Cédric Delaplace : « C’est tout ce que j’aime »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Cédric Delaplace est en grande condition, et il se fait plaisir. Déjà lauréat de Plaintel-Plaintel (Toutes Catégories) fin février, placé sur le Grand Prix de Saint-Hilaire-du-Harcouët (Elite Nationale) ou sur la Vienne Classic, l’ancien Champion de France Amateurs a décroché son deuxième succès de la saison, ce dimanche, sur le Tour de l’Ardèche Méridionale (Coupe de France DN3). Le capitaine de route de la formation Bricquebec-Cotentin l’emporte une nouvelle fois devant Grégoire Salmon (voir classement). Le coureur de 25 ans est revenu sur ce succès auprès de DirectVelo après l’arrivée.

DirectVelo : Tes principaux adversaires du jour semblaient tous faire le même constat après l’arrivée, à savoir que tu étais le plus fort ce dimanche !
Cédric Delaplace : Le plus fort, peut-être dans les quinze ou vingt derniers kilomètres mais tout le reste de la course, peut-être pas… Cela dit, ce qui compte, c’est la conclusion. J’ai bien couru, je sais que ce sont des courses sur lesquelles il faut être attentiste. Je suis resté plus de deux heures sans trop en faire, tout en restant vigilant. Puis passé les 100 kilomètres, je me suis dit que la course commençait vraiment. En plus, on prenait vent favorable dans les 50 derniers kilomètres et ça roulait très vite. Sur la fin, vent de dos pour bourrin, c’est tout ce que j’aime ! Il ne fallait pas me laisser vingt mètres…. J’ai attaqué assis. Tout le monde s’est regardé et j’ai pu faire le trou.

« IL FAUT ATTENDRE LA DERNIÈRE HEURE »

Tu es sorti une première fois dans les derniers kilomètres mais tu as été repris au pied de la dernière ascension, ce qui aurait pu t’être fatal...
Oui, plusieurs coureurs sont rentrés. Mais j’ai bien géré mon effort puis j’ai tout donné jusqu’au dernier virage. Il fallait vraiment virer en tête car l’arrivée était juste derrière. Je suis un petit peu surpris de gagner mais j’ai un pic de forme en ce moment alors j’en profite à fond. En espérant que ça continue comme ça dans les prochaines semaines.

Tu parlais d’attentisme : comme sur la Vienne Classic dimanche passé, on a eu le sentiment que cette manche de Coupe de France était cadenassée. Qu’en penses-tu ?
En DN1, ça roule tout le temps, il n’y a pas de temps mort. Là, en DN3, c’est vrai que je remarque qu’on laisse partir trois-quatre coureurs puis ensuite, c’est à celui qui en fait le moins. Il y a des attaques, mais personne ne veut prendre la course en main. Dans le final, on voit quand même que les dix-quinze plus forts émergent. Ces coureurs-là sortent du lot, mais que sur le final. Heureusement que l’enchaînement des kilomètres permet quand même de faire cette différence dans la dernière heure de course. Il faut attendre la dernière heure pour tout donner mais tout le monde a la même idée. Enfin… J’avoue que j’ai mis du temps à le comprendre. Avant, je faisais tout à fond comme en DN1 (sourires).  Je suivais tous les coups l’an passé. J’étais présent dès le kilomètre 0. Du coup, j’étais peut-être aussi fort mais ça ne se voyait pas car je n’avais plus de jus.

« LE PETIT DÉTAIL QUI FAIT QUE... »

Tu confirmes ton bon début de saison, après ton succès sur Plaintel-Plaintel et ta 3e place à Saint-Hilaire…
Je n’aurais jamais imaginé ça. Maintenant que je travaille à côté (il est commercial à Promocash, multi-spécialiste de la distribution alimentaire, NDLR), je ne peux pas faire de gros hivers en terme de volume. Mais le stage de dix jours dans le Var, en février, m’a fait du bien. C’était ma première semaine de “vacances” depuis un an… À l’entraînement, ce n’est plus comme avant. Je roule le soir, vers Caen… Il faut s’adapter. L’an passé, ce n’était pas évident mais cette saison, j’ai pris l’habitude et j’arrive à m’en sortir. J’ai trouvé le bon compromis. En tout cas, oui, le début de saison est réussi. Le reste ne sera que du plus.

Sur ce Tour de l’Ardèche Méridionale, tu devances Grégoire Salmon, comme à Plaintel !
C’est le petit détail qui fait que… Il aurait pu gagner, je pense qu’il est aussi fort que moi. Mais il n’a peut-être pas la confiance que j’ai actuellement. S’il m’avait battu à Plaintel…

« ON SE DIT QUE JE SUIS UN GAGNEUR »

Peut-être qu’il y a également un poil d’intimidation, car tu es “un nom” dans ce peloton DN3…
Oui, je ne sais pas… Peut-être un peu. Peut-être qu’on se dit que je suis un gagneur, que j’ai plus l’habitude que d’autres dans le peloton. En tout cas, un coureur comme Grégoire Salmon va en gagner une bientôt et il le mérite, franchement.

Comment vois-tu ton avenir dans le vélo ?
Je ne me pose pas trop de questions. Je ne pense pas à un éventuel arrêt, je me fais simplement plaisir. Dans mon organisation, je vais rouler quand j’en ai envie. La semaine, c’est de l’entretien plus qu’autre-chose. Puis je m’amuse le week-end en course, je donne tout. 

« J’AI ENVIE DE FAIRE GAGNER LES COPAINS »

Et là, par exemple, tu vas reprendre le boulot dès ce lundi ?
Oui, en reprenant à midi, heureusement ! J’ai même le temps de faire une petite sortie de récupération d’une heure, parfois, le lundi matin. Pour le reste tout est calculé : c’est pour ça que je fais beaucoup de jus en semaine. L’avantage, c’est que j’ai de la fraîcheur et le week-end, j’ai hâte de me faire mal aux jambes en course. C’est une autre façon de faire du vélo, tout simplement. Je me rends compte aujourd’hui qu’il me faut de la fraîcheur pour marcher. Avant, je roulais tout le temps, tous les jours… Je me mettais de la pression pour passer pro mais ça ne me réussissait pas. Chez les amateurs, il faut de la fraîcheur et avoir envie de se faire mal. Et prendre le risque de tout perdre… pour gagner ! Comme aujourd’hui !

Sur quelles courses espères-tu t’illustrer dans les prochaines semaines ?
Le Tour de la Manche sera un rendez-vous important, à domicile. Il y aura aussi la Gainsbarre, entre autres. Il y a aura pas mal de courses sympa dans la région, en comprenant les Toutes Catégories. Sur ces courses-là, j’ai envie de faire gagner les copains de l’équipe si l’occasion se présente. Je pense par exemple au prochain Grand Prix d’Yquelon. Je l’avais gagné l’an passé. Si cette fois, je dois enterrer tout le monde derrière pour favoriser la victoire d’un équipier, je le ferai. Enfin, on verra ça la semaine prochaine. En attendant, je vais déjà payer un petit coup à boire aux gars !

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