Marion Norbert-Riberolle : « J'étais prête pour ça »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Marion Norbert-Riberolle l’a fait sur le circuit de Dübendorf. Trois semaines après son titre de Championne de France, la sociétaire d’Experza a décroché l’arc-en-ciel au Championnat du Monde Espoirs Femmes (voir classement). “Je risque de ne pas beaucoup dormir cette nuit", lâchait-elle auprès de DirectVelo à l’issue de la conférence de presse. Ivre de bonheur après la plus belle victoire de sa carrière, elle a confié sa joie.

DirectVelo : Qu’est-ce que ça fait d’être Championne du Monde ?
Marion Norbert-Riberolle : Je ne sais pas trop encore ce que ça fait. Je ne réalise pas. Au début de la saison, ça n’allait pas comme je voulais. Dès que j’ai commencé à travailler mentalement et à me fixer des objectifs, ça allait mieux. Avant ce Championnat du Monde, tout le monde me disait de rester calme. Je n’étais pas trop stressée. Pendant les premières minutes, j’ai eu très mal au ventre, puis ça a été mieux. Il faut que je me dise des phrases dans ma tête pour calmer mon stress. L’Équipe de France m’a donné la chance d’avoir mon propre staff. Je suis très contente au vu des péripéties qu’il y avait eu l’année passée. Si je me sens bien et que je garde mes habitudes, je sais que ça va bien. Je n’ai rien changé aujourd’hui. Il y avait simplement des personnes en plus comme Emmanuel Brunet et François Trarieux. Ils donnaient les informations que je voulais. Je n’ai jamais été aussi concentrée en cyclo-cross de toute ma vie.

« jE SAVAIS QUE ÇA SERAIT UNE BONNE JOURNÉE »

Tu as rapidement pris les devants !
Je voulais passer devant Manon Bakker, je l’ai fait et l’écart s’est créé. Au premier tour, au bout du circuit, je suis passée devant François Trarieux. J’étais seule devant et je lui ai demandé si je devais attendre ou rouler. Il m’a dit qu’il fallait y aller parce que j’avais déjà 16” d’avance. Ensuite, l’écart est passé à 20”, puis 30”.

Tu n’as donc pas hésité à partir seule ?
Tout le monde m’avait dit de ne pas partir trop vite pour ne pas me fatiguer, mais je savais que j’étais prête pour ça. Je sais que la surcompensation marche pour moi. Je me suis reposée cette semaine après Hoogerheide. Avec l’entraînement, j’étais un peu fatigué le week-end dernier. C’était de la préparation, mais beaucoup de gens étaient inquiets parce que je n’étais pas devant. Je n’étais pas inquiète parce que l’année passée, j’avais eu mes meilleures jambes au mondial après avoir été collée à Hoogerheide. Hier, pendant la sortie derrière moto, j’ai battu mon record de watts au sprint. Je savais que ça serait une bonne journée.

« JE N'AI JAMAIS VU ÇA AVANT »

Puis, tu as pu savourer dans le dernier tour !
L’ambiance, c’était un truc de malade, un truc de fou. Je n’ai jamais vu ça avant. Tout le long du circuit, j’entendais mon nom. J’étais hyper concentrée. Je regardais bien droit devant, je respirais correctement, et dans le dernier tour, Rick m’a dit de ne pas être aussi concentrée et de savourer. Moi, j’étais encore dans mon délire. Quand je suis passée au box, je me suis dit que j’étais Championne du Monde. J’ai voulu faire une roue arrière sur la passerelle pour faire le show. C’est ma vision du vélo : prendre du plaisir. Le circuit était nul, mais les conditions l’ont rendu super bien. Quand on est crossman, il faut s’adapter à tous les terrains. J’ai dit à François Trarieux que je voulais qu’il pleuve. J’étais super contente. Quand il pleut, 50% des filles n’ont pas envie de partir. Moi, je suis contente. C’était les conditions parfaites. Je n’ai jamais été autant poussée.

Tu as pu partager ta joie avec tes proches...
Il y a beaucoup de coureurs solitaires, mais je pense que si je n’avais pas mes proches au quotidien, ça ne serait pas pareil. Il y a beaucoup de gens qui m’aident. C’est une victoire familiale avec mon entourage. Je suis contente que François Trarieux m’ait laissé de la liberté. Je voulais absolument que ça soit mon beau-père au box. Ma mère était assistante. C’était parfait. Je ne peux rien demander de plus.

« C'EST DÉJÀ SÛR DANS MA TÊTE »

Et l’an prochain, tu vas avoir la chance de porter ce maillot !
J’aimerais bien participer au Championnat du Monde Élites l’année prochaine. C’est déjà sûr dans ma tête. Je ne vais pas courir avec les Espoirs. En plus, ça sera à Ostende, à quarante minutes de la maison. J’aurai beaucoup de supporters. Je ne vais pas passer tout de suite avec les Élites, ça serait bête de ne pas porter le maillot. Je suis contente du programme de Coupe du Monde : il y en a beaucoup en Belgique. Par contre, je n’irai pas aux USA. Je vais porter le maillot sur les podiums Espoirs en Coupe du Monde, aux reconnaissances, à l’entraînement. C’est fou !

Vas-tu disputer la saison sur route ?
Ma seule motivation de faire la saison sur route, c’est de préparer la saison de cyclo-cross. Je prends du plaisir sur les courses en Belgique, sur des courses où il pleut, sur les pavés. J’aime le Het Nieuwsblad. Mais cette année, je vais couper et partir en vacances avec ma famille. Je vais profiter des derniers cyclo-cross. En Belgique, c’est un peu une famille : tout le monde est dégouté quand le dernier cross est fini, mais ça fait du bien aussi. Je vais rester en Belgique pour la route avec l’équipe.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Marion NORBERT RIBEROLLE