Arnaud Démare : « Tout le monde s'est sublimé »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Il en rêvait et il l'a fait. Pour la deuxième fois de sa carrière, Arnaud Démare a été sacré Champion de France Elites de cyclisme sur route, ce dimanche, sur le circuit de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Après 248 kilomètres de course, il a devancé Nacer Bouhanni (Cofidis) et Jérémy Leveau (Roubaix Lille Métropole). Le coureur de la FDJ revient sur ce succès auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Ce titre, c'est la récompense de l'immense travail de toute l'équipe ?
Arnaud Démare : J'ai eu une équipe très forte et très solide. Je ne me suis affolé à aucun moment. On ne s'est vraiment pas désuni. L'objectif était de rester solidaires le plus longtemps possible. On savait que le vent allait rendre la tâche plus dure. En étant devant ou dans les roues, il y avait une grosse différence. On savait que l'on pouvait rapidement perdre des coureurs en cas d'attaques. On savait que l'on allait se faire attaquer car forcément, tout le monde ne voulait pas arriver au sprint. Mais c'est une grosse satisfaction de pouvoir concrétiser le travail de cette équipe. Maintenant, avec maturité, je me rends compte qu'il y a dix-neuf coureurs qui travaillent pour moi. J'en ai pris conscience au briefing hier (samedi). Ca peut être impressionnant mais j'arrive à mieux le vivre. C'est juste parfait de pouvoir garder ce maillot bleu-blanc-rouge qui est cher à Marc Madiot et à nous, les coureurs. C'est super !

« JE N'AI PAS ETE SURPRIS »

T'attendais-tu à voir un si petit groupe se jouer la gagne dans la dernière ligne droite ?
Je m'attendais à ce scénario, oui, sachant qu'il y avait vent de dos dans la dernière difficulté. Il était certain que des coureurs n'allaient pas pouvoir rentrer après la bosse. Je n'ai pas été surpris.

Vous aviez trois coureurs dans la première grosse échappée de 17 coureurs...
C'était de la protection. On voulait placer des coureurs, en mode défensif. Quoi qu'il arrivait, on savait que l'on devrait rouler. C'était la petite réserve d'avoir des coureurs devant. Ca nous permettait aussi de contrôler derrière, malgré tout.

« JE N'AI JAMAIS EU UN MOMENT DE DOUTE »

On parlait de toi comme du grand favori : tu t'attendais donc à ce que la Cofidis et la Direct Energie vous laisse assumer le poids de la course ?
On s'attendait forcément à faire tout le boulot. On a assumé comme des chefs. Je suis fier d'eux. Quand on s'est fait attaquer, on s'y attendait et on a réagi comme il le fallait. Il y a des coureurs qui ont pu aller beaucoup plus loin que ce qui était prévu. Tout le monde s'est sublimé et le résultat est là à la fin. C'est une victoire collective.

Tu n'as jamais douté durant ces 248 kilomètres ?
Je n'ai jamais eu de moment de doute. J'ai vraiment fait confiance à l'équipe. Je savais aussi qu'on avait des cartes maîtresses avec Anthony Roux et Arthur Vichot. Ils pouvaient aller dans les coups mais ils ont très vite compris que ça allait arriver au sprint alors ils m'ont clairement dit qu'ils allaient être là dans le final pour moi. A partir de là, je savais que l'on avait encore de très bons coureurs pour rouler dans les derniers kilomètres et c'est pour ça que je ne me suis pas affolé.

« TOUS LES JOURNALISTES ME VOYAIENT DEJA GAGNANT »

Nacer Bouhanni a laissé entendre que tu n'avais pas gardé ta ligne dans le sprint...
C'est sûr qu'il est déçu et je le comprends. Mais je ne pense pas avoir fait d'erreur. Mickaël Delage m'a très bien emmené aussi et c'est une énorme satisfaction pour lui. Il ne m'avait pas emmené au sprint depuis sa grosse chute à Hambourg en août dernier. On sait qu'il a un nouveau rôle maintenant en tant que capitaine. Il a encore fait un superbe travail et il répond toujours présent.

Tu as vite compris que tu allais gagner ?
C'est peut-être prétentieux de dire ça mais j'étais vraiment confiant. Je me sens vraiment bien et j'ai confiance en mes jambes. En haut de la dernière difficulté, j'avais dit à Mickaël que je voulais lancer de loin, vent de dos. J'avais mis un 54 dents et je savais que ça allait rouler très vite. Une fois lancé, c'était difficile de me remonter. De là à réaliser ce que l'on a envie de faire, c'est autre chose. Mais je l'ai vraiment réalisé au moment où j'ai levé les bras. Tous les journalistes me voyaient déjà gagnant avant le départ mais ça reste une course de 250 kilomètres où tout peut arriver. Quand on est coureur, on sait qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

« UNE BELLE BROCHETTE »

Cap maintenant sur le Tour de France !
J'ai déjà vécu un Tour de France en bleu-blanc-rouge, mon premier en 2014. C'était un Tour de folie. Cette année, l'équipe me permet d'y aller avec de nombreux équipiers, cinq plus un. J'y arrive confiant, avec des coureurs qui marchent très bien en ce moment. Konovalovas a d'ailleurs gagné le Championnat de Lituanie et ça va faire une belle brochette sur le Tour.

Tu auras une pression supplémentaire avec ce maillot ?
Non, j'aurais eu la même pression sans le maillot. Je sais ce qui m'attend dans les jours qui arrivent. C'est une pression que j'ai déjà connue. 

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