Benoit Cosnefroy : « Tout va trop vite »

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

"Allons, enfants de la Patrie, le jour de gloire est arrivé". Benoit Cosnefroy se souviendra toute sa vie de ce vendredi 22 septembre 2017, son jour de gloire à lui. Les yeux humides sur le podium, maillot arc-en-ciel sur les épaules, médaille dorée autour du cou, le Normand entend résonner la première Marseillaise des Championnats du Monde de Bergen, en Norvège. Sa Marseillaise, la Marseillaise de tout le clan tricolore, aussi. "Les gars ont fait une superbe course. Cette victoire, c'est aussi celle de tout le groupe France", savoure le néo-pro d'AG2R La Mondiale, qui se sentait intouchable sur ce Mondial. "Dans la dernière bosse, je me suis même dit : C'est mon jour, je vais être Champion du Monde". Benoit Cosnefroy revient sur son sacre auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Benoit, tu es Champion du Monde Espoirs sur route !
Benoit Cosnefroy : Je ne réalise toujours pas. Peut-être que lorsque je verrai des photos demain... C'est dingue ! Tout s'enchaîne. Depuis le Grand Prix d'Isbergues... Tout va trop vite. J'ai envie de partager ça avec ma famille maintenant. C'est incroyable. Il y avait un gros plateau et devenir Champion du Monde, c'est fou.

« JE ME SUIS DIT : "C'EST MON JOUR, JE VAIS ÊTRE CHAMPION DU MONDE" »

La façon dont tu es sorti du groupe principal puis dont tu es revenu sur Lennard Kämna dans le final était particulièrement impressionnante...
J'ai tourné la canne tout le long de la course. J'étais bien et je n'ai jamais stressé. Je ne me suis jamais emporté non plus. En fait, je me suis toujours dit que ça allait le faire, que ce soit pour moi ou pour un collègue. Dans la dernière difficulté, je me suis retrouvé dans la roue du Champion d'Europe, Pedersen, et il a attaqué. Je me sentais super bien dans sa roue et à ce moment-là, je me suis dit que ça pouvait être intéressant. Je me suis même dit : "C'est mon jour, je vais être Champion du Monde". Ce n'est pas que ça pouvait le faire, mais que ça devait le faire. J'ai donc contré mais en haut de la bosse, il n'y avait pas la différence que j'aurais souhaité. Je me suis retourné et j'ai vu qu'il y avait encore beaucoup de monde. Et là, je me suis dit que le scénario imaginé n'allait pas avoir lieu. J'ai eu peur que ça ne marche pas et qu'on arrive à 30 au sprint. A ce moment, je me suis demandé comment j'allais m'en sortir.

Finalement, tu as continué à bloc !
Oui, j'ai fait la descente à fond en prenant quelques risques. Je me suis dit que de toute façon il fallait y aller. J'ai réussi à rentrer sur l'Allemand (Lennard Kämna) et quand je suis rentré, j'ai continué à appuyer et à passer de bons relais.

« IL FALLAIT TROUVER LE JUSTE MILIEU, CE N'ETAIT PAS FACILE »

Tu n'as jamais eu peur que ça rentre ?
Je l'ai envisagé mais de toute façon, une fois que j'étais là, devant, il fallait que je joue ma carte à fond jusqu'au bout. Donc j'ai roulé, encore et encore, pour jouer la gagne. Il fallait appuyer pour que l'on aille au bout et en même temps, je ne le connaissais pas bien alors je n'avais aucune idée de sa pointe de vitesse. Il fallait trouver le juste milieu. Ce n'était pas facile. Je me demandais quoi faire, je ne voulais surtout pas faire deuxième. J'hésitais... Tout en roulant à fond.

Il n'y a pas eu photo au sprint...
Avant ça, j'ai dû l'engueuler un peu pour qu'il passe des relais. Il n'en faisait pas trop mais j'ai réussi à l'inciter à collaborer. Il s'est écarté aux 500m et là, je me suis dit que si on se regardait trop, ça n'allait pas le faire. J'ai donc emmené mon braquet pour être prêt à lancer le sprint. Au moment de lancer, j'ai repensé aux sprints que l'on avait faits il y a deux semaines en stage. J'avais vu que sur une arrivée comme celle-là, il fallait plutôt mouliner et ne pas emmener un trop gros braquet. Je suis parti en vélocité, j'ai mis un bon punch. Il s'est mis dans la roue mais au fil du sprint, j'ai vu qu'il ne me remontait pas. Puis j'ai réalisé que c'était bon !

« UN GRAND BONHEUR DE PARTAGER CE MOMENT »

Tu ne connaissais pas bien Lennard Kämna...
J'ai du mal à reconnaître les coureurs dans le peloton, c'est vrai. Je ne savais pas sur qui je revenais. Je n'y ai pas pensé. Je suis resté concentré sur ma course. Mais ça pouvait jouer effectivement car au Championnat d'Europe, je ne connaissais pas le Danois qui m'a battu au sprint (Casper Pedersen) et ça m'avait joué des tours. Je ne savais pas s'il allait vite au sprint. Mais bon, visiblement j'étais le plus rapide (rires).

Cette victoire, c'est aussi celle d'un collectif qui a couru à la perfection ce vendredi ?
J'ai fini le boulot et personnellement, j'étais en superbe condition mais c'est vrai que l'équipe a fait un superbe travail. On avait mis une tactique en place et on l'a tous parfaitement respectée. Il y avait toujours des mecs dans les coups. On était bien représenté et j'ai su en profiter dans le final. Il faut remercier toute l'équipe car les mecs ont fait un gros boulot. C'était un grand bonheur de partager ce moment avec eux sur le podium protocolaire.

« JE DOIS AVOIR 1000 MESSAGES »

On pouvait s'amuser de l'anecdote sur Halvorsen (lire ici) mais finalement, le lauréat du Grand Prix d'Isbergues est une nouvelle fois Champion du Monde...

C'est ça ! Ca m'est tombé dessus. Au-delà de cette anecdote, ça me fait surtout deux victoires coup sur coup, et pas n'importe lesquelles. Ca s'enchaîne bien... C'était inespéré, vraiment. Surtout que sur ce Championnat, il pouvait se passer n'importe quoi avec la pluie notamment. Mais c'était quand même à mon avantage, je voulais qu'il pleuve.

Une heure après l'arrivée, tu n'avais toujours pas eu le temps d'allumer ton portable. Qui vas-tu appeler en premier ?
Je vais vite appeler mes parents, ma soeur et ma copine ! C'est hyper important pour moi de partager ça avec eux. Je pense que je dois avoir 1000 messages à lire déjà (rires).

La nuit s'annonce courte à l'hôtel des Bleus !
Je ne suis pas sûr que l'on se couche. On va se boire une petite coupe de champagne et après, on verra mais on risque de bien s'amuser et de ne pas aller au lit très tôt. On va profiter !

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