On a retrouvé : Régis Leguevaque

Crédit photo DR

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Dix ans après, Régis Leguevaque a tout d'un coureur de troisième catégorie parmi tant d'autres. Avec deux 17e places en Toutes Catégories pour meilleurs résultats cette saison, le sociétaire de l'US Colomiers (Haute-Garonne) pourrait presque passer pour un anonyme dans les pelotons. Pourtant, les speakers et les spectateurs rappellent souvent qui est le coureur de 26 ans. Champion de France Cadets le 29 juillet 2007 à Mussidan (Dordogne), au terme d'un sprint rondement mené, Régis Léguevaque a connu son heure de gloire ce jour-là, en devançant notamment Arnaud Démare (voir le classement). Et ce avant de disparaître des écrans radar quelques saisons plus tard. Pour DirectVelo, il se replonge dans les 250 derniers mètres de sa plus belle victoire, et nous raconte ce qu'il a vécu depuis. 

DirectVelo : En 2007, que représentait ce titre de Champion de France Cadets à tes yeux ? 
Régis Leguevaque : Ça fait déjà dix ans, j'ai réalisé ça cet été quand je roulais avec les copains. Pour moi, c'était une grande satisfaction et une très belle victoire, sur une très jolie course. Sur le coup, on ne se rend pas réellement compte de ce que ce titre représente. Avec l'ensemble du groupe, on était content d'avoir mené à bien notre objectif. C'était une récompense pour le travail collectif, pour l’entraîneur, pour la famille et pour moi-même. On avait la satisfaction du devoir accompli et bien fait. 

« C'ÉTAIT MON HEURE DE GLOIRE »

Que t'en reste-t-il aujourd'hui ?
J'ai une photo du podium et du sprint. J'ai le maillot dans l'armoire mais il ne trône pas au-dessus de mon lit. La médaille doit être par là, sur une étagère... 

C'est sans doute ton meilleur souvenir sur le vélo ?
Ça fait partie de mon histoire, du coup beaucoup de gens se souviennent de moi grâce à ça, même encore aujourd'hui quand je fais quelques courses. Les speakers rappellent souvent que j'ai été Champion de France Cadets en 2007. Ça fait vraiment partie de mon histoire sur le vélo. C'était mon heure de gloire, évidemment.

Dix ans après, te souviens-tu encore du moindre détail ?
Je revois parfois la vidéo avec des potes, ça m'évoque de grands souvenirs, ça me fait toujours quelque chose de revoir les derniers mètres de la course. Ce sont de très bons instants. Je m'en souviens bien, même si ce n'est pas comme si c'était hier. C'est un truc que l'on n'oublie pas, que l'on ne peut pas peut oublier et qu'on ne doit pas oublier. 

« COMME À LA TÉLÉVISION »

Comment avais-tu géré ce Championnat ?
Avec le comité Midi-Pyrénées, on avait bien reconnu le parcours. Quand je revois la vidéo, je me souviens très bien de mon positionnement, de ce à quoi j'ai pensé et ce qu'il fallait faire pour bien dérouler mon sprint jusqu'au bout. Avant le dernier virage, il fallait être dans les cinq ou sept premiers pour ne pas produire son effort trop tôt ou trop tard. J'étais un coureur qui sentait quand c'était le bon instant pour tout donner jusqu'à la ligne. Quand c'était le moment, je me suis décalé et j'ai tout mis jusqu'à la ligne. C'était le bon timing, tout était bien orchestré. Auparavant, je me souviens que la course en elle-même avait été très rapide et intense. J'avais rarement roulé aussi vite. Je me souviens que plusieurs équipiers avaient pris des échappés alors que je comptais jouer ma carte au sprint. L'équipe n'était pas bâtie autour de moi, mais j'étais à la bonne place après un bon scénario. Et quand il a fallu lancer le sprint, ça a répondu jusqu'au bout.

Ce titre a dû te procurer beaucoup d'émotions...
C'était une journée extraordinaire. Même la semaine après le retour était exceptionnelle, on a fêté ça avec les amis du vélo et la famille, c'était unique. Ça récompensait tout le monde, surtout les gens qui faisaient des efforts pour moi. Au club, tout le monde était aussi content que moi et on a tous partagé la victoire ensemble. 

Tu as eu le droit à « La Marseillaise » ! 
C'était quelque chose de très émouvant. Je m'en souviens encore. C'est un truc que l'on voit à la télévision d'habitude sauf que là, c'était pour moi, avec le maillot bleu-blanc-rouge. C'était comme à la télévision mais cette fois, c'était en vrai.

« ARNAUD DÉMARE ? UN PETIT BONUS »

Ce jour-là, tu avais gagné devant un certain Arnaud Démare...
A l'époque, on ne savait pas qu'il allait percer comme il l'a fait. Il termine troisième ce jour-là. Ça fait un petit bonus quand on en reparle avec mes amis ou que d'autres personnes en parlent. Il fait partie des cyclistes français qui sont bien reconnus aujourd'hui. Les gens sont surpris quand ils savent ça. La question qui leur vient après, c'est pourquoi je n'ai jamais été professionnel.

Et pourquoi, alors ? 
Pendant un moment, je me suis beaucoup entraîné. J'ai notamment fait une saison correcte en Juniors puis en Espoirs, ça n'a pas aussi bien marché. Je n'étais pas prêt à faire le sacrifice des études pour le vélo. Le temps n'est pas extensible, les journées ne font que 24 heures. Au final, les astres ne se sont pas alignés et je n'étais sans doute pas au niveau. En Juniors, c'était deux supers saisons avec beaucoup de plaisir, même sans gros résultats. Les courses ne se finissent que rarement au sprint et il me manquait souvent un truc pour être dans la bonne échappée. Par la suite, les études ont pris le dessus et je manquais de temps.

Tu as eu l'occasion de reparler de ce sprint avec Arnaud Démare, depuis ?

Non, on ne s'est jamais revu. J'avais hésité à le recontacter quand il était devenu Champion de France pour la première fois mais je ne l'avais pas fait, je ne l'ai jamais recontacté. 

« J'AI FAIT DES CHOIX »

Ça te fait quoi de voir qu'il est devenu l'un des meilleurs sprinteurs au monde ?
Je suis très content pour lui, il a super bien réussi. Il est très bon et j'ai hâte qu'il batte les meilleurs mondiaux. J'étais plutôt sprinteur donc j'ai tendance à soutenir les autres sprinteurs. Je regarde souvent les arrivées du Tour de France pour voir comment ça se passe. Je regarde où est Arnaud, comment ça se déroule, comment il gère ses arrivées. A Mussidan, au moment de ce Championnat de France Cadets, je ne le connaissais pas encore. Je n'avais pas conscience de ses capacités. En Cadets, c'est dur à déterminer. Je crois qu'il était très déçu au vu des photos du podium ou l'on le voit lâcher une larme. On n'avait pas discuté sur le podium mais quand on regarde les photos, on comprend que c'était le cas.

Regrettes-tu d'être passé à côté d'une carrière, à l'inverse d'un Arnaud Démare, justement ? 
J'ai toujours fait du vélo par plaisir, je ne me suis jamais dit que je voulais être professionnel quand je serai grand. Je n'ai pas couru après ça toute ma vie. J'ai fait du mieux que je pouvais dans tout ce que j'ai fait mais encore une fois, j'ai fait des choix et j'ai préféré me consacrer à mes études. 

Aujourd'hui, tu cours encore, malgré tout, en troisième catégorie...
J'ai toujours été, à l’exception d'une année, au club de Colomiers depuis que j'ai commencé le vélo. Je fais quelques courses sur route et en cross pour me faire plaisir. C'est top. Même si les semaines sont longues, je sors un peu à vélo pour décompresser. Grâce à ma famille et à ma copine, je peux me faire plaisir sur les courses. Quand ça arrive au sprint, je fais tout pour me rappeler les bonnes choses et que ça marche bien. Ma dernière victoire remonte à une nocturne en 2014 au terme d'un beau sprint. Je n'ai jamais raccroché le vélo en me disant que c'était fini. Il n'y a rien de mieux que ça pour se changer les idées, c'est un retour aux sources.

« LE VÉLO, C'EST L'ÉCOLE DE LA VIE »

Tu as donc encore une bonne pointe de vitesse...
J'ai la passion du sprint donc si la course arrive groupée, je suis le plus heureux du peloton et je donne tout ce que j'ai. Ce n'est pas devenu mon point faible. Savoir si les sprinteurs sont casse-cou est un grand débat mais moi, je n'ai pas peur sur le vélo. Le sprint, c'est comme les mecs qui sont toujours dans la bonne échappée, c'est une science. Je ne suis pas doué pour prendre les bons coups durant la course mais je tire mon épingle du jeu dans les arrivées massives.

Finalement, le vélo aura continué de t'accompagner, même si tu n'as pas percé !
Je pense au vélo chaque jour, mais pas forcément à ce titre de Champion de France. Faire du vélo amène beaucoup de choses, il faut le vivre pour le voir. Personnellement, c'est une grande satisfaction. Le vélo m'a beaucoup apporté de valeurs, le goût de l'effort. Ce sont des choses que l'on garde comme par exemple l'hygiène de vie. Le vélo, c'est l’école de la vie, on apprend énormément sur soi et sur les autres.

Outre ta passion pour le cyclisme, de quoi vis-tu aujourd'hui ?
J'ai fait des études en école de commerce, d'abord à Toulouse puis à l'étranger, à Londres. Depuis, je suis devenu auditeur financier. Autrement dit, je travaille dans ce qui concerne la comptabilité avec les entreprises. 

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