Mariage africain au POC Côte de Lumière
Au départ du Tour du Rwanda (2.2) qui débute ce dimanche, les coureurs du POC Côte de Lumière portent les premiers dossards. Le numéro 1 est épinglé sur les poches de Valens Ndayisenga, vainqueur de son Tour national en 2016. L'ancien coureur de Tirol Cycling Team et de la réserve de Dimension Data est venu courir pour le club vendéen avec son compatriote Jean-Claude Uwizeye, dossard 2.
Si Valens Ndayisenga a gagné le Critérium de Nant'Est Entreprises, Jean-Claude Uwizeye s'est imposé dans une Elite Nationale, Manche-Océan, début juillet. A côté de ce bilan sportif, Jean-Marie Gouret, manager du club de DN2, fait le bilan humain de la venue des deux coureurs rwandais au POCCL.
DirectVelo : Comment sont arrivés les deux coureurs rwandais en Vendée ?
Jean-Marie Gouret : C'est grâce à Steven Laget qui a créé une association "Rouler pour le Rwanda" après un séjour dans le pays. Il connaît bien leur culture. Pour obtenir les visas avec l'ambassade, Steven a fait le nécessaire. Nous avons aussi reçu le soutien de Laura Flessel, la ministre des sports qui espère faire venir aussi des féminines. Le but de Steven est de faire connaître ces coureurs en Europe.
LES PRIMES POUR LA FAMILLE
Comment s'est faite l'intégration dans l'équipe ?
Parfois avec les étrangers, ça passe ou ça ne passe pas. Là, ça s'est bien passé. Ils étaient logés chez Steven, comme cela ils étaient en contact au quotidien. Sept coureurs du club habitent La Roche-sur-Yon, alors ils se relayaient pour rouler avec eux et leur faire connaître les routes. Il leur arrivait de manger ensemble le soir. Jean-Claude et Valens parlent anglais. Arnaud Voss, notre Belge, connaît le vocabulaire de course en anglais. Et juste avant le départ du Tour du Rwanda, Jean-Claude a invité ses coéquipiers au mariage de sa soeur.
Et l'adaptation aux courses européennes s'est-elle faite rapidement ?
Au niveau tactique, Valens était un peu perdu au début car il était habitué aux courses plus stéréotypées chez les pros, aprè son passage en Continental. Jean-Claude, c'est la bonne surprise. Pour sa première course, une toutes caté, il y avait onze passages, il est passé onze fois en tête pour gagner les primes. Il faut savoir que le salaire moyen au Rwanda c'est 50 euros. Alors ils envoyaient une partie de leurs primes dans leurs familles. Ils ne parlaient pas français mais les primes, ils comprenaient bien (sourires). Dans les courses Elites, ils ont mis un peu de temps à comprendre la tactique.
LE POTENTIEL POUR UNE CONTINENTAL
La victoire à Manche-Océan montre qu'ils l'ont bien assimilée...
Cette victoire c'est une bonne surprise. Nous n'avions que deux coureurs engagés. Gagner tout seul face aux équipes bretonnes, ça prouve leur niveau. Ils ont le potentiel pour trouver une Continental.
Ils ont aussi découvert les pavés...
C'était au Grand Prix de Pérenchies. La veille au soir, Jean-Claude disait "non, non", il ne voulait pas courir dessus. Mais le jour de la course, il avait le sourire, il a même fait une prime de 40 euros.
« LES COUREURS ONT PRIS LEUR DEFENSE »
Comment ont-ils été accueillis dans le peloton ?
Au Tour de Loire-Atlantique et dans une autre course, ils ont été insultés. La bêtise humaine... mais de toutes façons, ils ne comprenaient pas. Mais d'autres coureurs du peloton ont pris leur défense. Ces coureurs méritent le respect. Au Rwanda, ils passent la semaine dans un centre d'entraînement. Mais pour y aller, ils parcourent 90 kilomètres à vélo le lundi, avec leur valise sur le dos. Et ils repartent le vendredi, toujours à vélo et toujours avec leur valise.
Vont-ils revenir en Vendée ?
Après le Tour du Rwanda, ils vont courir le Tour du Colorado avec l'équipe nationale du Rwanda. Leur objectif c'est d'aller au Championnat du Monde. Ils viendront peut-être participer au Tour de Vendée en septembre avec la sélection nationale.