Une saga Rostollan à la Réunion
Thomas Rostollan n’aura pas fait le déplacement pour rien. Lauréat du Tour de la Réunion (Toutes Catégories) avec trois victoires d’étapes à la clef en plus d’un maillot jaune de leader porté de bout en bout, le pensionnaire de l’AVC Aix-en-Provence a fait carton plein pour sa dernière course de la saison. A 29 ans, celui qui retrouvera les rangs professionnels avec l’équipe de l’Armée de Terre en 2016 est revenu sur cette « belle aventure exotique » pour DirectVelo.com.
DirectVelo.com : Comment t’es-tu retrouvé sur le Tour de la Réunion en cette toute fin de saison ?
Thomas Rostollan : C’était une façon très sympa de terminer la saison 2015. Avec Matthieu Converset, nous voulions absolument faire un voyage exotique en fin d’année. J’avais moi-même envoyé un e-mail aux organisateurs de l’épreuve au mois de mai. Ils ont mis un bon moment à me répondre mais finalement, on a été acceptés. Il fallait que l’on sorte 500 euros chacun et la seule autre condition était que l’on emmène trois coureurs de 1ère catégorie (Converset, Rostollan et Verini, NDLR) et deux de 2e catégorie (Jérémy Pannetier et Théo Matonti). Cette année, nous sommes vraiment bien tombés car ils ont fait évoluer la course et le parcours. C’était vraiment la course par étapes par excellence, avec tous types de profils et d’exercices. C’était vraiment une course pour hommes forts. On a été bien accueillis. Nous étions logés au bord de l’eau, ce qui nous permettait d’aller faire une petite marche sur la plage tous les matins. Il y avait une superbe ambiance, on s’est vraiment régalés.
« J’AI SU FAIRE LES EFFORTS AU BON MOMENT »
Sur la route, tu as très vite montré que tu étais le plus fort avec notamment ta prise de pouvoir dès la 1e étape…
Je n’avais pas énormément couru au mois d’août. Je m’étais fixé un objectif très précis avec ma participation à la Polynormande sous les couleurs de l’Equipe de France. Entre temps, j’admets avoir un tout petit peu relâché mais j’avais retrouvé de bonnes jambes sur les Quatre jours des As-en-Provence (Elite Nationale) et surtout, je revenais d’un bon Tour du Frioul (2.2). Je savais que j’avais les bonnes jambes. Après avoir gagné cette première étape à la Réunion, je me suis mis à défendre mon maillot de leader, jour après jour. Puis je me suis vite dit qu’avec tous les efforts faits pour conserver le maillot, je n’avais plus le droit de le perdre. J’ai pu compter sur le bon travail de mes équipiers mais j’ai aussi su faire les efforts aux bons moments, sur les étapes clefs de la course.
Tu penses notamment au chrono individuel que tu as remporté ?
J’avais coché le chrono, c’est vrai. Il était tout plat, sur 12 kilomètres. Mais les derniers coureurs à partir, dont je faisais partie, ont été très désavantagés par les conditions météorologiques. Lors des premiers départs, il n’y avait pas du tout de vent et au moment où je me suis élancé, ça soufflait très fort. J’étais bloqué à 40 km/h environ alors que lors de la reconnaissance le matin, je roulais à 50 km/h. En plus, je n’avais pas de vélo de chrono, même si j’avais une roue pleine et un prolongateur. Malgré cela, j’ai quand même pu gagner ce chrono, mais de justesse.
« IL FAUT SE FAIRE MAL TOUS LES JOURS »
Tu sembles également avoir été un ton au-dessus des autres lorsque la route s'élevait ?
Il y a eu des arrivées difficiles, et je pense notamment à ce col de 10 kilomètres à 7% de pente moyenne. L’équipe avait fait le maximum pour que ça arrive groupé au pied. Ensuite, je me suis détaché avec Sylvain Georges puis j’ai fini par le larguer sur la fin. C’était vraiment plaisant de marcher sur tous les terrains. Et puis il y avait de quoi se faire plaisir. Outre ce chrono ou ces cols, je repense également aux descentes super techniques. C’était un truc de fou, avec de sacrés lacets dans des pentes à 15%. Nous avions de belles routes le long de la mer, c’était vraiment sympa.
Sur ce type d'épreuves, aucune équipe n’est réellement en mesure de contrôler une course qui peut se perdre tous les jours…
Je savais qu’il allait falloir faire la course à l’avant sur chaque étape ou presque. Il faut essayer de ne pas trop en faire par moments et en même temps, tu sais que personne ne va te ramener sur la tête de course si tu rates le bon coup. Il faut se faire mal tous les jours, ça se fait à l’usure. Il faut être vigilant sans arrêt car sinon, tu peux perdre un quart d’heure en une seule étape. C’est d’ailleurs une autre de mes satisfactions : j’ai réussi à piéger mes adversaires les uns après les autres. Un gars comme Sylvain Georges avait pratiquement perdu le général dès le premier jour. Avec la présence de coureurs comme Pierre Bonnet, Sébastien Fournet-Fayard ou Cédric Gaoua, je savais que ça n’allait pas être facile. Le Suisse Adrien Chenaux marchait fort lui aussi, même s’il a été piégé en deuxième partie de semaine et a perdu pas mal de temps. Les locaux étaient forcément dangereux eux aussi, puisqu’archi motivés à domicile. Je pense notamment à Sébastien Hoareau. Finalement, j’ai réussi à battre tout ce beau petit monde et je suis heureux de finir ma saison sur cette belle note.
Crédit photo : tourcyclisteantennereunion.fr