L'Union Francophone de Cyclisme met une dent de mieux

Crédit photo Www.unionfrancophonedecyclisme.com/blog

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Longtemps le vélo a fait de la francophonie sans le savoir. Machine et sport inventé en France, le français fut la langue du peloton. Peut-être pas la langue de Molière mais celle des faubourgs, de la gouaille des coureurs, de Jean Alavoine à Guy Caput. Aujourd'hui le français partage le statut de langue officielle de l'UCI avec l'anglais. Grâce à cela, tous les réglements "doivent être rédigés en français et en anglais", précisent les statuts de la fédération internationale. Mais aujourd'hui c'est aussi la langue de Karol-Ann, Youcef, Harouna ou Mohcine, des cyclistes que présente l'Union Francophone de Cyclisme sur sa page Facebook (voir ici) en cette semaine de la langue française.

Depuis 2013, on parle de la francophonie tous les quatre ans au calendrier cycliste. Le cyclisme a fait son apparition comme sport de démonstration aux Jeux de la Francophonie 2013 qui s'étaient déroulés à Nice (lire ici). Christel Ferrier-Bruneau et Pierre Latour furent les premiers Champions de la Francophonie de l'histoire. Le vélo était de nouveau présent aux Jeux d'Abidjan cet été. L'UCI et l'Union Francophone de Cyclisme aimeraient bien que le cyclisme devienne une discipline de plein droit du programme de ces Jeux. Une réunion avec comité directeur de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), début mars, donnent de bons espoirs à l'UFC. Le Nouveau-Brunswick, organisateur des Jeux 2021, doit encore donner sa réponse. Mais l'OIF a posé une condition. Les Jeux de la Francophonie ont forcément une dimension culturelle. Cela tombe bien, l'UFC a des idées plein sa musette dans ce domaine.

S'ENGAGER POUR DÉVELOPPER LE CYCLISME EN AFRIQUE

L'UFC est née en 2014 d'une initiative de David Lappartient qui était alors président de la FFC. Elle regroupe aujourd'hui 28 pays et Mohammed Belmahi, Président de la fédération du Maroc, la préside. Parmi ces 28 pays, la majorité viennent d'Afrique (voir la liste). "L'UFC s'engage pour développer le cyclisme dans ces pays où il y a une forte demande et un gros potentiel. Les pays africains sont très demandeurs pour faire du cyclisme à haut niveau mais ils manquent d'infrastructures, de formation", explique Jonathan Chan, l'animateur de l'Union, dans le cadre du Service Civique.

Le Président Belhami, également élu au comité directeur de l'UCI, voit l'Union comme "un réseau d'entraide entre toutes les fédérations de cyclisme de l'espace francophone". Il place le rôle du vélo au-delà de la compétition pure et dure. "Le cyclisme doit être de plus en plus présent dans tous les domaine de la vie et de la société : l'éducation, la santé, la culture, les loisirs, l'environnement, l'économie, les transports..." Pour coller à la vision des Jeux de la Francophonie, "l'UFC peut organiser des formation, des échanges sur les méthodes d'entraînement, des projets éducatifs", énonce Jonathan Chan.

VISITE MINISTÉRIELLE À LA FORMATION AU RWANDA

Avec ses moyens limités -le poste de volontaire du Service civique est financé par le Comité National Olympique et Sportif Français- l'UFC lance des programmes de formation. "Nous avons profité du Championnat d'Afrique au Rwanda, un pays membre de l'UFC, pour organiser une information d'entraîneurs animée par Pierre-Yves Chatelon. Six nations étaient représentées : l'Algérie, le Rwanda, le Burkina-Faso, la République Démocratique du Congo, le Burundi et Djibouti", rappelle l'animateur. Rien n'est simple dans ce type de rassemblement. Par exemple, l'entraîneur de Djibouti ne savait ni lire ni écrire mais la parole suffit pour faire passer les messages.

Laura Flessel, ministre des sports française en visite diplomatique au Rwanda, s'est même rendue à cette formation où un exercice d'entraînement avec des cyclistes féminines rwandaises était au programme. "Cette visite est une bonne chose pour donner de la visibilité à l'UFC", se réjouit Jonathan Chan.

UNE PLATE-FORME D'ÉCHANGE

L'Union Francophone de Cyclisme manque encore de reconnaissance, y compris dans l'espace francophone. Alors qu'il y a 58 pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie, 28 fédérations cyclistes adhèrent à l'UFC. "Beaucoup de pays africains nous connaissent mais ils ne savent pas ce que nous faisons. Nous espérons passer à 30 en fin d'année, avec la Suisse par exemple", espère l'animateur, conscient que plus l'Union rassemblera de fédérations, plus elle aura de poids. "Si des pays d'autres continents nous rejoignaient, ils pourraient apporter leur savoir différent, leur expérience. L'UFC est une plate-forme d'échanges dans le but de développer le cyclisme chez ses pays membres. Tous les pays peuvent adhérer", ajoute-t-il en prenant l'exemple de la Roumanie, membre depuis 25 ans de l'OIF. Pour prendre l'exemple d'autres sports, l'Union Francophone de badminton regroupe 60 pays.

Le projet du premier Championnat de la Francophonie en 2019 (lire ici) serait aussi un autre moyen de faire parler de l'UFC. "Le Mali est candidat. L'objectif est de rassembler le plus grand nombre de cyclistes francophones, juste après le Championnat d'Afrique", indique Jonathan Chan.

COORDONNER POUR L’EFFICACITÉ

L'UFC s'engage aussi pour la formation des commissaires. A l'occasion du Tour du Sénégal (22-29 avril prochains), Max Michaud, commissaire international, animera cette formation juste avant l'épreuve. D'autres opérations peuvent être imaginées, comme l'organisation temporaire d'un camp d'entraînement en Europe pour une sélection de coureurs francophones avec la participation à des courses sur place.

Toutefois, pour que ces opérations réussissent, il faut qu'elles soient bien coordonnées sur place. "Pour la formation des entraîneurs au Rwanda, un volontaire du Service Civique envoyé par le CNOSF auprès du Comité National Olympique du Rwanda était sur place pour aider à l'organisation. Nous enverrons de nouveau une personne pour coordonner la prochaine formation", précise Jonathan Chan. Ce dernier prend aussi l'exemple d'envoi de matériel. "Ces pays attendent beaucoup de la France, en particulier pour l'envoi de matériel. Mais il y a des difficultés pour qu'il arrive à bon port. Il faut absolument quelqu'un sur place qui reçoive et distribue ce matériel". Pour réussir dans ses projets, l'UFC doit composer avec les réalités du terrain.

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