Steve Chainel : « Je me suis fait charrier »

Crédit photo Philippe Pradier

Crédit photo Philippe Pradier

Steve Chainel renoue enfin avec la victoire. Régulier depuis le début de la saison, mais jamais vainqueur, le sociétaire du Team Chazal-Canyon-3G Immo a débloqué son compteur. À l'occasion de la deuxième manche de Coupe de France, disputée sur le circuit d'Andrézieux-Bouthéon (Loire), l'ancien Champion de France a réussi à s'imposer en patron (voir classement). Soulagé, le nouveau leader de la Coupe de France s'est livré à DirectVelo à l'issue de la cérémonie protocolaire.

DirectVelo : Tu viens enfin de mettre au fond !
Steve Chainel : Je suis très content parce que je ne lève pas souvent les bras. Cette saison, j'ai déjà cinq places de 2e. Je me suis fait charrier par les gars de l'équipe, mon entraîneur, mon frère, et par pas mal de monde. Je ne gagne pas souvent, mais quand je le fais, je gagne des belles courses. L'année dernière, je n'avais gagné qu'une fois avec le maillot bleu-blanc-rouge : c'était au Japon. Ça me tenait à cœur de regagner en France. Je tournais autour depuis le début de saison. Je n'avais pas su concrétiser la semaine dernière en Slovaquie, même si je sens que j'ai la condition.

Que représente cette victoire ?
Je suis très content. J'avais dit à ma copine qu'il fallait absolument que je gagne. Le patron de 3G Immo nous a fait la surprise de venir. C'était la première fois qu'il venait. Il n'a pas fait le déplacement pour rien vu que Mickaël Crispin a également gagné. Ça ne nous a pas mis de pression, au contraire. C'est bien de montrer que l'on est là pour faire de la performance. L'équipe, c'est beaucoup d'investissements et elle demande beaucoup d'organisation pour ma famille. Mon frère s'arrache les cheveux pour m'aider. Mon père est retraité et s'occupe du camping-car et fait des déplacements. Notre mécanicien ne prend pas de vacances l'été pour pouvoir être avec nous sur les cyclo-cross. Il y a beaucoup de personnes qui gravitent autour de l'équipe. Tout le monde est content quand ça marche bien. On était tous déçus après la Mézière.

« UNE BELLE JOURNÉE »

Comment as-tu géré ta course ?
J'ai très bien géré la première partie. Au vu de la course de Mickaël Crispin et de celle des Juniors, je savais qu'il fallait être devant. J'ai tout de suite pris un bon départ pour être en tête avant le dévers. J'ai entendu qu'il y avait eu une chute et que Joshua Dubau était tombé. Je ne me suis pas privé d'accélérer. C'est dommage pour lui, mais c'est la course. On s'est retrouvés devant avec David (Menut). Il est revenu sur moi suite à une erreur de ma part. C'était très important de ne pas faire de faute. Je voulais être le plus propre possible. Je prenais beaucoup d'élan pour passer le dévers. Je n'ai fait aucune erreur dedans. J'ai changé de vélo à tous les tours. J'ai donné des consignes à mon staff pour regonfler les roues parce qu'il y avait des cailloux qui commençaient à ressortir. Il ne fallait surtout pas crever. C'était une gestion permanente. Sur ce circuit, on ne pouvait pas beaucoup récupérer. Ça tombait bien parce que je suis un vieux. Je suis donc assez diesel, même si j'essaie de travailler pour ne pas l'être.

Quel bilan tires-tu de cette deuxième manche de Coupe de France d'un point de vue collectif ?
C'est une belle journée. On a deux victoires contre trois podiums à la Mézière. Il vaut mieux deux victoires que trois podiums sans gagne. L'exigence du patron fait que j'aurais aimé avoir une très belle surprise avec Lilian (Schneider), mais il a crevé. Je pense qu'il peut réussir à décrocher un Top 5. Peu de personnes ne misaient sur lui avant le début de la saison. Je pense que Yan (Gras) est très déçu de sa course. Pour moi, sa place est sur le podium. Amandine (Fouquenet) est encore très jeune. Elle doit être déçue aussi, mais je ne me fais aucun souci pour elle.

« CONFIRMER À BAGNOLES-DE-L'ORNE »

Comment vois-tu la prochaine manche de Coupe de France ?
Pour Mickäel (Crispin) et moi, l'objectif sera de confirmer à Bagnoles-de-l'Orne pour que l'on gagne le classement général de la Coupe de France. Mais il faut être honnête : la seule course que l'on retiendra sera le Championnat de France à Flamanville. Même s'il y aura Antoine Benoist chez les Espoirs, Mickaël (Crispin) est capable d'aller chercher le titre dans un grand jour. Pour ma part, c'est certain que je sais comment on gagne. Il faudra rééditer ce que j'ai réussi à faire en 2018. Je pense qu'Amandine (Fouquenet) sait également comment on gagne. Je suis en train de travailler pour construire les saisons 2020 et 2021. Ce n'est pas facile parce que les budgets sont distribués de plus en plus tôt. Il faut jongler entre les enfants, les sponsors et l'entraînement. Ce n'est pas évident, mais c'est comme ça que j'ai mon équilibre de vie. Ça s'est vu aujourd'hui.

Te sens-tu obligé de gagner lors des manches de Coupe de France ?
Actuellement, quand j'arrive sur les manches de Coupe de France, je ne peux pas me dire qu'un Top 5 me convient. Francis Mourey qui nous a barré la route pendant des années n'est plus là. Tant mieux pour nous, il y a un renouveau. Je pense que les jeunes n'ont qu'une envie, c'est de mettre Chainel dehors. C'est légitime. Je pense qu'un garçon comme Joshua Dubau est l'avenir du cross et qu'Arnaud Jouffroy va revenir dans le match. Il y a beaucoup de coureurs qui sont capables de jouer les premiers rôles. Ça me donne envie de m'entraîner pour ne pas qu'ils me mettent dehors (rire). Ça fait depuis 1999 que je suis en Équipe de France. Tout le monde me connaît. Le jour où je vais me battre juste pour un Top 10, avec tout le respect que j'ai pour les gens qui le font, en tant qu'ancien Champion de France et 4e d'un Mondial, je pense arrêter.

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