Il n’osait pratiquement plus y croire mais finalement, il y sera parvenu. A 31 ans, et pour sa onzième saison dans les rangs de la Groupama-FDJ, Anthony Roux est devenu Champion de France Elites sur route, ce dimanche à Mantes-la-Jolie (Yvelines). A la fois ivre de bonheur et pas encore totalement conscient de ce qu’il venait de réaliser, Anthony Roux a répondu aux questions de DirectVelo.

DirectVelo : Tu attendais ce maillot depuis très longtemps !
Anthony Roux : Ce maillot, c’est énorme ! Je suis quelqu’un qui stresse pas mal, je me mets beaucoup la pression. Et là, c’est pour moi. C’est la plus belle journée de ma carrière, mais aussi celle où je réalise le moins ce qu’il se passe. Je vais essayer de revoir des photos et des images de la course demain (lundi)… 

« ON SORT TOUJOURS GRANDI DES DÉFAITES »

Avais-tu fini par te dire que tu ne décrochais jamais le titre ?
Non, en tout cas pas pour continuer de préparer ces Championnats. Enfin.. Je m’étais dit que ma chance était passée. Des jeunes arrivaient derrière, avec de gros potentiels. Je me disais que c’était compliqué d’être Champion de France mais en même temps, ça m’a aussi un peu libéré et mis un peu moins de pression. Ici, j’étais venu avec à l’esprit que je pouvais prendre des risques alors que des fois par le passé, j’étais trop attentif. Comme quoi, il ne faut pas lâcher le morceau. Pour autant, je ne balaie pas totalement les pépins du passé. Disons que ça forge une carrière et un homme. On sort toujours grandi des défaites, des problèmes de santé, des chutes… Il faut toujours persévérer !

Parlons du scénario de la course : à quoi pensais-tu lorsque Julian Alaphilippe est revenu à l’avant dans le final ?
Juste avant, je voyais bien Rudy (Molard) filer vers le titre. Il y a dû y avoir une sacrée bagarre pour que ça sorte, avec une bonne cartouche de Julian pour rentrer sur nous. Quand il est rentré, je me suis dit “Walala”... Pour moi c’est le meilleur puncheur du monde. Je savais qu’il ne fallait pas le suivre dans les dernières bosses. Je ne suis pas puncheur comme lui mais plutôt un rouleur. Il fallait que je monte la bosse sur un bon train, sans perdre trop de temps non plus. Puis il fallait à tout prix rentrer. Je savais que le sprint pouvait me réussir.

Il n’y a pas eu photo sur le sprint !
Je ne pensais pas arriver avec tant de longueurs d’avance... C’est génial de gagner comme ça ! Je ne voulais pas lancer trop tôt, je savais qu’il y avait un peu vent de face. Un mec comme Julian aurait pu prendre ma roue et me sauter sur la fin. Anthony (Turgis) a lancé et c’était le bonheur pour moi. Il est sorti vraiment rapidement, il fallait aller le chercher quand même… Je pensais revoir Alaphilippe à hauteur de mon pédalier, mais non. C’était un sprint de fou ! J’ai pensé à plein de choses pendant ce sprint. J’y suis allé avec les tripes. Je n’ai même pas pu lever les bras, je ne réalisais pas. Là encore, je ne me rends pas compte. C’est un truc de fou. Quand je vois Arnaud (Démare) avec le maillot… Maintenant je vais l’avoir, alors que je ne suis pas un leader, et que je ne gagne pas de grosses courses. Ca va être magique.

« ÇA NE VA PAS CHANGER MA VIE »

Ce succès, c’est aussi - encore une fois - celui de la Groupama-FDJ...
C’est incroyable. On a de moins en moins de Français dans l’équipe, donc notre surnombre est de moins en moins net, mais quand même… On a bien maîtrisé la course, avec de bons coureurs comme Valentin Madouas, qui montent en puissance. On a pu jouer avec les nerfs du peloton. Même Léo Vincent, malade toute la semaine, s’est mis chiffon pour l’équipe. On sait ce que représente ce maillot pour l’équipe : ce sont des couleurs bleu-blanc-rouge que Marc (Madiot) veut toujours. Depuis onze ans, j’ai toujours connu cette volonté. Même Groupama, notre nouveau sponsor, n’a pas voulu mettre sa couleur verte sur le maillot, ça symbolise quelque chose.

Comment avais-tu digéré la déception du contre-la-montre, jeudi dernier ?
Le chrono, je l’ai bien vécu en fait, car je ne pouvais pas faire mieux. Les conditions n’étaient pas franchement en ma faveur. C’était un poil dur pour moi. D’ailleurs, je dois rendre six ou sept kilos à Pierre Latour. Il nous a mis une fessée jeudi. Quand je vois comme il nous a mis minable, je ne pouvais pas avoir de regrets.

Que va changer ce titre dans ta vie ?
Ca ne va pas changer ma vie. Le vélo en général non plus… Il y a d’autres choses… Il ne faut pas se focaliser que sur le vélo. Ca ne va pas changer grand-chose. Enfin si, peut-être mon salaire (rires) ! Ce maillot était un but. C’est toujours classe, un coureur qui est Champion national et qui gagne sur les trois Grands Tours, je trouve. J’aimerais y arriver. Je suis à mi-chemin (il a déjà remporté une étape du Tour d’Espagne, NDLR).