On a retrouvé : Romain Mary
Romain Mary a connu les différentes étapes du SCO Dijon, de sa création à l'accession en DN1 en 2001. Le point d'orgue de sa carrière aura été le Championnat de France amateurs qu'il a remporté en 2000. "Bercé par les courses du coin et pas par le Tour de France", il n'est finalement pas devenu professionnel et aura passé toute sa carrière cycliste au SCO Dijon. Devenu manager de la formation dijonnaise en 2009 après avoir arrêté sa carrière, il a pris depuis quelques années du recul mais briguera peut-être bientôt la succession de son père à la tête du club. Romain Mary évoque pour DirectVelo ses souvenirs et sa nouvelle vie.
DirectVelo : Que deviens-tu ?
Romain Mary : J'ai un job de chargé de développement pour la fédération sportive de la police nationale. Je suis détaché depuis huit ans de ma fonction de CRS. Mon métier consiste à étendre le tissu associatif sportif dans les services de police. Pour la Bourgogne-Franche-Comté, j'ai 1200 licenciés sous ma coupe. En parallèle, j'anime une trentaine d'évènements. Le 14 mai, j'organise une randonnée de vélo à Ornans et le 23 mai, il y aura le championnat de France de la police à côté de Troyes.
Pourquoi as-tu décidé d'arrêter le vélo en 2009 ?
J'avais dit à Romuald Bourdel (le directeur sportif du SCO Dijon à l'époque, NDLR) que je faisais la saison mais que je ne voulais plus être engagé sur de grosses courses. Je ne voulais faire que des petites courses proches de la maison. Les jeunes ne marchaient pas trop. Romuald Bourdel comptait sur moi. Ça m'a dégoûté car je ne marchais pas du tout. Je bouchais les trous, je ne me suis pas du tout fait plaisir. Sur le Tour des Deux-Sèvres, il y avait la jeunesse prometteuse avec Pierre-Luc Périchon et Alexis Coulon. Alexis Coulon avait gagné une étape et avait pris le maillot jaune. J'avais roulé une étape pour lui jusqu'à un gros orage. Là je me suis dit que c'est fini, je m'arrête. Je me suis garé sur le bas côté, j'ai attendu la voiture-balai. J'ai arrêté comme ça.
« J'AI RENCONTRÉ MARC MADIOT POUR MONTER UNE EQUIPE CONTINENTAL »
Tu n'as pour autant pas quitté le monde du vélo puisque tu es devenu manager du SCO Dijon...
Dans la foulée, j'ai repris le management de la DN1. Quand je suis arrivé dans le club en tant que manager, le but était de faire avancer le club dans la structure, qu'on ait du personnel salarié pour gérer les coureurs. A l'époque, j'ai mis en place Denis Repérant. Plus tard, on a mis Sébastien Boire en mécano. Il a fallu que je gère la transition Lapierre - Materiel-velo.com qui a été un gros chamboulement. J'ai été à l'initiative de ce changement avec Raphaël Collot. La logistique était complètement différente.
As-tu eu l'idée de faire passer le club à l'échelon Continental ?
Avec la Française des Jeux, j'ai voulu monter une équipe Continental avec le SCO Dijon. On était équipé par Lapierre et Shimano comme eux. On avait pas mal de points en commun pour se rapprocher. J'avais rencontré Marc Madiot. Je voulais faire un peu comme la Rabobank Espoirs, quelque chose de transitoire avant d'accéder à l'étage supérieur. Finalement, il a refusé. Ça fait sourire que presque dix ans plus tard, il ait finalement créé une équipe Continental.
Finalement, tu as laissé tes fonctions de manager en 2014...
La vie privée a pris le pas, il a fallu que je laisse petit à petit toute la gestion à Denis Repérant. J'avais mon métier et ma famille avec mes enfants qui grandissaient. Je préférais aller voir mon fils au foot le dimanche. L'un des derniers trucs qu'on a effectué ensemble avec Denis Repérant a été la visite chez Rayanne Bouhanni. Ensuite, il s'est débrouillé tout seul. Je lui ai laissé petit à petit des bouts de budget.
« UN LIEN INDÉFECTIBLE AVEC LE SCO DIJON »
Quel lien gardes-tu avec le SCO Dijon ?
J'ai un lien indéfectible avec le club car le président est mon père, Bernard Mary. Je lui donne un coup de main sur les organisations du club quand il y a besoin. Je pense que je reprendrai des fonctions au club d'ici deux ou trois ans lorsqu'il partira à la retraite. Deux chefs d'entreprise qui sont d'anciens coureurs du SCO Dijon sont prêts à reprendre les manettes du club ; je pense que je pourrai les reprendre avec eux.
Tu as suivi l'évolution du club depuis tes plus jeunes années...
J'ai commencé en pré-licencié et le club s'appelait le Moto Vélo Club Dijonnais. Après, il y a une fusion et ça a donné le Dijon Olympique Cyclisme. Il y avait notamment Jaan Kirsipuu. Puis, il y a eu une liquidation judiciaire. En 1993, mon père a remonté le SCO Dijon, on a inventé le nom ensemble le soir à table. La première année, on devait être 14 licenciés au club. En minime, j'étais tout seul. En cadet, un ou deux collègues sont arrivés et ainsi de suite de juniors à 2e catégorie. Puis, on est arrivé en DN3, j'ai commencé à me prendre au sérieux avec Jérémie Dérangère et François Leclerc. Le club est monté en DN2 en 2000, puis en DN1 l'année d'après et on a failli être champion.
« J'AURAIS PEUT-ÊTRE DÛ FORCER LES PORTES POUR FAIRE UN AN OU DEUX CHEZ LES PROS »
Tu as été champion de France amateurs en 2000. As-tu pensé passer chez les pros ?
J'aurais peut-être dû forcer les portes pour faire un an ou deux chez les pros. Mais, je n'ai jamais fait du vélo pour être pro. J'ai été bercé par les courses du coin, et pas par le Tour de France. C'est venu à moi quand j'ai été champion de France. L'équipe Italienne Alexia Alluminio me voulait. Le manager de Jean Delatour, Michel Gros, avait un peu hésité entre Lenaïc Olivier et moi. Il avait terminé 2e derrière moi au Championnat de France amateurs et il courait chez Jean Floc'h, c'était la grosse équipe de l'époque. J'avais fait un petit stage hivernal chez Jean Delatour, dix jours en janvier à Hyères. C'est mon ami Gilles Bouvard, qui était coureur là-bas à l'époque, qui me l'a proposé. Le seul regret est de ne pas avoir poussé la porte chez Vincent Lavenu. Gilles Delion, mon mentor, m'a rapporté plus tard que Lavenu avait entendu dire que je rentrais dans la police, que je ne m'intéressais plus au vélo.
Fin 2001, tu as intégré l'école de police de Montbéliard...
En 2001, j'ai connu une saison très compliquée. Certes, d'entrée, j'ai gagné Troyes-Dijon. Mais après, je chute à Paris-Barentin où je suis en passe de gagner. Puis, je tombe deux fois de suite sur le Tour de Bretagne. Je rentre avec une luxation de l'épaule. Et je retombe encore à Reims en me préparant pour les France. Je compte sauver ma saison aux Jeux Méditerranéens. J'attrape la tourista comme la moitié de l'équipe. Ça m'a dégoûté. J'allais être papa, il fallait que je gagne ma vie.
Tu as quand même continué au SCO Dijon jusqu'en 2009...
Je n'ai quasiment pas couru en 2002. Après, je suis bien revenu, ils avaient inventé cette catégorie Elite 3 entre les courses nationales et Elite. Cependant, je n'ai jamais retrouvé le niveau que j'avais avant. J'ai remarché deux-trois coups mais rien de régulier. Je n'étais pas un moteur. Si je voulais marcher, il fallait vraiment que je fasse beaucoup de sacrifices. En gros, j'ai vraiment fait le métier pendant deux ans en 2000 et 2001 où je me suis consacré à 100% au vélo.
« LE SCO DIJON A ÉTÉ BÂTI AVEC UNE ÉQUIPE DE VIEUX BRISCARDS »
Quels souvenirs gardes-tu de ton époque au SCO Dijon ?
La culture SCO Dijon a été bâtie avec une équipe de vieux briscards qui bossaient à côté. On n'avait aucune prétention de passer chez les pros. On faisait du vélo plaisir entre copains. La réglementation a fait qu'on a tout axé sur les Espoirs. La transition sur la formation s'est faite petit à petit, on a créé la réserve où Julien Bernard courait en 2e catégorie. Puis, il y a eu l'équipe Juniors.
Continues-tu à rouler un petit peu ?
Je fais du vélo quand il fait beau uniquement, de mai à septembre. Avec mon frère, cet été, on s'est lancé un défi : rouler pendant quatre jours jusqu'en Bretagne avec 850 kilomètres en tout. Donc il faudra que j'en fasse un peu plus. Je vais rouler de temps en temps avec mon fils qui aurait été plus un grimpeur qu'un routier sprinteur comme moi.
Mais ton fils ne s'est pourtant pas mis au vélo...
Je l'ai mis au foot, en me disant qu'il ferait du vélo plus tard. Il était dans une petite équipe qui gagnait souvent. Un jour, sur un match de village, le DFCO était là et mon fils a tapé dans l'oeil des recruteurs du DFCO. Du coup, il est dans le centre de formation. Il a intégré le club en U15. Il joue maintenant en U19. S'il peut passer pro, il ne s'en privera pas ; mais il a conscience que dans le foot, il y en a très peu qui réussissent.
Crédit photo : Christian Cosserat - DirectVelo