David Gaudu : Descente à bloc, moral à bloc
David Gaudu jubile : ''Avec le travail que les gars ont réalisé pour moi, j'étais royal !''. Avant sa montée triomphale vers Tignes, jeudi, dans la 6e étape du Tour de l'Avenir où il se rapproche à 9 secondes du maillot jaune, l'Equipe de France a effectivement abattu un gros boulot dans la descente du Cormet de Roselend. Et c'est sans doute cette opération tactique qui a payé suivant une réaction en chaîne.
Kilomètre 73 de la course, les Bleus décident de piéger l'adversité. Les coureurs ont déjà grimpé deux cols (les Saisies, le Pré) et le Roselend a prolongé le travail de sape. Au sommet, il faut accélérer. ''J'avais cette idée en tête depuis notre stage de reconnaissance dans la Maurienne cet été'', explique Pierre-Yves Chatelon, l'entraîneur national. Quatre Français sur six sont encore dans le groupe des favoris : David Gaudu et Léo Vincent, les co-leaders, Mathias Le Turnier et Valentin Madouas. Ce dernier a pris de l'avance grâce à une échappée – tout comme Nans Peters, mais qui a cédé du terrain dans le col du Pré. Victime d'un coup de chaud, Aurélien Paret-Peintre ne peut pas accompagner la bande. A ce stade, Chatelon s'inquiète un peu : ''Dommage, nos deux meilleurs descendeurs ne sont pas devant''.
Mais l'Equipe de France embraye de toutes ses forces : jusqu'à 100 km/h au compteur vélo. La descente du Roselend devient soudain plus technique. Le Turnier enchaîne les virages à bloc, suivi de Madouas et Vincent. Le coureur d'Arcachon plaisante : ''Je manquais de références en descente. A part dans la dune du Pyla... Je ne m'entraîne jamais sur ce terrain. Disons que e me suis découvert aujourd'hui.''
UNE CHUTE PROVOQUE LA CASSURE
Le plan capote un peu quand le Russe Artem Nych explose son boyau avant, tombe sans gravité, désorganise le groupe. David Gaudu est retardé par l'incident, comme il raconte : ''Tao Geogeghan Hart a fait un écart pour éviter la chute. Une cassure s'est formée et ils sont partis à trois sans moi : Léo, Mathias et Valentin''.
Au bas de la descente, le trio français a pris cinquante secondes d'avance aux autres favoris et se rapproche d'un groupe d'échappés. ''A ce moment-là, je pensais qu'il ne serait plus possible de revenir, dit Gaudu. Je misais surtout sur Léo...''
Finalement, le Breton comble son retard dans la montée de Tignes, à mesure que le groupe des leaders se disloque. En cours de route, il récupère ses coéquipiers, qui forment autant de points d'appui. ''Vraiment, le collectif a très bien fonctionné'', souligne Gaudu, qui part seul à deux kilomètres de l'arrivée.
« ON COMMENCAIT A S'ENERVER UN PEU »
Pour l'Equipe de France, le Tour de l'Avenir semble enfin avoir débuté, après quatre jours passés dans un anonymat relatif. ''On commençait à s'énerver un peu, admet Madouas. Alors, on s'est dit qu'il fallait mettre un bon coup aujourd'hui !''. Mais le Champion de France Amateurs relativise aussitôt : ''Nous avions prévu de tout miser sur la montagne, donc sur les étapes finales. D'où une préparation très différente de celle des Norvégiens qui voulaient, eux, marcher en début d'épreuve. Nous, on a participé au Tour de l'Ain, eux à l'Arctic Race. Chacun avait sa stratégie...''
Il y aura encore un beau devers vendredi sur l'avant-dernière étape entre Val d'Isère et Valmeinier : celle du col de l'Iseran. A défaut, les descentes de Sardières ou du Col de Beaune pourraient autoriser de nouvelles attaques. Mais il faudra surtout monter. Sur les 120 km prévus, 40 se déroulent en ascension.
''J'ai l'avantage de connaître les routes, aussi bien en montée qu'en descente'', explique David Gaudu, qui ne veut ''pas s'enflammer pour le classement général''. La première fois de sa vie qu'il a gravi un col, c'était ici. L'Iseran, il y venait chaque été. Ses parents ont l'habitude de prendre leurs vacances à Valmeinier, au moulin d'Olga et Maurice Escoffier. ''On a vu David dans son berceau'', disent les amis de la famille, devenus ses premiers supporters. Jeudi, ils l'ont aussi vu gagner une étape du Tour de l'Avenir.