était pas mon jour.
Pourtant j’avais fait la course parfaite. J’avais vraiment laissé toutes les attaques, tous les coups partir. Je m’étais bien alimenté. J’avais préparé cette course depuis longtemps. Et je perds tout sur un ennui mécanique. Cela me dégoute ».
Jérémy Leveau
70e
« Je suis déçu car nous avions vraiment une équipe pour bien faire. Il nous en a manqué un peu sur la fin, c’est dommage. Pourtant on avait bien couru. Kévin (Ledanois) s’est fait reprendre au pied la première bosse du circuit, dans le dernier tour. Du coup, c’était fini pour lui à ce moment-là. Moi, j’ai senti à deux tours de la fin que je n’allais pas être dans le coup. J’étais à la limite des crampes. Il me manquait quelque chose. Je n’étais pas dans un grand jour. Sur un Championnat du Monde, ça ne pardonne pas. Quentin (Jaurégui) a eu des crampes lui aussi. Il n’y a que Thomas (Boudat) qui a réussi à rester au contact des meilleurs.
Le but, c’était de ne pas se faire piéger avec des gros groupes qui auraient pu sortir, avec des représentants des grosses nations. Sur ce point, on a été bon. Il fallait attendre les trois derniers tours pour mettre le feu. Les Australiens ont contrôlés la course toute la journée pour Caleb Ewan. Du coup, c’était une course d’attente. Pierre-Roger (Latour) et Kévin (Ledanois) ont bien joué le coup en tentant. On va dire qu’il y avait un tour de trop.
Personnellement, mon rôle était d’essayer d’accompagner les meilleurs un bon moment, pour ensuite prendre des coups de 10-15 coureurs dans le final. Mais encore une fois, j’ai senti que j’étais trop juste ».
Kévin Ledanois
79e
« J’ai voulu tenter ma chance tout seul à un tour et demi de l’arrivée. Je me suis fait reprendre par trois mecs à un tour de l’arrivée, dans la première bosse. Malheureusement, ils n’étaient pas capables de me prendre un relai. Du coup, j’ai roulé tout seul. C’était un peu peine perdue, mais bon, j’ai tenté.
C’est sûr que je me suis découvert peut-être un peu tôt. Mais c’est la course. Une fois que j’étais devant, il fallait aller au bout de mon idée. C’est un risque qu’il fallait prendre.
Le coup de 15 coureurs était dangereux, il fallait vraiment être dedans. Moi j’ai essayé de faire mon boulot en prenant ce coup. Après, je pense que si les gars avaient eu les jambes derrière, ils auraient assurés. Personnellement, j’avais fait ma part de boulot ».
Pierre-Yves Chatelon (Sélectionneur national)
« Quand Pierre-Roger (Latour) est sorti, il a vraiment fait un numéro ! Il a dû boucher quelque chose comme 1’25’’. Mais bon… je ne cesse de le répéter, dans ce genre de Championnat, tu n’as qu’une cartouche à tirer. Même chose pour Kévin (Ledanois). Le numéro qu’il fait dans l’avant dernier-tour, il pouvait peut-être le faire dans le dernier... Thomas (Boudat) était peut-être trop esseulé dans le final. Il a beaucoup payé de sa personne tout au long de la course pour s’accrocher. Malheureusement, Jérémy (Leveau), Quentin (Jauregui) et Loïc (Chetout) n’étaient pas censé être juste dans le final. C’est comme ça, la course s’est jouée à la pédale.
On a animé la course, mais ça reste moins satisfaisant que l’an dernier, où nous avions plus la course en mains. On savait que nous n’avions pas les cadors. Mais bon. Quand ça a cassé dans le final, les Belges avaient encore Teuns et Benoot. Ewan était là également. On s’y est quand même mal pris.
On avait quand même pour idée de mettre le feu dans les trois derniers tours pour éviter de laisser les Australiens faire leur tempo tranquillement. D’autres équipes se sont chargées de le faire à notre place, et on n’a pas su les accompagner. On a encore fait des erreurs. Maintenant, nous ne sommes pas les seuls. Des gars comme Meintjes ou Küng ont tiré leur cartouche de loin. C’est bizarre. Visiblement, certain coureurs ont vraiment du mal à intégrer la façon dont il faut courir. Les seuls coureurs capables d’intégrer ce genre de choses ont sans doute déjà plus de vécu. Le Norvégien qui gagne, Bystrom, est Espoirs 4 et savait déjà comment se passe un Championnat du Monde. Il a attendu, encore et encore. Et il a attendu d’être à 100m de la bascule pour en placer une.
Le bilan de la semaine est décevant, après tout le travail que l’on a fait avec les mecs tout au long de l’année. Malgré tout, quand on regarde bien tous les classements internationaux, le résultat du Mondial est relativement conforme à ce que l’on a vu tout au long de la saison ».
Crédit photo : Nicolas Mabyle - www.directvelo.com