A l'occasion du Tour de France 2017, DirectVelo repart « Sur les traces de... ». L'objectif ? Mieux connaître un coureur présent sur le Tour de France, grâce à un équipier, adversaire ou dirigeant qui l'a connu chez les Amateurs. Rendez-vous aujourd'hui avec Nacer Bouhanni (26 ans), le leader de Cofidis. Le témoin ? Guillaume De Gasquet, ancien coureur du VC La Pomme Marseille et de l'Armée de Terre, et coéquipier du Vosgien sous les couleurs de l'Equipe de France Militaire.

« J'ai croisé Nacer pour la première fois sur un critérium d'été à Toulon. Je ne le connaissais pas au départ et il a gagné. Il était encore Junior. Aujourd'hui, je me souviens de sa victoire mais surtout de son tempérament de gagneur. Ce jour-là, nous étions adversaires et je ne me doutais pas que nous ferions équipe l'année d'après (2009) à l'occasion de sélections en Equipe de France Militaire.

LE LEADER NATUREL

Nacer était sportif de haut-niveau pour la gendarmerie et moi pour l'Armée de Terre. Dès son arrivée, nous l'avons appelé "bébé Nacer" car il était le plus jeune. Parmi les courses disputées avec Nacer, plusieurs m'ont marqué. D'abord, sur la Ronde Nancéienne qui se déroule sur ses terres, j'ai remarqué l'implication de son père Karim dans sa carrière. J'ai découvert une famille très travailleuse avec beaucoup d'ambitions. Il faisait autant équipe avec son père qu'avec nous.

Nacer ne parlait pas énormément. Il faisait ses preuves sur le vélo. Il était le leader naturel de l'équipe. J'ai vu tout de suite qu'il avait le potentiel pour faire partie des meilleurs du monde au sprint. La seule incertitude venait d'une possible blessure car il va beaucoup au contact. Une grosse chute peut arrêter une carrière avant qu'elle ne commence. Mais au vu de ses qualités intrinsèques et du fait que ce soit un gros travailleur, je ne doutais pas qu'il serait un champion du sprint. Il fait partie du peu de mecs pour lesquels tu vois de suite qu'ils ont un truc. Parmi les gars avec qui j'ai couru, il n'y en a qu'un seul qui est plus doué et c'est Julian (Alaphilippe). 

DES AMBITIONS REVUES À LA HAUSSE

L'Equipe de France Militaire s'est vite aperçue du potentiel de Nacer. Les ambitions ont été revues à la hausse pour la saison 2010. Nous avons participé à plusieurs courses de Classe 2 comme le Tour de Gironde. Nacer a gagné une étape là-bas et a porté le maillot jaune. Nous l'avons perdu sur la dernière étape. J'ai découvert que Nacer était très mauvais perdant. C'est un gagneur qui déteste perdre ! D'après ce que je vois à la télé, c'est un trait de caractère qu'il a gardé.

Sur ce Tour de Gironde, nous nous sommes aperçus que Nacer était un champion en devenir. Quelques semaines plus tard, il a confirmé sa forme et son talent sur le Championnat de France Amateur, à Chantonnay (Vendée) où il termine à la cinquième place alors qu'il était à peine Espoir 2. Le mois suivant, il était stagiaire avec la FDJ et l'année d'après professionnel. Bébé Nacer est vite devenu grand. »