Record de l'heure : Et le record de France ?
Depuis que l'UCI a assoupli le règlement du record de l'heure les candidats se bousculent au portillon d'entrée des vélodromes. Allemand, Suisse, Anglais, Hollandais, Australiens les candidats viennent du monde entier mais aucun des six coins de l'hexagone.
LA MEILLEURE PERFORMANCE POUR DOMINIQUE CHIGNOLI
C'est donc le moment de se pencher sur le record de France de l'heure. Après la modification du règlement en 2000 (tentative à moins de 600 m d'altitude sur un cadre triangulaire, trois points d'appui, guidon d'une largeur minimale, roues à 16 rayons minimum, jantes basses obligatoires et casque profilé interdit), les performances réalisées sur des vélos différents sont classées comme « meilleures performances ». Les 49,273 km du record de France de Dominique Chignoli établis à 1800 m à Colorado Springs en 1993 deviennent donc « meilleure performance française ». Roger Rivière, 24 ans après sa mort récupère donc le record national avec ses 47,347 km.
Ces changements de règlement ne sont pas les premiers. Le 1er janvier 1993, l'UCI abolit les distinctions entre les records amateurs et professionnels, et les records sur piste en plein air et piste couverte. Ce changement annule aussi la distinction entre records en altitude et records à moins de 600 m d'altitude. L'UCI avait instauré cette distinction en 1985.
Ce qui n'a pas changé depuis 1893, c'est l'interdiction d'avoir un entraîneur, c'est à dire de rouler dans le sillage d'autres cyclistes ou d'un engin motorisé. Le coureur est seul en piste face au chrono et à lui-même.
Evolution du record de France de l'heure :
Nous vous présentons l'évolution du record de France toutes catégories confondues, sans distinction amateurs/professionnels ni de différence entre vélodrome couvert et en plein air. (RM = record du Monde).
35.325 km Henri Desgrange 11/5/1893 Paris-Buffalo RM
38.220 km Jules Dubois 31/10/1894 Paris-Buffalo RM
38.692 km Marcel Cadolle 14/9/1903 Paris-Buffalo
40.080 km René Pottier 19/10/1903 Paris-Buffalo
40.080 km Marcel Cadolle 5/8/1904 Paris-Buffalo
40.340 km René Pottier 4/10/1904 Paris-Buffalo
40.342 km Lucien Petit-Breton 7/7/1905 Paris-Buffalo
41.110 km Lucien Petit-Breton 24/8/1905 Paris-Buffalo RM
41.520 km Marcel Berthet 20/6/1907 Paris-Buffalo RM
42.741 km Marcel Berthet 7/8/1913 Paris-Buffalo RM
43.494 km Marcel Berthet 12/9/1913 Paris-Buffalo
43. 775 km Marcel Berthet 20/9/1913 Paris-Buffalo RM
*44.564 km Maurice Archambaud 27/10/1932 Alger (non homologué par absence de chronométreur officiel agréé par l'U.V.F.)
44.777 km Maurice Richard 29/8/1933 Saint-Trond RM
45,398 km Maurice Richard 14/10/1936 Milan Vigorelli RM
45,767 km Maurice Archambaud 3/11/1937 Milan Vigorelli RM
46,160 km Jacques Anquetil 29/6/1956 Milan Vigorelli RM
46,923 km Roger Rivière 18/9/1957 Milan Vigorelli RM
47.347 km Roger Rivière 23/9/1958 Milan Vigorelli RM
Meilleure performance :
47,461 km Dominique Chignoli /11/1992 Hyères RM amateur plein air -600 m (notre photo)
49.276 km Dominique Chignoli 20/8/1993 Colorado Springs
Jusqu'en 1958, pour être recordman de France de l'heure, il fallait donc souvent d'abord battre le record du Monde. D'ailleurs le record de France est rarement un objectif. Quand Michel Nédelec aligne 45,486 km dans l'heure en 1961 les journaux parlent d'échec face au record du Monde amateur d'Ercole Baldini. Le record de France de sa catégorie n'était qu'une consolation.
Il ne faut pas croire que depuis la dernière tentative de Roger Rivière (1958) et celles de Dominique Chignoli (1993) aucun Français n'ait tenté sa chance. Avec la séparation des catégories de record, les amateurs se sont alignés pour battre le record de leur catégorie. Ainsi Bernard Darmet (46,255 km à Rome en 1969) a effacé le record de France amateur en plein air de Michel Nédelec (45,486 km en 1961) avant d'être doublé par Dominique Chignoli en 1992. Jean-Jacques Rebière, et ses 45,017 km, a conservé son record de France amateurs sur piste couverte .
D'autres ont connu l'échec comme l'amateur Bernard Dupuch qui a couvert 44 km 910 en altitude à Mexico en 1967. Il a d'ailleurs eu du mal à supporter les effets de l'altitude. Plus près de nous, Dominique Bozzi et Hervé Boussard ont échoué dans leurs tentatives.
Et d'autres ont vu leur record non homologué.
LES RECORDS NON HOMOLOGUES
Pierre-Henry Menthéour a battu deux fois le record de Dominique Chignoli. La dernière fois, il réalise 52,543 km avec la position « superman », le 12 octobre 1996 sur le vélodrome de Bordeaux-Lac . Il rend en mars 1999 ce qui était à l'époque le record de France, après avoir reconnu s'être dopé pour cette tentative.
Avant lui, l'UCI avait refusé d'homologuer le record de l'heure de Jacques Anquetil (47,493 km le 27 septembre 1967 au Vigorelli sur son 52x13). Le Normand n'avait pas voulu se soumettre au contrôle antidopage juste après son record, dans sa cabine envahie de monde au vélodrome milanais. Avant de s'élancer pour cette tentative il déclare avec sa franchise habituelle "si le résultat [du contrôle] est positif, je m'en fous éperdument !" mais affirme aussi qu'il acceptera ce contrôle.
En pleine polémique autour du record d'Anquetil, Roger Rivière avoue à un hebdomadaire avoir pris du solucamphre, un cardiotonique pour sa tentative de 1957. Pour celle de 1958, il a changé de calibre : une injection d'amphétamine pour faire de l'effet 40' et une de solucamphre, 5' avant la course dans le vestiaire. Pour les 20 dernières minutes, il a pris cinq comprimés d'amphétamine avant de partir.
Le cas de Cyril Sabatier est encore plus particulier. Encore amateur au VC Vaulx-en-Velin, le 11 novembre 1995, il réalise 50,052 km à Bordeaux soit une distance inférieure au record de l'époque détenu par Pierre-Henry Menthéour (50,545 km). Il n'a pas soumis à homologation sa performance (tout est payant pour un record, la piste, le chronométreur, le contrôle). Si elle avait été homologuée, elle serait devenue la meilleure performance française après les aveux du Breton.
Alors y a-t-il un Français dans la salle ou dans le vélodrome pour tenter de dépasser la marque de Roger Rivière ? Cet objectif est-il assez attrayant pour qu'une équipe pro ou amateur dépense de l'argent et libère un de ses meilleurs coureurs pour préparer spécialement cet objectif dont le résultat n'est pas assuré ? Ou tout simplement pour connaître sa valeur sur une heure.
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