Lotto assure le Shaw en tête de la Top Compétition
"Haribo, c'est beau la vie. Pour les grands et les petits." Sa flamme pour la Belgique ? Il l'a déclarée par une glaciale après-midi hivernale, en février 2014. Entre les bars à hotesses de la Nationale, à Kuurne, James Shaw faufilait sa combinaison, plutôt kitsch, noire et or griffée des célèbres bonbons Haribo. Kuurne-Bruxelles-Kuurne Juniors glissé dans la musette, le Britannique séduit les dirigeants de Lotto-Soudal U23.
« J'AIME LES ARDENNES »
Au printemps suivant, il pose valises, cadre et roues à Olen, en Campine. Histoire de s'imprégner de la ferveur qui anime la cyclosphère anversoise. "Je n'ai jamais appris autant à propos du vélo que lors de ces deux derniers mois", écrivait Shaw sur son blog en avril 2015. Se frotter à des pelotons de 200 coureurs, accumuler les bornes sur les interclubs et les épreuves UCI. D'abord dans l'anonymat, avant de se frayer un nom parmi les patronymes typiquement flamands. "C'est la meilleure façon de se plonger dans le job", estime-t-il.
Une année d'apprentissage chez les Espoirs, combinaison rouge de Lotto-Soudal U23 collée au buste, et le mec de Heanor, une petite bourgade coincée au centre de l'Angleterre, dans le Derbyshire, est prêt à jouer la star dans les pelotons continentaux. Comme un allié, il commence par conquérir la Normandie (dixième final) avant de s'attaquer aux reliefs Ardennais, cinquième de Liège-Bastogne-Liège Espoirs. "J'aime vos Ardennes", confesse l'Anglais, dont les qualités s'expriment autant sur les ascensions pavées qu'asphaltées.
DES LARMES
Après une petite escapade en Bretagne, où il a accroché un maillot du combiné et s'est partagé entre échappées et top vingt au sprint, Shaw est rentré en Belgique pour s'installer en tête de la Top Compétition. "Essentiel pour l'équipe", lâche-t-il, mèche brune toujours ébouriffée par ses quatre heures de selle sur la Flèche Ardennaise.
Car s'il s'est permis d'escalader la troisième marche de l'estrade posée sur le parvis de l'Eglise Saint Jean-Baptiste de Herve, dimanche dernier. L'Espoir deuxième année avait déjà ramené une dixième place dans les Ardennes, flamandes cette-fois, à Erpe-Mere. "Je ne vais pas faire une obsession de ce classement, car la saison est encore longue. Pour sûr, on vivra encore de grands moments. Mais quelques larmes pourraient aussi nous échapper", résume-t-il flegmatiquement, presque en philosophe.
BATTRE SKY
Sur le Grand Prix Criquielion, il tentera de défendre sa position. Mais surtout, de conforter la mainmise des Espoirs de Lotto-Soudal sur la TopCompétition. "Pour nos dirigeants, c'est essentiel. On doit se montrer sur ces courses, et en ce sens, nous tentons de nous placer avec un maximum de gars à l'avant, comme nous l'avons fait avec Bjorg Lambrecht (4e) à la Flèche", analyse celui qui fêtera ses 20 ans en juin prochain.
Quand Shaw conte sa course, décontracté, appuyé sur le camion-podium, l'Anglais semble maîtriser l'exercice. "Reste à être champion national", ironise-t-il. "J'en rêve. Certes, nous ne seront que deux Lotto, avec Alex Braybrooke. Mais bon, on donnera tout pour déjouer les plans du Team Sky!" Shaw must go on!