Rik Verbrugghe : « On ne voit pas souvent les coureurs »
La première saison de Rik Verbrugghe en tant que sélectionneur de l'équipe de Belgique est terminée. Le Brabançon a pu découvrir les ficelles de cette nouvelle fonction. "J'ai une meilleure idée du rôle de sélectionneur", précise-t-il à DirectVelo. Rik Verbrugghe tire le bilan de son année ainsi que celle des Espoirs.
DirectVelo : Qu'est-ce que t'a appris cette saison ?
Rik Verbrugghe : Je me suis rendu compte qu'on ne voyait pas souvent les coureurs, sauf chez les Espoirs avec les Coupes des Nations. L'an prochain, pour les pros, nous organiserons des mini-stages et des entrainements pour mieux les connaitre. En petit comité, à quatre ou cinq, dans les Ardennes, ce serait idéal et plus facile pour les attirer car cela ne perturbera pas leur programme d'entrainement.
Vas-tu procéder de la même façon chez les pros que chez les Espoirs, avec un noyau fermé de coureurs ?
J'aimerais bien, mais c'est plus difficile avec les équipes pros où les coureurs sont pris en charge à 100%. En les réunissant plusieurs fois durant l'année, je pourrai construire petit à petit ce noyau dur.
Avec Tokyo, Trente et Martigny, il y aura du relief...
Absolument, les choses sont claires. Les gimpeurs seront à la fête. Trente sera plus facile que Tokyo et Martigny. En revanche, les chronos seront plats. Ce qui facilite bien les choses pour établir des pré-sélections.
PLUS DE TEMPS POUR VOIR LES COURSES
En 2020, tu travailleras à temps plein pour la fédération. Que vas-tu faire ?
Je consacrerai beaucoup de temps pour voir les courses un peu partout, même à l'étranger. Je pourrai voir plus facilement quels coureurs marchent ou pas.
Parlons des Espoirs. Es-tu satisfait de la saison dans son ensemble?
En Coupe des Nations, nous avons toujours été présents. Nous avons vu l'éclosion de plusieurs grimpeurs comme Sylvain Moniquet, Ilan Van Wilder et Mauri Vansevenant. Ils progressent beaucoup et la Belgique s'enrichit de plus en plus dans cette catégorie de grimpeurs.
Pourtant, la Belgique a souvent eu des bons grimpeurs en Espoirs : Louis Vervaeke, Harm Vanhoucke, Laurens De Plus, le regretté Bjorg Lambrecht, ...
Evidemment, mais c'est important pour ces jeunes de prendre la bonne décision, d'avoir des garanties sur le programme car pour eux, le plus dur reste toujours de concrétiser les espoirs portés en eux. Le problème aussi, c'est que les équipes pro utilisent parfois ces jeunes à tort et à travers.
« FAUT-IL PRENDRE LES COUREURS DU WORLDTOUR AU CHAMPIONNAT DU MONDE ESPOIRS ? »
Le Championnat du Monde au Yorkshire a-t-il été une déception ?
J'y ai repensé. On utilise le règlement tel qui l'est et qui autorise à prendre des coureurs du WorldTour. Ce qu'on oublie, c'est qu'ils ont un programme lourd. La fraîcheur est importante pour un Championnat du Monde. Regardez Jasper Philipsen. Il pouvait être le coureur pour devenir Champion du Monde. Mais il n'avait pas les réserves pour l'emporter. Je me demande s'il est pertinent de prendre un coureur du WorldTour au Championnat du Monde. C'est un point de réflexion pour l'hiver. Néanmoins, si je le pouvais, je changerai le règlement en limitant l'accès aux coureurs en Continental Pro.
Donc tu pourrais aller à Martigny sans Mauri Vansevenant et Ilan Van Wilder en 2020 (1) ?
Ce n'est pas pareil, ce sont des éléments très jeunes. Ce n'est pas comme s'ils étaient Espoirs 4. Mais il faudra éviter de leur mettre de la pression parce qu'ils viennent du WorldTour. Et il ne faut pas sous-estimer le niveau de la catégorie qui est très élevé. Combien de coureurs du WorldTour étaient alignés au Yorkshire? Combien vont passer pro l'an prochain? Bien sûr, les coureurs confirmés du WorldTour sont meilleurs qu'eux mais la différence n'est plus énorme.
Continueras-tu de travailler avec un noyau fermé ?
J'aime travailler avec les mêmes coureurs. Il peut toujours y avoir une surprise comme Florian Vermeersch. Invisible en début de saison, il a fait une deuxième partie extraordinaire Ce sont des éléments à prendre en compte mais je n'ai pas travaillé avec lui. Quand on fait un noyau fermé, c'est le risque de rater un coureur ou un autre qui vient d'une autre discipline. Néanmoins, je continuerai de travailler souvent avec les mêmes car c'est comme ça qu'une confiance s'installe pour ensuite progresser.
(1) : Ilan Van Wilder passera pro chez Sunweb dès le début d'année 2020 et Mauri Vansevenant, chez Deceuninck-Quick Step en juillet prochain.