Steve Chainel : « Reprendre les bases »
Steve Chainel est toujours là, fidèle au poste. Pendant qu’il apercevait ses principaux adversaires de la dernière décennie, John Gadret ou Francis Mourey, de l’autre côté des barrières - ce qui lui a d'ailleurs "mis un coup de vieux", le leader et patron du Team Chazal-Canyon-3G Immo luttait pour tenter de décrocher un énième podium en Coupe de France Elites de cyclo-cross. Mission accomplie pour l’athlète de 36 ans, finalement 2e sur le circuit de La Mézière (Ille-et-Vilaine), puisque seulement devancé par son ancien coéquipier et protégé, Antoine Benoist (voir classement). DirectVelo a profité du rendez-vous breton pour faire le point avec Steve Chainel.
DirectVelo : Es-tu satisfait ou déçu de cette 2e place derrière ton ancien protégé Antoine Benoist ?
Steve Chainel : Le bilan est mitigé. J’étais venu ici pour gagner et non pas pour faire 2e, 3e ou 6e. Je savais qu’il allait y avoir de la fatigue du Roc d’Azur mais j’avais dit aux collègues de l’équipe qu’il était hors de question d’avoir des regrets ce soir. Il n'y en a pas, mais quand on se fait battre, on est toujours déçu, surtout que j’ai fait pas mal d’erreurs. Maintenant, je fais 2e derrière, peut-être, le futur très grand de la discipline. Ce n’est pas une passation de pouvoir, car je n’ai jamais eu le pouvoir (sourires). Ce qui est sûr, c’est qu’on s’est mutuellement poussés dans nos retranchements, et c’était bon pour le spectacle.
As-quoi attribues-tu ces fautes de pilotage que tu évoques : la fatigue, la technique ?
Dans un premier temps, c’est parce que j’étais dans la roue d’Antoine (Benoist) et que je n’avais pas une bonne visibilité de la trace qu’il fallait prendre. C’est une erreur de jeunesse (rires). C’était peut-être dû aussi au manque de confiance. Puis je n’oublie pas que j’ai aussi eu un ennui mécanique. C’est de ma faute : j’ai fait le bourrin alors qu’il fallait être souple. Cela m’a fait perdre une trentaine de secondes. Laisser trente secondes à Antoine, David Menut et tous les autres, c’est compliqué… Ce sont malheureusement des choses qui arrivent. La semaine dernière, j’avais loupé mon départ à l’EKZ. Ici, j’ai fait le bourrin. Il va peut-être falloir reprendre les bases (rires), et faire une vraie course pleine en étant le plus concentré possible. S’il y a ces erreurs techniques, c’est qu’il y a un manque de lucidité et de concentration. À moi de combler ça dans les prochaines semaines.
« ARRÊTER DE REGARDER L'ANNÉE DE NAISSANCE DE MES ADVERSAIRES »
Quel enseignements avais-tu tiré de ton séjour aux Etats-Unis, sur ce début de saison ?
J’aurais aimé finir la première manche de Coupe du Monde. J’ai perdu des points importants. En revanche, j’ai terminé 14e dans l’Iowa, sur un circuit rendu très gras, physique et technique. C’était peut-être mon cyclo-cross le plus abouti depuis mon début de saison.
Et maintenant ?
Il y aura Berne la semaine prochaine, avec le Championnat d’Europe en point de mire. La saison sera alors déjà bien entamée. Je suis aussi satisfait du comportement de l’équipe, qui me laisse tranquille avec ma casquette de coureur. J’ai un staff tip-top cette année. Je ne m’occupe plus que de mes courses en ce moment. Je n’ai plus quinze saisons à faire, alors je prends chaque course en profitant à 100%. Je pense avoir encore un niveau convenable. Je suis sans arrêt en train de rappeler mon âge, et il faut peut-être que j’arrête de penser à ça. Je dois arrêter de regarder l’année de naissance de mes adversaires. Ce matin, je suis retombé sur un article de Vélo Magazine qui parlait de ma victoire en Coupe de France Cadets, en 1998. Les Cadets d’aujourd’hui n’étaient pas nés, et ça met un coup de vieux. Voir Francis Mourey ou John Gadret sur le bord de la route, alors que je courais avec eux… J’ai l’impression d’être le dernier des rescapés. Bon, ça fait bizarre, mais c’est comme ça.