On a retrouvé : Julie Krasniak
A deux pas de sa Lorraine natale, Julie Krasniak était présente au Championnat du Monde de cyclo-cross à Belvaux, au Luxembourg. Elle y présentait sa marque de chaussettes "The Athletic", sa nouvelle activité. L'ancienne Championne de France Espoirs route et contre-la-montre reste attachée au cyclo-cross aux Etats-Unis, là où elle vit désormais.
Au Luxembourg, elle a pu revoir deux anciennes collègues de fac et d'entraînement, Nathalie Lamborelle et Christine Majerus. Elle a aussi croisé des Cadets et des Juniors avec qui elle avait roulé il y a huit ans. "Ils m'ont appelée Madame Krasniak !", rigole la femme de 28 ans. Avec DirectVelo, elle détaille sa nouvelle vie.
DirectVelo : Pourquoi as-tu raccroché alors que tu étais une des meilleures Françaises?
Julie Krasniak : En 2012, je voulais me qualifier pour les Jeux de Londres sur la route. Je termine 2e des Championnats de France à Saint-Amand-les-Eaux mais je ne suis pas retenue pour les JO. Comme j'étais en conflit avec ma fédération, je suis partie aux Etats-Unis où j'ai décroché un contrat pour faire la saison de cyclo-cross. Je voulais continuer le vélo mais vu mes relations avec la fédération, ça ne servait à rien de continuer tous ces voyages sans jamais être sélectionnée pour les Championnats du Monde.
Le cyclo-cross aurait-il pu être un moyen de continuer ta carrière ?
C'était possible si j'avais pu continuer à courir l'été mais je n'avais plus la motivation. C'est là que j'ai décidé d'arrêter ma carrière à 24 ans, alors que je commençais à comprendre l'entraînement, l'alimentation, à ne pas me blesser.
LE TAPIS DE L'AEROPORT DE PORTLAND
Quand tu arrêtes le vélo, sais-tu vers quel métier tu veux t'orienter ?
Pas du tout. J'avais terminé mes études de droit tout en étant compétitive à haut-niveau dans le cyclisme. Je n'avais pas encore pris le temps de me demander ce que j'allais faire dans la vie. J'ai commencé par écrire des articles pour VéloVert et Vélo de route, pendant six mois. Et mon mari a eu une idée en septembre 2013 : faire une paire chaussettes pour cyclistes en reprenant le motif du tapis de l'aéroport de Portland, où nous habitons (voir ici).
C'est comme ça que naît votre entreprise...
J'ai commencé par un commerce en ligne depuis notre domicile, et ça a grandi au fur et à mesure. Nous travaillons actuellement à sept à temps plein. Avec la croissance de l'activité, j'ai aussi appris de plus en plus de choses sur ce nouveau métier. Apprendre sans arrêt, c'est quelque chose qui me plait dans la vie. Et du coup, ma saturation vis à vis du vélo a disparu et j'apprécie de nouveau mon sport.
« ENVIE DE VOMIR PENDANT DEUX HEURES »
Quels sont les liens de ton entreprise avec le vélo ?
On sponsorise une équipe où je suis coach et une série de quatre courses en cyclo-cross.
Tu soutiens aussi la pratique féminine du vélo sur la côte Ouest.
Pendant trois ans, j'ai été ambassadeur bénévole de Rapha. J'accompagnais une fois par semaine des entraînements avec des femmes. On a aussi fait le parcours du Tour de Californie, de Los Angeles à Sacramento, pendant une semaine avec des filles qui n'avaient jamais couru. Aujourd'hui je n'ai plus le temps avec mon activité mais j'organise de temps en temps des événements féminins sur Portland.
Tu continues de rouler alors...
Je roule le printemps et l'été. L'hiver je fais de la course à pied. Je fais aussi du VTT dans les montagnes. J'ai roulé il y a quelques mois avec Katerina Nash [3e à Belvaux NDLR] qui vit à San Francisco. Elle m'a dit : "j'ai un tour qui fait 2h, 2h30." A la fin de la sortie, elle me fait : "Ah ben, je ne l'ai jamais fait aussi vite le tour, on a bien roulé." Et moi j'ai eu envie de vomir pendant deux heures (rires)!
« LE CYCLISME FEMININ DOIT SE SEPARER DE L'UCI »
Comment devrait se développer le cyclisme féminin à ton avis ?
Au basket, les femmes professionnelles ont leur propre ligue en NBA. Le cyclisme féminin doit se séparer de l'UCI. Je sais que ça paraît fou comme idée. L'UCI ne veut pas des femmes dans le vélo. Elles sont des licenciées de deuxième classe. Les versions filles des courses masculines, c'est un peu faire la charité. Avec un circuit propres aux féminines, le public se déplacerait pour elles. Au Championnat du Monde de Belvaux, la plus belle course du week-end, c'était le duel Vos-Cant dans le dernier tour.
Tu as une vision américaine du sport ?
Mon mari qui est américain me dit qu'il n'y a pas plus Française que moi (rires) ! Mais maintenant j'ai les deux cultures et j'arrive à voir ce qu'il y a de mieux des deux côtés.