Encore « des marges de manoeuvre » en vitesse

Crédit photo Gautier Duet - DirectVelo.com

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L'Equipe de France de vitesse est revenue de Londres avec une médaille dans sa musette, celle de bronze de Quentin Lafargue sur le kilomètre. A cinq mois des Jeux olympiques de Rio, on est loin des quatre maillots arc-en-ciel conquis à Saint-Quentin-en-Yvelines l'an dernier. Franck Durivaux, l'entraîneur national préfère retirer des indices encourageants dans la perspective de l'objectif majeur de la saison.

DirectVelo : Que retires-tu de positif des derniers Championnats du Monde ?
Franck Durivaux : Les temps dont les gars et les filles ont été capables de faire. Beaucoup retiennent les temps des qualifications mais il y a aussi les temps dans le feu de la compétition. Virginie Cueff a sorti 11''20 au keirin [Kristina Vogel gagne la finale en 11''27 aux 200m NDLR]. En confrontation, elle s'est débridée même si elle a fait des erreurs stratégiques. Grégory Baugé a été en mesure de répondre à ses adversaires et a signé un bon temps sur le 200m lancé [8e en 9''891 NDLR]. Il a encore de la marge de manœuvre par rapport aux J.O. Je retiens aussi que sur certaines accélérations, les coureurs répondaient bien. En vitesse par équipes, nous avons eu une belle prestation de Kévin Sireau et Michaël D'Almeida.

RETROUVER LE DESSIN DE LA PISTE DE RIO

Les deux équipes de vitesse se sont qualifiées pour Rio …
Les filles jouaient leur qualification contrairement aux garçons. Il fallait une démarreuse au top de sa forme. Sandie Clair revient à un niveau proche de ses meilleurs chrono. Elle a bien travaillé le premier demi-tour en vitesse par équipes, il reste encore à améliorer son deuxième demi-tour. Ce travail pourra lui servir pour la vitesse individuelle. Virginie doit jouer sur la stratégie sur le passage de relais. C'est à travailler sur une piste au dessin proche de celle de Rio comme celles de Copenhague, Pékin ou la nouvelle piste de Trinité-et-Tobago inaugurée le 1er mai.

Quelle était la particularité de la piste de Londres ?
C'est une piste conçue pour aller vite en poursuite, quand on se lance du bas de la piste. Elle est moins rapide pour le 200m lancé. On a vu en vitesse que les sprints se gagnaient sur la puissance-force alors qu'à Saint-Quentin l'an dernier, on pouvait passer sur la vélocité. Les braquets étaient plus gros qu'en 2015.

En vitesse par équipes hommes, la France perd du temps par rapport aux adversaires sur le démarrage [7e temps en série et 4e des deux finales NDLR]…
Grégory Baugé, le démarreur, n'a pas encore atteint toutes ses qualités musculaires qu'il aura au moment des Jeux. Nous avons encore de la marge de manœuvre.

Pour la prochaine olympiade, peut-on imaginer de spécialiser un coureur au poste de démarreur comme d'autres pays ?
C'est une piste pour l'avenir. Il faudrait un coureur très fort et très fin, capable de relancer son braquet pour ré-accélérer dans le 2e demi-tour.

« ON AURAIT PREFERE DE MEILLEURES SENSATIONS »

Cette année, vous misez tout sur les J.O. Comment avez-vous adapté les méthodes d'entraînement ?
Nous utilisons une méthodologie que nous connaissons déjà. On connaît les critères sur lesquels les coureurs sont déjà bons et aussi ceux qu'ils doivent améliorer. Mais c'est vrai qu'au Championnat du Monde, on aurait préféré qu'ils aient de meilleures sensations face aux adversaires, pour leur moral déjà.

Vos adversaires peuvent aussi s'améliorer d'ici les Jeux…
Les Anglais seront compétitifs. Leur démarreur [Phil Hindes, NDLR] a fait le meilleur premier tour du tournoi de vitesse par équipes, Jason Kenny n'était pas encore au mieux et Callum Skinner a mal terminé. Les Néo-Zélandais sont toujours réguliers depuis 2012. Reste l'Allemagne qui est un cas particulier. Sur le papier, ils ont une panoplie de coureurs extraordinaire mais ils ont des ratés parfois. Leur démarreur, René Enders est extra, Joachim Eilers est le Champion du Monde du kilomètre mais Max Niederlag, le relayeur était en-dessous.

Comment juges-tu le niveau du kilomètre, où Quentin Lafargue remporte une médaille de bronze ?
Les meilleurs de l'année dernière étaient là sauf François Pervis. Eilers améliore son temps tous les ans. Théo Bos a fait un retour impressionnant sur la piste. Archibald a perdu dans la deuxième moitié de course. La réponse pour le quota pour le kilomètre nous est arrivée une semaine avant le tournoi. Nous avions pensé à engager Thomas Copponi [3e du Championnat d'Europe Espoirs, NDLR] mais il travaille à Décathlon. On ne pouvait pas se permettre de lui demander d'abandonner son travail pour se préparer sans savoir s'il pouvait participer. Mais on compte sur lui, et sur d'autres, pour les années à venir.

Les performances de Londres vont-elles faciliter ou compliquer la sélection pour Rio (voir ici) ?
On va voir ça entre nous pour mettre les choses à plat. La semaine prochaine nous partons en stage route et musculation à Hyères. Le but sera de faire du kilomètre en aérobie, comme pour des routiers.

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